Alain Juppé, vainqueur par défaut d'un débat très regardé

information fournie par Reuters 14/10/2016 à 13:42

JUPPÉ SORT GAGNANT D'UN DÉBAT SUIVI PAR 5,6 MILLIONS DE PERSONNES

par Simon Carraud

PARIS (Reuters) - Le premier débat entre les sept candidats à l'investiture présidentielle de la droite, suivi jeudi par 5,6 millions de personnes, a donné lieu à des échanges aigres-doux dont Alain Juppé apparaît par défaut comme le premier bénéficiaire.

Confirmé dans son statut de favori par tous les sondages récents, le maire de Bordeaux a respecté une stratégie élaborée à l'avance : camper sur ses positions et ne prendre aucun risque, quitte à paraître à certains moments effacé.

Les autres prétendants ont lancé quelques formules où résonnait l'écho de rancoeurs tenaces et décoché des flèches visant le plus souvent Nicolas Sarkozy, mais se sont gardés de déclencher des joutes susceptibles de causer des dégâts irréparables à moins de 40 jours du premier tour de la primaire.

"On va gagner", ont scandé les militants juppéistes réunis dans un bar après les deux heures et demie de direct. A quoi l'ex-Premier ministre a répondu : "Mais c'est pas fait".

"Je crois que je n'ai pas perdu", a-t-il toutefois estimé, résumant là l'enjeu de la soirée.

Selon deux enquêtes des instituts Elabe et Opinionway réalisées en fin d'émission, les téléspectateurs ont jugé le maire de Bordeaux le plus convaincant, devant Nicolas Sarkozy, Bruno le Maire et François Fillon.

Plus d'un tiers (35%) des personnes interrogées par Elabe citent le champion des sondages comme le gagnant de la soirée, et 21% l'ex-président.

D'autres candidats ont également tiré profit de l'exposition médiatique offerte par cet exercice, jusque-là inédit dans l'histoire de la droite française où l'on a davantage l'habitude de se ranger derrière un homme avant les grandes échéances.

La soirée a rassemblé 5,6 millions de téléspectateurs sur TF1, soit 26,3% de part d'audience, avec un pic d'audience à 6,5 millions, selon les chiffres de Médiamétrie, sans compter les curieux réunis devant LCI ou à l'écoute de RTL.

En 2011, le premier débat entre candidats à la primaire de la gauche, retransmis sur France 2, avait attiré un peu moins de cinq millions de téléspectateurs.

LE CHAPITRE DES AFFAIRES

Le sénateur sarkozyste François Baroin a salué vendredi sur Europe 1 un débat qui n'a pas tourné au "pugilat", "ce qui est plutôt rassurant pour notre électorat".

"Toute la campagne se fait contre ou pour Nicolas Sarkozy, il n'y a pas vraiment d'intermédiaire. Donc il y a toujours un risque", ajouté François Baroin, à qui l'ex-président promet Matignon en cas de victoire en mai 2017.

Le chapitre des affaires judiciaires a cependant donné à voir la tension entre les principaux concernés, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé, Jean-François Copé, le seul à avoir ouvertement opté pour une stratégie offensive.

Interrogé sur les sous-entendus assassins lancés par François Fillon, entre autres, sur ses mises en examen notamment dans l'affaire dite Bygmalion, Nicolas Sarkozy a livré le fond de sa pensée: "Ce ne sont pas des déclarations qui honorent ceux qui les prononcent."

Dans ce climat tendu mais courtois - le tutoiement était la règle, Nathalie Kosciusko-Morizet a pu faire entendre sa singularité, celle d'une femme de droite ouverte au centre et à la "modernité", et François Fillon son ambition de bousculer le duel annoncé entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

"Ce que ce débat a montré ce soir, c'est qu'il n'y a pas deux candidats qui ont déjà gagné le premier tour de la primaire comme le système médiatique essaie de l'installer depuis des semaines", a-t-il dit en guise de conclusion.

Quant à Jean-Frédéric Poisson, quasi inconnu du grand public avant la soirée, il a pu se faire connaître. Selon le sondage Elabe pour BFM TV, la cote d'opinion du président du Parti chrétien-démocrate a fait un bond de 24 points durant la soirée.

(Edité par Yves Clarisse)