Agnès Buzyn regrette la "mascarade" des municipales

information fournie par Reuters 17/03/2020 à 16:28

AGNÈS BUZYN REGRETTE LA "MASCARADE" DES MUNICIPALES

PARIS (Reuters) - L'ancienne ministre de la Santé devenue candidate à la mairie de Paris, Agnès Buzyn, dit avoir prévenu dès janvier l'exécutif de la gravité de l'épidémie de coronavirus, qui pourrait faire selon elle "des milliers de morts" en France.

Dans un entretien au Monde accordé lundi, au lendemain du premier tour des élections municipales qui l'a placée en troisième position, celle qui a oeuvré sous l'étiquette La République en marche avoue avoir vécu la campagne électorale comme une "mascarade" au regard de la gravité de la pandémie.

Agnès Buzyn fait part des doutes qui l'ont assaillie au moment de remplacer au pied levé Benjamin Griveaux il y a un mois pour briguer la mairie de Paris, après l'abandon de ce dernier à la suite de la diffusion de vidéos à caractère sexuel. Emmanuel Macron était alors intervenu pour la convaincre.

"Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu", déclare Agnès Buzyn, qui a mené à Paris la première campagne politique de sa carrière.

Après avoir réuni 17,6% des voix, loin derrière la maire socialiste sortante Anne Hidalgo (29,3%) et la candidate Les Républicains Rachida Dati (22,7%), Agnès Buzyn a suspendu lundi sa campagne pour le second tour, qui a d'ailleurs été reporté sine die par le président de la République en raison de la pandémie qui oblige les Français à rester chez eux.

"ON AURAIT DÛ TOUT ARRÊTER"

"Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus", déclare Agnès Buzyn au Monde. "On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée."

Médecin de formation, Agnès Buzyn dit avoir prévenu dès janvier en tant que ministre le Directeur général de la santé, le chef de l'Etat et le Premier ministre, au regard de la situation en Chine où l'épidémie de coronavirus était alors grandissante. Elle dit craindre "des milliers de morts" en France.

Interrogée mardi sur ces propos percutants, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a salué "l'engagement" d'Agnès Buzyn en tant que ministre ayant eu la "responsabilité de mettre en place les premiers éléments d'organisation autour de la gestion de cette crise avant de renoncer à ses fonctions ministérielles."

Alors que des voix se sont élevées pour reporter le premier tour des élections municipales du 15 mars, Sibeth Ndiaye a défendu la stratégie du gouvernement face à la pandémie qui a fait selon un dernier bilan au moins 148 morts et plus de 6.600 cas confirmés.

"Notre volonté a toujours été de nous mettre dans une stratégie de graduation qui est alimentée depuis plusieurs semaines par la connaissance scientifique que nous avons du Covid-19", a-t-elle souligné lors du compte rendu du conseil des ministres.

(Elizabeth Pineau avec Marine Pennetier, édité par Jean-Michel Bélot)