Classe, race et genre à l'université: notre enquête

information fournie par Le Point 05/02/2020 à 15:31

« Tout ce qu'on demande, c'est l'annulation. Sans négociation possible. [?] Je n'ai pas envie de me prendre la tête à me justifier. » Ce soir de mars 2019, des étudiants sont bien décidés à empêcher la tenue d'une pièce de théâtre au sein de la prestigieuse Sorbonne, au c?ur de Paris. Le metteur en scène, Philippe Brunet, tente d'amorcer un dialogue. Sur scène, ses comédiens sont grimés en noir. Un « blackface » inacceptable pour ces étudiants regroupés devant les portes de la fac, qui dénoncent une pratique raciste. Ce soir-là, Philippe Brunet sera contraint d'annuler la représentation des Suppliantes d'Eschyle.Lire aussi Eschyle censuré à la Sorbonne !La scène n'est pas isolée. Depuis quelques mois, dans les universités françaises, boycotts, interdictions de conférences, perturbations de débats se multiplient au nom de la lutte contre les discriminations. Ces fervents réfractaires font émerger des concepts nouveaux : « blanchité hégémonique », « intersectionnalité », « racisme systémique », « dominants et racisés », etc. Un nouvel antiracisme qui s'oppose à celui des années SOS Racisme ou Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), aujourd'hui qualifié de « ringard ».Le temps d'un semestre, nous avons infiltré une formation en sciences sociales à la Sorbonne, pour tenter de comprendre cette mutation et découvrir ce qui nourrit les prises de position extrêmes...