A Londres, Washington et Pékin en recherche d'un terrain d'entente commercial information fournie par AFP 09/06/2025 à 23:30
La Chine et les Etats-Unis vont reprendre mardi leur deuxième cycle de négociations, après une première journée dont peu a transpiré et avec la volonté affichée de consolider la fragile trêve commerciale arrachée il y a un mois à Genève.
Débutées en début d'après-midi lundi selon l'agence officielle Chine nouvelle, les discussions vont reprendre mardi à partir de 10H00, heure locale (09H00 GMT), dans le célèbre palais de Lancaster House, a confirmé à l'AFP une source proche du dossier.
Les échanges entre les deux premières puissances économiques sont suivis de près par les marchés. Ils devraient être moins productifs qu'en Suisse, où Pékin et Washington avaient convenu d'abaisser considérablement leurs droits de douane respectifs pour 90 jours, estiment les analystes.
"J'ai de bons échos. Tout se passe bien avec la Chine. Mais la Chine n'est pas facile", a déclaré en fin de journée à la presse le président américain Donald Trump. "Nous souhaitons ouvrir la Chine et si nous n'y parvenons pas, nous ne ferons sans doute pas de geste" en leur faveur, a-t-il ajouté.
La Chine est représentée, par son vice-Premier ministre, He Lifang, comme à Genève, accompagné de son ministre du Commerce Wang Wentao et du représentant au Commerce international, Li Chenggang.
Côté américain, trois membres du gouvernement sont présents: le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, celui au Commerce, Howard Lutnick, et le représentant de la Maison Blanche pour le Commerce (USTR), Jamieson Greer.
Cette rencontre intervient après un échange téléphonique jeudi entre les présidents américain et chinois, conversation qualifiée de "très positive" par Donald Trump, tandis que Xi Jinping a demandé à son homologue de "redresser la trajectoire du grand navire des relations sino-américaines", selon la presse chinoise.
Elles font également suite à un brusque accès de tension la semaine passée, le président américain ayant accusé Pékin de ne pas respecter les termes de l'accord de désescalade signé à Genève.
"A Genève, nous avons accepté d'abaisser nos droits de douane et eux de permettre l'exportation d'aimants et terres rares dont nous avons besoin", a souligné Kevin Hasset, le principal conseiller économique de M. Trump, sur CNBC.
Mais, selon lui, si la Chine a permis ces exportations, "cela s'est fait à un rythme bien plus réduit que celui considéré comme optimal par les entreprises".
- Lever le contrôle des exportations -
Les terres rares de la Chine, source de discorde entre les deux pays, devraient constituer un enjeu clef des négociations. Ces matières premières sont cruciales pour toute une gamme de produits, dont les batteries de véhicules électriques.
Selon Kathleen Brooks, directrice de recherche pour XTB, "les États-Unis souhaitent que soient rétabli" le rythme des expéditions de ces métaux stratégiques, qui a ralenti depuis le lancement par Donald Trump de sa guerre commerciale début avril.
Quant à la Chine, elle aimerait "que les États-Unis reconsidèrent les restrictions à l'immigration des étudiants, les limitations d'accès aux technologies avancées, notamment aux microprocesseurs, et facilitent l'accès des fournisseurs technologiques chinois aux consommateurs américains", ajoute-t-elle.
Interrogé sur la possibilité de lever certains contrôles aux exportations, M. Trump s'est contenté d'un "nous verrons bien" évasif.
Pour M. Hassett, l'objectif est "une franche et forte poignée de main" après laquelle "le contrôle des exportations par les Etats-Unis sera levé et les terres rares (de Chine, NDLR) arriveront en quantité".
En Suisse, Washington avait accepté de ramener les droits de douane sur les produits chinois de 145% à 30%, en échange d'un mouvement similaire par Pékin de 125% à 10% sur les produits américains, pour 90 jours.
Mais les dégâts sont déjà réels, avec une baisse de 12,7% des exportations chinoises vers les Etats-Unis en mai par rapport à avril, selon les statistiques officielles.
Tout en travaillant à la normalisation des relations avec Washington, le gouvernement chinois s'est lancé dans des discussions avec ses autres partenaires pour constituer un front commun face aux États-Unis, Japon et Corée du Sud en tête, mais aussi le Canada, avec qui les liens bilatéraux sont tendus.
Pékin a également proposé à l'Union européenne un "canal vert" pour faciliter les exportations de terres rares vers le bloc, avant un sommet en juillet entre l'UE et la Chine.