Cannes: idylle queer et tourments familiaux en compétition information fournie par AFP 21/05/2025 à 14:17
Au lendemain du film choc du dissident iranien Jafar Panahi, le Festival de Cannes accueille mercredi les stars montantes Paul Mescal et Josh O'Connor, réunies dans une romance gay, et fait entendre la voix du fondateur de Wikileaks Julian Assange.
En lice pour la Palme d'or, "The History of Sound", du Sud-Africain Oliver Hermanus, 41 ans, raconte l'idylle entre deux jeunes hommes dans l'Amérique rurale alors qu'éclate la Première Guerre mondiale en Europe.
Après "Gladiator 2", l'Irlandais Paul Mescal, 29 ans, change radicalement de registre et partage l'affiche avec le Britannique Josh O'Connor, 35 ans, qui incarnait le prince Charles dans la série à succès "The Crown" et figure au générique d'un autre film en compétition à Cannes, "The Mastermind" de l'Américaine Kelly Reichardt.
Entrée dans sa dernière ligne droite, la course à la Palme d'or accueille mercredi deux autres films explorant de douloureuses histoires familiales.
Avec "Romeria", l'Espagnole Carla Simon suit une jeune Catalane partant en voyage en Galice sur la trace de ses parents toxicomanes morts du sida, en écho à sa propre histoire. La réalisatrice de 38 ans a été récompensée par l'Ours d'or à Berlin en 2022 pour "Nos soleils".
Tête de pont du cinéma norvégien, Joachim Trier, 51 ans, présente lui son troisième film en compétition, "Sentimental Value", avec l'Américaine Elle Fanning et son actrice fétiche, sa compatriote Renate Reinsve.
- "Monde nouveau" -
Sur un versant plus politique, Cannes a de nouveau fait entendre la voix de l'Iranien Jafar Panahi qui a marqué des points dans la course à la Palme d'or avec "Un simple accident", nouvelle charge contre la République islamique.
Incarcéré à deux reprises en Iran et frappé d'une interdiction de filmer, le réalisateur a expliqué lors d'une conférence de presse avoir nourri son film de récits de prisonniers politiques.
"Comment peut-on mettre un artiste en prison et ne pas comprendre ce que cela signifie ?", s'est-il interrogé en farsi, selon la transcription simultanée réalisée par le festival. "Quand on le met en prison, on lui tend une perche, on lui donne une matière, des idées, on lui ouvre un monde nouveau."
"+Un simple accident+, ce n'est pas nous qui l'avons fait, c'est la République islamique", a poursuivi le cinéaste de 64 ans.
"Lorsque la République islamique emprisonne un artiste, elle doit en assumer les conséquences. Avec les possibilités technologiques qui existent aujourd'hui, aucun pouvoir ne peut empêcher un artiste de travailler", a-t-il ajouté, soulignant que son co-scénariste Mehdi Mahmoudian, actuellement détenu, ressortirait "de prison avec des dizaines d'idées de scénarios".
"Je suis vivant tant que je fais des films. Si je ne fais pas de films, alors ce qui m'arrive n'a plus d'importance", avait déclaré mardi à l'AFP Jafar Panahi, présent lors d'un grand festival international de cinéma pour la première fois en 15 ans.
- Documentaire sur Assange -
Invité surprise du festival, Julian Assange, 53 ans, est lui à Cannes pour accompagner un documentaire qui lui est consacré, "The six billion dollar man".
Le film retrace la vie du célèbre activiste australien, dont le gouvernement américain souhaitait l'extradition depuis la Grande-Bretagne. Assange a y passé deux ans en liberté surveillée, cinq derrière les barreaux et sept autres reclus dans l'ambassade d'Équateur à Londres, avant d'être libéré en juin 2024.
"Julian Assange s'est sacrifié au nom du droit d'informer le public sur ce que les entreprises et les gouvernements font en secret", a déclaré le documentariste américain Eugene Jarecki à l'AFP.
L'intéressé, libéré après avoir plaidé coupable d'obtention et de divulgation d'informations sur la défense nationale, a choisi de ne pas s'exprimer publiquement à Cannes. "Il parlera quand il se sentira prêt", a commenté son épouse Stella Assange.