Bolivie, l'effondrement du mythe EvoMorales

information fournie par Le Point 20/11/2019 à 06:55

En ce froid matin gris, à l'Académie de police, des hommes en uniforme veillent l'un des leurs. Entre les bouquets de fleurs, devant un portrait de Simon Bolivar, sur fond de « Knockin' on Heaven's Door » des Guns N' Roses, repose un cercueil sur lequel une épouse affalée sanglote. Le commandant Alarcon avait 45 ans, il montait en sens inverse avec son escadron à moto vers El Alto pour éviter les bâtons de dynamite lancés par des manifestants quand il a percuté une voiture. « Chez les soutiens d'Evo, on ne peut plus parler d'idéologie, mais de fanatisme, soupire le lieutenant-colonel Fernando Rojas. Ils sont incapables d'accepter que leur leader ait triché. Moi, j'ai cru en lui. Je pensais qu'il allait faire l'inverse des autres hommes politiques, mais il a perdu tous ses principes, il a corrompu les institutions, fricoté avec le narcotrafic, palpé des millions? »Ce discours existe, mais il est étouffé par le mythe d'Evo, à commencer par le décollage économique. Les chiffres sont là, la croissance bolivienne est bien l'une des plus fortes de la région (+ 4,2 % en 2018, selon la Banque mondiale). En 2006, il a nationalisé les hydrocarbures, dont les recettes publiques sont passées de 673 millions de dollars à 2,28 milliards de dollars en 2018. Il a étendu le contrôle de l'État et, avec les revenus, a augmenté le salaire minimum plusieurs fois, investi dans les programmes sociaux et les infrastructures. Le pays reste l'un des plus...