A Cannes, les professionnels du cinéma prudents après le choc des droits de douane US
information fournie par Reuters 15/05/2025 à 14:17

par Miranda Murray

Les professionnels du cinéma se rendent cette année à Cannes pour un Marché du film placé sous le signe de l'incertitude, alors que le choc initial de la proposition de Donald Trump visant à mettre en oeuvre de droits de douane de 100% sur l'ensemble des films produits hors des Etats-Unis s'est estompé, laissant place à une approche prudente de maintien du statu quo.

Si les foulées des célébrités sur le tapis rouge du Festival de Cannes captent l'attention du grand public, la véritable attraction sur la Croisette au mois de mai est le marché du film, où professionnels de l'industrie cinématographique se rassemblent pour y faire des affaires.

Avec plus de 15.000 personnes attendues, venus de plus de 140 pays, le plus grand marché du film au monde devrait de nouveau atteindre son record, les Etats-Unis fournissant toujours le plus important contingent parmi les participants, malgré le revirement de la politique américaine.

Le Marché du film a notamment gagné en importance ces dernières années, l'industrie du film indépendant, qui s'efforce de se remettre de la pandémie de COVID-19 et des grèves à Hollywood, se devant d'être plus sélective dans ses investissements, selon Scott Roxborough, chef du bureau européen du Hollywood Reporter.

Le pavillon américain a déclaré s'attendre à ce que les droits de douane soient évoqués lors des tables rondes organisées au cours de l'évènement, mais a souligné qu'il ne prévoyait pas d'organiser des discussions à ce sujet.

"Nous continuons à essayer de comprendre ce que cela signifie pour notre industrie", a déclaré sa présidente et fondatrice, Julie Sisk.

Selon Rich Wolff, directeur général du distributeur indépendant Breaking Glass Pictures, qui achète chaque année de nombreux films en langue étrangère, personne ne sait ce qui va se passer.

Rich Wolff, dont la société a aussi produit 15 films aux Etats-Unis en 2024, a ajouté espérer que la volonté manifeste de Donald Trump de relancer l'industrie cinématographique nationale se traduira par des incitations fiscales.

"J'espère que notre gouvernement souhaite ramener la production cinématographique aux États-Unis et qu'un certain niveau de soutien sera accordé à ceux qui en ont besoin et qui le méritent, à l'instar de ce qui se passe dans l'Union européenne et au Royaume-Uni", a-t-il déclaré.

Le succès des films indépendants, tels que les productions oscarisées "The Brutalist" et "Anora", ont toutefois redonné le moral au marché, également porté par la forte demande des consommateurs pour des contenus internationaux, notamment sur les plateformes de streaming.

Pour Noah Segal, coprésident de la société canadienne de distribution et de production Elevation Pictures, les préférences des consommateurs pourraient transcender les blocages politiques et commerciaux.

Le marché, qui a ouvert ses portes mardi, est ouvert jusqu'au 21 mai.

(Reportage Miranda Murray et Hanna Rantala ; version française Etienne Breban ; édité par)