Cassie doit continuer son témoignage accablant au procès de P. Diddy
information fournie par AFP 14/05/2025 à 15:46

Le rappeur et producteur P. Diddy et la chanteuse de R&B Cassie assistent à la première d'un film, à Los Angeles, le 7 mars 2016 ( AFP / Chris Delmas )

La chanteuse Cassie doit poursuivre mercredi son témoignage-choc au procès de la star du hip-hop P. Diddy après avoir raconté la veille son "humiliation" sous l'emprise d'un homme l'ayant forcé selon elle à des pratiques sexuelles qui la "dégoûtaient".

La chanteuse américaine de R&B est la pièce centrale de l'accusation au procès ultra médiatisé du rappeur et producteur de 55 ans, tombé de son piédestal depuis que les accusations de violences sexuelles se sont multipliées contre lui en 2023.

Mardi, Cassie a raconté au tribunal de Manhattan son calvaire, malgré une grossesse proche du terme qui l'a obligée à faire des pauses dans son récit.

Peu après le début de sa relation avec le rappeur, avec lequel elle est restée dix ans, Cassie dit avoir été contrainte de participer à des "freak-offs": de longs marathons sexuels que P. Diddy dirigeait, dont elle était le centre de l'attention mais aussi, assure-t-elle, l'objet.

P. Diddy la forçait aussi à avoir des relations sexuelles avec des travailleurs du sexe pendant qu'il regardait et se masturbait, a-t-elle témoigné mardi.

- "C'était dégoûtant" -

Si elle ne répondait pas à ses ordres, il envoyait sa garde rapprochée la chercher. Si elle ne se pliait pas à ses désirs, il la frappait. Les hommes étaient payés en cash, plusieurs milliers de dollars, ce qu'a confirmé l'un d'eux lundi à la barre.

"C'était dégoûtant, c'était trop, j'étais accablée", a-t-elle dit aux jurés, à propos de ces actes sexuels scénarisés et dirigés par son compagnon de l'époque dans des chambres d'hôtel.

"J'étais humiliée (...). Je ne pouvais en parler à personne (...). J'avais l'impression de n'être bonne qu'à ça pour lui", a-t-elle raconté mardi, la voix brisée par les larmes.

De son vrai nom Sean Combs, P. Diddy est accusé d'avoir profité de sa notoriété et de ses moyens financiers pour forcer des femmes à participer à ces longues séances sexuelles avec des hommes prostitués, qu'il regardait, filmait, et dont il menaçait de diffuser les vidéos si les victimes parlaient.

L'une des premières à sortir du silence avait justement été Casandra "Cassie" Ventura, chanteuse R&B signée par le label de Diddy, Bad Boy Records.

La chanteuse avait rencontré P. Diddy quand elle avait 19 ans, lui était déjà au faîte de sa gloire. "J'étais simplement amoureuse, je voulais le rendre heureux", décrit-elle pour parler du début de leur relation.

Lundi, les jurés ont revu plusieurs fois une vidéo révélée par CNN en 2024, des images de vidéo-surveillance de 2016 dans un hôtel de Los Angeles, où l'on voit Sean Combs se déchaîner violemment contre elle, lui donnant coups de pieds et la traînant par terre.

Or ces épisodes de violence se répétaient "trop de fois pour pouvoir les compter", a déclaré mardi aux jurés Cassie, en évoquant des "lèvres gonflées" et des "ecchymoses sur tout le corps".

D'autres femmes sont attendues pour témoigner à ce procès qui secoue l'industrie musicale américaine et au terme duquel P. Diddy, figure incontournable du hip-hop des trois dernières décennies, pourrait être condamné à la prison à vie.

A l'exception de la vedette déchue du R&B R. Kelly, condamné à 30 ans de prison pour crimes sexuels en 2022, l'industrie musicale avait échappé à la vague #MeToo, contrairement à l'univers d'Hollywood.