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Cryptomonnaies: où en est la régulation juridique et fiscale
Dernière mise à jour le : 05/08/2025

Bitcoin, Ethereum, Ripple… les cryptomonnaies séduisent les investisseurs ( crédit photo : GettyImages )

Bitcoin, Ethereum, Ripple… les cryptomonnaies séduisent les investisseurs ( crédit photo : GettyImages )

Le succès et la volatilité des cryptomonnaies ont conduit les autorités du monde entier à se saisir de la question de leur régulation fiscale et juridique. Aux États-Unis, il existe un certain flou juridique autour de ces actifs numériques. Côté européen, la Commission européenne a adopté en 2023 le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), entré en vigueur en juin 2024, visant «à encadrer les émissions et les services sur crypto-actifs», selon l’AMF. Cependant, chaque État membre met en place sa propre politique fiscale. En la matière, la France s’avère être le pays où l’on taxe le plus les cryptomonnaies.

Sommaire:

  • L’ascension des cryptomonnaies
  • Les tendances de marché pour les cryptomonnaies
  • Cryptomonnaies: du Salvador à la Chine, des réactions totalement opposées
  • Les États-Unis préparent le terrain de la régulation financière des cryptomonnaies
  • Vers une réglementation juridique des cryptomonnaies en Europe
  • Cryptomonnaies: privilégier les plateformes régulées pour investir
  • De grandes disparités fiscales au sein de l’Europe pour les cryptomonnaies
  • La fiscalité des cryptomonnaies en France

L’ascension des cryptomonnaies

Les cryptomonnaies sont des monnaies numériques émises sans intervention des banques centrales (on parle aussi de cryptoactifs ou d’actifs numériques). Elles se caractérisent par l’absence de support physique: ni pièce, ni billet, ni chèque, ni carte bancaire. Elles échappent au contrôle des banques centrales. Sur le plan idéologique, les cryptomonnaies sont une forme de monnaie libertaire qui rend aux individus le contrôle de la masse monétaire.

Binance, ripple , Tether, bitcoin ou ethereum font l’actualité depuis le début des années 2010. Il existe environ 25.000 cryptomonnaies selon le site Economie.gouv, mais le marché reste concentré autour du Bitcoin et de l’Ethereum, les plus connus. Bitcoin représente à lui seul plus de 60% de la capitalisation totale du marché crypto.

Jusqu’en 2020, l’engouement pour les cryptomonnaies se limitait aux particuliers. L’année 2021 a marqué un tournant. En effet, des investisseurs institutionnels de premier plan, comme le fonds de pension BlackRock ou la banque américaine Morgan Stanley, se sont positionnés sur ce marché. Par ailleurs, de grands acteurs comme Visa ou PayPal et de plus en plus de commerces acceptent les paiements en Bitcoin. Plus de 35.000 distributeurs automatiques sont recensés à travers le monde. Comme pour un distributeur classique, l’utilisateur peut déposer ou retirer de l’argent. Pour obtenir des Bitcoins, il suffit de déposer la somme correspondante dans le distributeur et fournir son adresse Bitcoin.

Les banques centrales sont également engagées dans une course effrénée à la création de leurs propres monnaies virtuelles. On les appelle les Monnaies Numériques de Banques Centrales (MNBC). De ce point de vue, la Chine se place largement en avance. Son yuan numérique est testé depuis 2019. En Europe, le développement de l’euro numérique progresse. Il a «pour projet d’émettre une monnaie virtuelle en complément des espèces et des autres moyens de paiement. L’euro numérique pourrait être déployé à partir de 2027 ou 2028», selon le gouvernement.

À savoir

Les cryptomonnaies sont utilisées via un réseau informatique décentralisé. Les transactions sécurisées utilisent des technologies de cryptographie qui associent l’utilisateur aux processus d’émission et de règlement des transactions.

Les tendances de marché pour les cryptomonnaies

Les cryptomonnaies ont une croissance à grande vitesse et le marché mondial tourne désormais autour de 1200 milliards de dollars. Pour 2028, le marché pourrait atteindre 32,5 milliards de dollars, selon Research and Markets.

Depuis 2021, la taille du marché des cryptomonnaies a continué à croître rapidement, portée en grande partie par une forte spéculation. Cette tendance se traduit par une volatilité marquée: les actifs numériques peuvent fluctuer de plus de 20% à la hausse ou à la baisse en quelques jours, quadrupler de valeur sur une année, ou perdre jusqu’à la moitié de leur valeur en l’espace de quelques semaines. En juillet 2025, les cours du Bitcoin ont atteint 101.735 euros.

Il est toujours très compliqué d’engager des pronostics sur les cryptomonnaies, tant la volatilité de ces marchés est importante. Ces prochaines années resteront probablement marquées par de grands soubresauts. Néanmoins, la démocratisation et la normalisation des cryptomonnaies laissent présager une croissance à long terme.

A partir de 2022, les cryptomonnaies dites «vertes» se sont développées. En effet, depuis les propos d’Elon Musk sur l’impact écologique négatif du Bitcoin, la question de la consommation énergétique des cryptomonnaies devient un critère de choix pour les investisseurs. Ainsi, l’Ethereum, la cryptomonnaie la plus populaire au monde après le Bitcoin, a pris la décision majeure de changer une partie de son fonctionnement et de passer d’un système dit de «Proof of Work» (preuve de travail) à un système de «Proof of Stake» (preuve d’enjeu) pour le minage des nouvelles pièces. Cela devrait réduire considérablement l’impact écologique du minage de nouvelles pièces. D’autres cryptomonnaies plus récentes, comme Cardano et Solana, lui emboîtent le pas.

Cryptomonnaies: du Salvador à la Chine, des réactions totalement opposées

Face au succès des cryptomonnaies, les États du monde entier réagissent, parfois de façon diamétralement opposée. Certains pays en développement, en quête d’indépendance financière (notamment vis-à-vis du dollar), luttent contre une inflation importante et rencontrent des problèmes d’inclusion bancaire. Ils trouvent un intérêt majeur aux cryptomonnaies comme moyen de paiement. Le Salvador a ainsi marqué les esprits en devenant le premier pays au monde à élever le Bitcoin au rang de monnaie nationale.

Pour d’autres pays, les cryptomonnaies représentent une menace trop importante pour la souveraineté monétaire nationale. La Chine, par exemple, a maintenu son interdiction totale des transactions en cryptomonnaies depuis septembre 2021, réaffirmant cette position en 2024 et 2025. Entre les deux (les pays développés du G20), les cryptomonnaies menacent la stabilité financière mondiale. Si les pays développés rejettent l’idée d’interdire les cryptomonnaies, devenues incontournables, ils refusent également de les officialiser comme monnaies légales. Ils les considèrent comme de simples actifs financiers à encadrer pour protéger les investisseurs d’instabilités.

Les États-Unis préparent le terrain de la régulation financière des cryptomonnaies

Aux États-Unis, la régulation des cryptomonnaies continue de se renforcer afin de les intégrer dans le cadre financier traditionnel. La Securities and Exchange Commission (SEC) dirigée par Gary Gensler, maintient sa volonté d’encadrer ce marché en pleine croissance.

Souhaitant faire des Etats-Unis la «capitale crypto du monde», Donald Trump a notamment signé en juillet le Genius Act, donnant un cadre légal aux stablecoins - des répliques numériques des monnaies - adossés, ici, au dollar. La valeur totale des stablecoins avoisine les 250 milliards de dollars (environ 215 milliards d’euros), contre seulement 1 milliard en 2018 et 100 milliards en 2021. Ce montant pourrait atteindre 2000 milliards de dollars d’ici 2028.

À savoir

Parmi les plus grosses plateformes de trading américaines, figurent Coinbase, valorisée 65 milliards de dollars lors de son entrée en Bourse. Il existe aussi FTX, Kraken, ou BitMEX. Plus de 2000 cryptomonnaies s’y échangent sans intermédiation bancaire.

Vers une réglementation juridique des cryptomonnaies en Europe

En Europe, les débats autour d’une réglementation des cryptomonnaies sont également engagés, même s’ils n’abordent pas les questions liées à la fiscalité. La Commission européenne a émis un règlement, baptisé directive MiCA ( Markets in Crypto-Assets ), entré en vigueur en juin 2023 et applicable à partir de décembre 2024. Selon Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures, la réglementation des cryptomonnaies doit «empêcher les criminels et les terroristes de profiter de l’anonymat qu’elles procurent».

L’objectif est de pallier le manque de confiance associé aux cryptomonnaies pour encourager les investissements, soutenir l’innovation et permettre une concurrence loyale. Le marché des cryptoactifs est considéré comme les services financiers traditionnels, avec les mêmes formes de protection garanties aux investisseurs. Ainsi, à terme, seules certaines cryptomonnaies pourraient être autorisées dans l’Union européenne.

Cryptomonnaies: privilégier les plateformes régulées pour investir

L’engouement suscité par les cryptomonnaies a conduit certains acteurs, parfois peu scrupuleux, à proposer aux épargnants d’investir. Pour éviter les arnaques et les difficultés en cas de litige, la loi Pacte de 2019 a instauré en France le statut de Prestataire en Services sur Actifs Numériques (PSAN). Ces derniers sont enregistrés et agréés par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Pour investir dans les cryptomonnaies , il est recommandé de privilégier ces plateformes régulées. En effet, la certification de l’AMF permet d’investir en toute confiance. De plus, en cas de problème persistant, l’AMF peut faire intervenir son médiateur. À l’inverse, si vous utilisez une plateforme étrangère non soumise à la réglementation française, il faut se tourner vers l’autorité du pays de domiciliation, si elle est compétente.

De grandes disparités fiscales au sein de l’Europe pour les cryptomonnaies

Sans cadre fiscal harmonisé concernant les cryptomonnaies au niveau européen, les États membres de l’Union européenne appliquent des politiques différentes. Certains pays se montrent favorables aux cryptomonnaies. Le Danemark, par exemple, cherche à réduire au maximum les transactions en espèces. Les transactions en devises numériques et les plus-values sur les ventes de Bitcoins y sont exonérées d’impôt. De la même manière, la Suisse est considérée comme la «Crypto Valley» européenne. Le Portugal applique une politique fiscale très encourageante en matière de cryptomonnaies. En Allemagne, les plus-values sur les monnaies numériques sont exonérées d’impôt quand elles sont détenues plus d’un an.

D’autres pays s’illustrent par la complexité de leur fiscalité sur les cryptomonnaies. C’est le cas de la Belgique, avec une imposition pouvant varier de 25% à 50% des bénéfices selon la durée, le montant et la fréquence des investissements. Néanmoins, si la gestion de son portefeuille en cryptomonnaies est jugée «non spéculative», les plus-values sont non imposées.

La fiscalité des cryptomonnaies en France

En France, la fiscalité des plus-values sur les cryptomonnaies a été instaurée par la loi de finances du 28 décembre 2018. Elle a été modifiée par la loi de finances de 2022. Les plus-values dégagées par les investisseurs particuliers lors de la vente d’actifs numériques contre des monnaies ayant cours légal (l’euro ou le dollar, par exemple) doivent être déclarées tous les ans aux services fiscaux.

Depuis le 1er janvier 2023, si vous vendez des cryptomonnaies dans le cadre de la gestion de votre patrimoine privé, vous relevez de plein droit du PFU (prélèvement forfaitaire unique). Peu importe si vos ventes sont occasionnelles ou habituelles (contrairement à la fiscalité en application avant 2023) ou le volume et les montants des transactions. Vous pouvez renoncer à l’impôt de 12,8% et opter pour l’application du barème progressif de l’impôt sur vos plus-values. C’est intéressant si vous n’êtes pas imposable, car vous payez seulement 17,2% de prélèvements sociaux. Si vous relevez de la tranche du barème à 11%, vous supportez uniquement 28,2% d’impôt et de prélèvements sociaux.

À savoir

La détention de cryptomonnaies ne vous oblige pas à les déclarer à l’administration fiscale. Par ailleurs, les plus-values sur les cryptomonnaies sont exonérées d’impôt si les ventes ne dépassent pas 305 euros par an.

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