Alger nie toute escalade avec Paris après le renvoi d'un influenceur
information fournie par Reuters 11/01/2025 à 19:31

(Bien lire "répliquer" à l'avant-dernier paragraphe)

L'Algérie s'est défendue samedi de toute "logique d'escalade" avec la France après le renvoi vers l'Hexagone d'un influenceur algérien accusé de propos haineux, alors que Paris menace de répliquer avec "tout un arsenal diplomatique".

Alger a refusé jeudi soir d'accueillir sur son sol l'influenceur algérien "Doualemn", accusé de propos haineux sur les réseaux sociaux et expulsé par la France après son interpellation à Montpellier.

"L'Algérie cherche à humilier la France", a réagi le lendemain le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau.

"La France ne peut pas supporter cette situation", a-t-il ajouté lors d'un déplacement à Nantes. "Je pense qu'en gardant notre sang-froid mais notre détermination à défendre nos intérêts, on doit désormais évaluer tous les moyens qui sont à notre disposition vis-à-vis de l'Algérie", a-t-il dit.

Dans un communiqué posté sur X, le ministère algérien des Affaires étrangères a répondu samedi que "contrairement à que prétendent l'extrême droite française, ses porte-voix et ses relais, l'Algérie n'est, d'aucune façon, engagée dans une logique d'escalade, de surenchère, ou d'humiliation".

"L'extrême droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français, mènent actuellement une campagne de désinformation, voire de mystification, contre l'Algérie", a-t-il ajouté.

Le ministère a estimé que l'expulsion de l'influenceur Doualemn était "arbitraire et abusive" et que son renvoi vers Paris était "animé par le souci de lui permettre de répondre aux accusations portées contre lui" et de "faire valoir ses droits".

Plusieurs influenceurs algériens ou binationaux sont visés par des procédures judiciaires en France depuis début janvier pour des propos diffusés en ligne appelant à la violence.

Ces "affaires" alimentent encore les tensions déjà très vives entre Paris et Alger depuis qu'Emmanuel Macron a déclaré, en juillet, dans un courrier adressé au roi du Maroc Mohamed VI, que "le présent et l'avenir du Sahara occidental", dont le mouvement indépendantiste est soutenu historiquement par l'Algérie, s'inscrivaient "dans le cadre de la souveraineté marocaine".

Ces tensions ont été alimentées plus récemment par des propos du chef de l'Etat français estimant le 6 janvier que l'Algérie entrait "dans une histoire qui la déshonore" en détenant "de manière totalement arbitraire" l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

Dans une interview sur LCI vendredi soir, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que la France n'aurait pas d'autre choix que de "répliquer" si l'Algérie continuait d'afficher une "posture d'hostilité".

"Il y a tout un arsenal diplomatique", a-t-il ajouté, citant notamment les visas, l'aide au développement ou d'autres sujets de coopération. Avec près de 900.000 ressortissants, l'Algérie représente la plus grande communauté étrangère en France devant le Maroc et le Portugal, selon les chiffres de l'Insee de 2023.

(Jean-Stéphane Brosse)