Doctolib ouvert aux praticiens alternatifs : la plateforme accusée de promouvoir des "charlatans"
information fournie par Boursorama avec Media Services 22/08/2022 à 14:50

( AFP / OLIVIER MORIN )

"97% des praticiens utilisateurs de Doctolib sont référencés auprès du Ministère de la Santé. 3% de nos utilisateurs exercent une activité dans le domaine du bien-être ou du médico-social", a répondu Doctolib, face à la polémique, dans une série de tweets samedi 21 août.

Doctolib promeut-il les praticiens dits "alternatifs" ? La plateforme s'est justifiée après une polémique sur les réseaux sociaux. Des internautes ont en effet pointé le fait qu'il est possible de prendre rendez-vous via la plateforme avec des naturopathes, des sophrologues, ou encore des homéopathes. Tristan Mendès-France, maître de conférences à l'Université de Paris, en a même trouvé un qui propose l'urinothérapie et la coprothérapie.

"97% des praticiens utilisateurs de Doctolib sont référencés auprès du Ministère de la Santé. 3% de nos utilisateurs exercent une activité dans le domaine du bien-être ou du médico-social. Leur activité est légale mais ils ne sont bien sûr pas des professionnels de santé. Les rendez-vous avec ces praticiens représentent 0,3 % de la totalité des rendez-vous pris sur Doctolib", s'est défendu Doctolib dans une série de tweets samedi 21 août.

Puis d'ajouter : "L’information sur le profil de ces praticiens est claire : il est mentionné plusieurs fois 'Ce praticien exerce une profession non réglementée' puis 'Leur diplôme n’est pas reconnu par l’Etat'". Enfin, "à propos des signalements de praticiens dont les agissements seraient dangereux ou condamnables par la loi, nous prenons très au sérieux le sujet et allons vérifier dans la mesure du possible chaque élément remonté par les internautes sur Twitter", a en outre expliqué Doctolib.

Un "risque de dérive" ?

Pas suffisant pour Tristan Mendès-France. Selon lui, depuis la crise sanitaire et le rôle endossé par Doctolib durant la campagne vaccinale, la plateforme "a un vernis institutionnel", "une responsabilité supplémentaire." "Pour moi, la présence de naturopathes ou autres ne pose aucun souci. Le problème, c’est le risque de dérive. Que certains utilisent l’aura du site pour se crédibiliser auprès du grand public. En ouvrant son espace balisé, Doctolib prend le risque de donner des opportunités à des charlatans", a déploré le maître de conférences à l'Université de Paris auprès du Parisien.

Selon le docteur Franck Clarot, radiologue et cofondateur du collectif Du côté de la science, "le problème de Doctolib, c’est son positionnement. S’il met au même plan des professions réglementées et d’autres totalement floues, alors ce n’est plus une plateforme de santé mais de services. Pourquoi pas… Mais dans ce cas, son nom, Docto-lib, induit en erreur. Il faudrait créer la branche Parallèle-lib", a-t-il lancé, toujours auprès du Parisien.

De son côté, le coprésident du syndicat des naturopathes, Cosimo Diciolla, a reconnu que "des centres de formation font n’importe quoi" et que "certains se disent naturopathes après avoir suivi un cours à 90 euros". "Mais beaucoup font leur métier très sérieusement et répondent à un véritable besoin de la population. Au nom de quoi on leur interdirait l’accès à Doctolib ? De quoi ont peur les médecins ? Ne travaillent-ils pas assez ? J’ai 70 ans et je vis ce type d’attaque depuis quarante ans. Etre dans le collimateur, on a l’habitude", a-t-il déploré.