Des explosions signalées après l'accord de trêve entre l'Inde et le Pakistan
information fournie par Reuters 10/05/2025 à 21:31

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L'Inde et le Pakistan conviennent d'un cessez-le-feu immédiat

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Des violations de la trêve signalées au Cachemire indien

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Trump annonce une avancée décisive après quatre jours de combats

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Des responsables militaires vont s'entretenir de nouveau le 12 mai

(Actualisé avec précisions et contexte)

L'Inde et le Pakistan, deux pays voisins dotés de l'arme atomique, sont convenus samedi d'un cessez-le-feu après des pressions et des initiatives diplomatiques américaines, mais quelques heures après l'annonce de la trêve, des explosions ont été signalées dans les principales villes du Cachemire indien, théâtre de quatre jours de combats.

Des explosions ont notamment été entendues à Srinagar et à Jammu, tandis que le ciel nocturne à Jammu a été illuminé d'éclairs et de projectiles rappelant les combats de la veille, ont rapporté les autorités, les habitants et les journalistes de Reuters.

Le ministre indien des Affaires étrangères, Vikram Misri, a accusé le Pakistan d'avoir violé l'accord conclu entre les deux pays plus tôt dans la journée.

"Nous appelons le Pakistan à prendre les mesures appropriées pour remédier à ces violations et à gérer la situation avec sérieux et responsabilité", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

"Jusqu'ici, il n'y a eu aucune violation du cessez-le-feu", a déclaré pour sa part le ministre pakistanais de l'Information, Attaullah Tarar, à la chaîne Geo News.

Le porte-parole de l'armée pakistanaise n'a pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires.

Les quatre jours de combats entre l'Inde et le Pakistan, qui ont débuté mercredi, ont été les pires entre les deux pays voisins d'Asie du Sud depuis près de 30 ans et ont menacé de dégénérer en une guerre à grande échelle dans l'une des régions les plus instables et les plus densément peuplées du monde.

Un possible usage de l'arme atomique a même donné brièvement lieu à des inquiétudes, l'armée pakistanaise ayant annoncé que l'Autorité de commandement nationale, la plus haute instance de supervision de l'arsenal nucléaire du pays, devait se réunir.

Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a cependant déclaré qu'aucune réunion de ce type n'était prévue, quelques heures après une nuit de violents combats au cours desquels les deux pays ont ciblé leurs bases militaires respectives avec notamment un bilan combiné de 66 morts civils.

DIPLOMATIE AMÉRICAINE

"Après une longue nuit de pourparlers sous la médiation des Etats-Unis, je suis heureux d'annoncer que l'Inde et le Pakistan sont convenus d'un cessez-le-feu COMPLET ET IMMÉDIAT. Félicitations aux deux pays pour avoir fait preuve de bon sens et de grande intelligence", avait écrit plus tôt Donald Trump sur son réseau Truth social.

Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Ishaq Dar, a confirmé cette information en déclarant que les deux pays étaient convenus d'un cessez-le-feu "avec effet immédiat", tandis que le ministère indien des Affaires étrangères a indiqué que les combats cesseraient à 17 heures, heure indienne (11h30 GMT), sans utiliser le mot "cessez-le-feu".

"Le Pakistan et l'Inde sont convenus d'un cessez-le-feu avec effet immédiat", a écrit le ministre pakistanais des Affaires étrangères sur le réseau social X. "Le Pakistan a toujours œuvré pour la paix et la sécurité dans la région, sans compromettre sa souveraineté ni son intégrité territoriale !", a-t-il ajouté.

Ishaq Dar a souligné auprès de la chaîne de télévision Geo News que les canaux et les lignes directes militaires entre l'Inde et le Pakistan avaient été activés et qu'une trentaine de pays avaient activement contribué à faciliter cet accord.

Le secrétaire indien aux Affaires étrangères Vikram Misri, le plus haut diplomate du pays, a déclaré que les deux chefs militaires s'entretiendraient à nouveau le 12 mai.

DES MESURES TOUJOURS EN PLACE

L'Inde a lancé mercredi des frappes contre ce qu'elle a qualifié d'"infrastructure terroriste" au Cachemire pakistanais et au Pakistan, deux semaines après que 26 personnes ont été tuées dans une attaque contre des touristes hindous au Cachemire indien.

Le Pakistan a démenti les accusations de l'Inde selon lesquelles il était impliqué dans cette attaque, qui a donné par la suite lieu à des frappes transfrontalières, des bombardements et des tirs de drones et de missiles dans les jours qui ont suivi.

Malgré la trêve, deux sources au sein du gouvernement indien ont déclaré à Reuters que les mesures de représailles annoncées par l'Inde et la riposte du Pakistan avec notamment la suspension des échanges commerciaux et l'annulation des visas, resteraient en vigueur pour le moment.

Des sources ont en outre rapporté que la suspension récente par l'Inde du "Traité sur les eaux de l'Indus", qui a été conclu en 1960, ne serait pas levée.

Sollicité, le ministère indien des Affaires étrangères n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Des entretiens entre le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, le vice-président américain, JD Vance, le Premier ministre indien, Narendra Modi, le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, le chef de l'armée pakistanaise, Asim Munir, ont eu lieu au cours des 48 heures, selon Washington.

Dans un message publié sur le réseau X, Marco Rubio a félicité Narendra Modi et Shehbaz Sharif pour cet accord, qui, selon lui, comprend non seulement un cessez-le-feu immédiat, mais aussi le début de pourparlers sur "un large éventail de sujets sur un site neutre".

La nouvelle d'un cessez-le-feu a été accueillie avec soulagement des deux côtés de la frontière et l'autorité aéroportuaire pakistanaise a déclaré que son espace aérien avait été entièrement rouvert.

Omar Abdullah, le ministre en chef du Cachemire indien, a salué l'annonce de la trêve mais a regretté sa mise en oeuvre tardive : "Si elle avait eu lieu il y a 2 ou 3 jours, les vies que nous avons perdues n'auraient pas été perdues", a-t-il dit.

Des images diffusées par les chaînes d'information pakistanaises ont montré des chars revenant de la frontière.

(Gibran Peshimam à Islamabad, Ariba Shahid à Karachi, Asif Shahzad à Mouzaffarabad, Shivam Patel à New Delhi, Aftab Ahmed à Jammu et Fayaz Bukhari à Srinagar; version française Camille Raynaud, Elizabeth Pineau et Claude Chendjou)