Au moins 80 morts dans des raids israéliens à Gaza, selon les secours
information fournie par AFP 14/05/2025 à 18:06

Une Palestinienne pleure devant le corps d'un proche tué dans les frappes israéliennes à Jabalia, le 14 mai 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )

La Défense civile palestinienne a fait état mercredi d'au moins 80 Palestiniens tués dans des frappes israéliennes à Gaza, la diplomatie américaine annonçant pour sa part des avancées dans les efforts de médiation en cours, en marge d'une tournée régionale de Donald Trump.

En visite à Doha, le président américain s'est entretenu de la bande de Gaza avec l'émir qatari, a indiqué son envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff. "Je pense que cela va mener à de bonnes choses (...) nous avançons et avons un bon plan ensemble", a-t-il affirmé aux journalistes, sans plus de détails.

Le Hamas a de son côté appelé le président américain à "poursuivre ses efforts pour mettre fin à la guerre", déclenchée dans la bande de Gaza par l'attaque sans précédent de ce mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.

Une délégation israélienne est arrivée mardi au Qatar - médiateur avec l'Egypte et les Etats-Unis - pour des négociations sur les otages du 7-Octobre toujours captifs à Gaza, et M. Witkoff s'est aussi entretenu dans la matinée avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Sur le terrain, l'armée israélienne a appelé mercredi à évacuer une partie d'un quartier de Gaza-ville (nord), annonçant une attaque "de forte intensité".

Des Palestiniens inspectent le site d'une frappe israélienne à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 14 mai 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )

Selon un bilan publié auparavant par la Défense civile palestinienne, les raids israéliens ont tué au moins 80 personnes depuis le début de la journée.

Parmi ces victimes, 59 sont mortes dans des bombardements dans le nord du territoire palestinien, notamment dans le camp de Jabalia, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Défense civile, Mohammed al-Moughayir.

- "Les corps dans les couloirs" -

Des images de l'AFP à Jabalia montrent des femmes en pleurs se recueillant autour de linceuls blancs tachés de sang.

"C'est un bébé de neuf mois. Qu'est-ce qu'il a fait de mal?", hurle l'une d'elles.

Des enfants dans les décombres laissés par une frappe israélienne à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 14 mai 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )

"Ceux qui ne meurent pas à cause d'un missile meurent de faim, et ceux qui ne meurent pas de faim meurent du manque de médicaments", se lamente un autre Palestinien, Hassan Moqbel, qui a perdu des proches dans le bombardement.

"Il n'y a pas assez de lits, pas de médicaments et aucun moyen de traitement chirurgical ou médical", a témoigné pour l'AFP Mohammad Awad, urgentiste à l'hôpital indonésien près de Jabalia. "De nombreux blessés meurent faute de soins", a-t-il dit, décrivant des corps "gisant par terre, dans les couloirs de l'hôpital".

Mardi soir, l'armée avait déjà appelé à l'évacuation immédiate de plusieurs zones du nord du territoire, après des tirs de roquettes depuis ce secteur, revendiqués par le Jihad islamique, allié du Hamas, et pour la plupart interceptés.

Un garçon se tient près d'un bus renversé et d'un cratère après une une frappe israélienne à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 mai 2025 ( AFP / Eyad BABA )

"Dans les prochains jours, nous entrerons avec toute notre force pour achever l'opération et vaincre le Hamas", a déclaré Benjamin Netanyahu lundi.

Il a ajouté que ses services s'employaient à trouver des pays prêts à accepter des habitants de Gaza, après un plan annoncé par son gouvernement pour la "conquête" du territoire palestinien.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, l'a accusé mercredi de poursuivre la guerre "pour des raisons personnelles", et appelé à un "cessez-le-feu à tout prix" à Gaza.

- "Eradication des Palestiniens" -

Des proches d'otages israéliens retenus à Gaza, rassemblés à Tel-Aviv, appellent les Etats-Unis à intervenir pour obtenir leur libération, le 13 mai 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

Le 18 mars, l'armée israélienne a rompu une trêve de deux mois et repris son offensive à Gaza, où elle s'est emparée de vastes secteurs.

Les forces israéliennes bloquent aussi depuis le 2 mars toute entrée d'aide humanitaire dans le territoire palestinien, dont les 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine, privés de médicaments et de carburant.

La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a dénoncé mercredi une situation humanitaire "injustifiable", après que le président français, Emmanuel Macron, a qualifié l'action du gouvernement Netanyahu de "honte".

Le dirigeant israélien l'a accusé en retour de se ranger du côté d'une "organisation terroriste".

Pour l'ONG Médecins sans frontières, Israël est en train de créer des conditions pour une "éradication des Palestiniens à Gaza".

L'attaque du 7-Octobre lancée de la bande de Gaza, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Des Palestiniens font la queue pour obtenir un repas chaud lors d'une distribution assurée par une cuisine soldiaire au camp de réfugiés de Nousseriat, dans le centre de la bande de Gaza, le 5 mai 2025 ( AFP / Eyad BABA )

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 57 restent retenues à Gaza, - dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne - après la libération lundi de l'Israélo-Américain Edan Alexander.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 52.928 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.