Aviation : le marché du kérosène synthétique est "prêt"... mais ne décolle pas information fournie par Boursorama avec Media Services 09/06/2022 à 14:02
L'Union européenne doit être "plus ambitieuse" sur le sujet, plaide un responsable d'une ONG spécialisée.
Les pouvoirs publics européens devraient être plus ambitieux en terme de production de carburants d'aviation synthétiques, important levier pour décarboner le transport aérien, a affirmé une ONG spécialisée, jeudi 9 juin.
Reconstitués à partir d'hydrogène d'origine non fossile et de CO2, les carburants aériens de synthèse (e-fuels) restent aujourd'hui extrêmement coûteux, dix fois plus que le kérosène produit à partir d'hydrocarbures. D'autres carburants d'aviation durable ("sustainable aviation fuels", SAF), produits à base de biomasse, valent actuellement quatre fois le prix du kérosène classique.
Mais l'ONG Transport & Environment constate que de nombreuses entreprises ont lancé des chantiers de production d'e-fuel, qui pourraient représenter 1,83 million de tonnes à l'horizon 2030, "soit 3,65% de la demande de carburant (d'aviation) en Europe" à cette échéance. Pour T&E, "le marché du kérosène synthétique est prêt (...) pour une utilisation à plus grande échelle", mais l'ONG regrette que "les décideurs politiques n'incitent pas suffisamment à en développer la production".
Alternative aux biocarburants pas si verts
Si la Commission européenne a prévu des obligations graduelles d'incorporation des SAF de tous types dans le kérosène d'aviation, allant de 2% en 2025 à 63% en 2050, elle est bien moins ambitieuse concernant la proportion de kérosène synthétique: 0,7% en 2030. T&E affirme que 0,1% en 2025 et 2% en 2030 sont possibles.
"Plutôt que de recourir à des biocarburants dérivés de matières premières agricoles non durables", entrant en concurrence avec des surfaces dévolues à l'alimentation, "l'UE doit être plus ambitieuse sur le kérosène synthétique", a plaidé Matteo Mirolo, responsable du secteur aérien chez T&E, cité dans le communiqué. Le secteur aérien, qui représente entre 2,5% et 3% des émissions de CO2 dans le monde, vise à l'unisson des gouvernements européens "zéro émission nette" à l'horizon 2050, misant pour ce faire avant tout sur les SAF, mais aussi sur l'amélioration opérationnelle en vol comme au sol, ainsi que sur des avions électriques, hybrides ou encore à l'hydrogène, un des grands chantiers de l'avionneur européen Airbus .