A deux ans de la présidentielle, Raphaël Glucksmann présente sa "vision pour la France"
information fournie par AFP 23/06/2025 à 04:14

L'eurodéputé Raphaël Glucksmann le 23 mai 2025 à Matignon, à Paris ( AFP / Thomas SAMSON )

L'eurodéputé Raphaël Glucksmann peaufine sa stature présidentielle pour 2027 en présentant lundi sa "vision pour la France", dans l'optique assumée d'offrir une alternative sociale-démocrate à La France Insoumise.

Le leader de Place publique, très identifié sur la défense de l'Ukraine et de l'Europe, continue de démentir toute prétention présidentielle, mais nombreux voient en lui le candidat de la gauche sociale-démocrate en 2027, depuis qu'il est arrivé en tête de la gauche (13,8%) aux européennes, sur une liste Place publique-Parti socialiste.

Celui qui incarne une ligne d'opposition à La France Insoumise et compte parmi les mieux placés dans les sondages à gauche, affirme qu'il fera "tout" pour que le pôle "démocrate, social et écologiste" puisse gagner en 2027, quitte à "y laisser (sa) peau".

Même si la nomination jeudi de sa compagne, la journaliste Léa Salamé, pour présenter le 20H de France 2, a suscité des interrogations, laissant supposer un possible conflit d'intérêt s'il devenait officiellement candidat, M. Glucksmann dévoile lundi à Paris "l'acte 1" de son projet "pour la France", qu'il avait promis en octobre dernier.

Pour le préparer, l'essayiste de 45 ans s'est fait discret ces derniers mois.

"Il ne pouvait pas revenir sans une armature solide sur le plan national, il a fallu qu'il bosse sur le fond", explique un proche.

L'eurodéputé a beaucoup lu, s'est déplacé sur le territoire, et a fait appel à plus de 200 experts et 2.000 militants de Place publique (sur 12.000 adhérents), qui ont "phosphoré" sur le projet.

Objectif: ne pas être "surpris" en cas de nouvelle dissolution de l'Assemblée, et présenter une offre structurée pour 2027, à l'instar de ce qu'a fait Jean-Luc Mélenchon avec LFI.

Au sein de Place publique, "un leitmotiv : on n'est pas d'accord avec Jean-Luc Mélenchon, mais lui a bossé, il faut rattraper des années de retard", explique Saïd Benmouffok, le représentant du parti à Paris.

"On est un parti qui a six années d'existence, mais on n'était pas assez concentré sur le national", résume Jérôme Auslander, membre de la commission politique de Place publique.

- "Dire qui on est" -

"Là, on va dire qui on est, poser notre identité politique", ajoute-t-il.

"Notre projet est centré sur le travail et les travailleurs", a expliqué M. Glucksmann fin mai dans le Monde.

Au menu, le concept de "la société du prendre-soin", un "plan de réindustrialisation verte", un nouveau "contrat social" à destination des travailleurs, un "contrat démocratique" pour les citoyens ou encore "un plan pour sauver l’école de la République", détaille la responsable du projet, Sarah Pigeaud dans la Tribune dimanche.

L'eurodéputé Raphaël Glucksmann, le 5 octobre 2024 à La Réole, en Gironde ( AFP / Thibaud MORITZ )

Au total, "50 propositions concrètes", selon Place publique. Avant "un acte 2" lors des journées d'été à La Réole (Gironde) en octobre, et un projet définitif promis pour juin 2026.

Mais il ne s'agit pas, à ce stade, d'un programme présidentiel.

"C'est ce qu'on va apporter au pot commun à gauche", afin de discuter d'abord avec le Parti socialiste, le partenaire privilégié, puis avec d'autres forces politiques "dont les visions sont compatibles", précise M. Benmouffok.

Car pour Raphaël Glucksmann, l'union de toute la gauche est une "hypocrisie" et il faut acter qu'il y a "deux pôles", celui de la gauche radicale et celui qu'il a commencé à définir aux européennes.

Si une partie des socialistes hostiles à LFI en fait déjà son champion pour la présidentielle, le patron du PS Olivier Faure, qui se prépare aussi, plaide lui pour qu'il participe à une plateforme programmatique de la gauche non mélenchonienne, allant jusqu'à l'ex-député LFI François Ruffin.

Raphaël Glucksmann refuse cependant de participer à une primaire, persuadé que la dynamique sondagière créera le vote utile autour de lui.

"Il n'y aura pas de sauveur solitaire de la gauche", répond une proche d'Olivier Faure. D'autant que Place Publique, qui ne compte qu'un député et un sénateur, "n'a pas les moyens de faire sans le PS", estime un autre cadre socialiste.

François Ruffin, favorable à une primaire, a reproché vendredi à M. Glucksmann de refuser "que vote le peuple de gauche".