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Quelles sont ces marques alimentaires qui boudent le système de notation Nutri-Score ?
information fournie par Boursorama 21/09/2024 à 11:00
Temps de lecture: 6 min

(La mention Nutri-Score va-t-elle peu à peu s'effacer des emballages si le nouveau barème est défavorable aux industriels ? - Crédit photo : Adobe Stock)

(La mention Nutri-Score va-t-elle peu à peu s'effacer des emballages si le nouveau barème est défavorable aux industriels ? - Crédit photo : Adobe Stock)

Alors qu'une étude récente de l'Inserm vient appuyer le fait que les produits alimentaires mal notés par le système Nutri-Score entraînent un risque plus élevé de maladies cardio-vasculaires, certains grands groupes s'apprêtent à retirer la mention Nutri-Score sur leurs emballages. Quelles sont ces marques qui font un pas en arrière dans la transparence alimentaire ? Quels sont les leviers des consommateurs en la matière ? On vous dit tout.

À quoi correspond le système de notation Nutri-Score ?

Créé en 2017, le système Nutri-Score consiste à attribuer à un produit alimentaire ou à une boisson une valeur nutritionnelle allant de A à E, figurant sur la face avant de l'emballage, afin que le consommateur le choisisse dans les rayons en toute connaissance de cause.
Les couleurs associées à chaque catégorie sur le logo sont assez représentatives des bienfaits ou des risques qui caractérisent les produits alimentaires transformés : vert foncé, vert clair, jaune, orange et rouge.

Le Nutri-Score analyse la composition nutritionnelle des produits alimentaires, en intégrant la quantité de sucre, de sel, de graisses saturées, de protéines, de fibres, les calories, ainsi que la teneur en fruits et légumes ou légumineuses.

Plus qu'une information indicative, le Nutri-Score constitue un véritable outil de prévention et un rempart contre la « malbouffe » qui a sa part de responsabilité dans le développement de maladies chroniques, telles que AVC et infarctus (1).

Quelles sont les évolutions de la nouvelle formule du Nutri-Score ? A la suite d'une révision du calcul réalisée en 2022 par des scientifiques indépendants pour intégrer l'amélioration des connaissances en matière alimentaire et les dernières tendances du marché, il est prévu une mise en vigueur prochaine en France de ce nouvel algorithme, n'en déplaise à ceux qui vont observer une chute mécanique de leur note actuelle.

À lire aussi // Dates de péremption des aliments : quels sont les règles et coûts du gaspillage ?

Quelles sont les obligations du secteur alimentaire vis-à-vis du Nutri-Score ?

L'affichage de la qualité des produits alimentaires, qui va de A à E, s'applique au bon vouloir des fabricants. Ce logo n'est donc imposé à date en matière d'informations nutritionnelles à partager au grand public. Pour l'instant 1400 sociétés et marques en France ont répondu présent à l'appel de transparence alimentaire. Dans les rayons alimentaires, ce sont actuellement 60% des produits qui bénéficient de l'affichage Nutri-Score sur leur emballage (2).

Quel est le projet à l'échelle européenne ? Aujourd'hui, 7 pays jouent déjà le jeu : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse, tandis que l'Italie résiste encore au dispositif.

Voici les marques qui retirent certaines mentions Nutri-Score

L'algorithme ayant changé, il peut être perçu comme moins favorable qu'avant pour certaines recettes d'industriels qui avaient eux-mêmes à l'époque misé sur la généralisation de ce système de mesure de la qualité alimentaire pour se différencier et vendre plus cher. L'engouement initial semble être retombé parmi les grandes marques suivantes (3) :

  • Danone avec ses yaourts à boire

«Sont concernées les versions liquides des marques Actimel, Danonino, Hi-Pro, Danone ou encore Activia» a déclaré un porte-parole du groupe à l'AFP le 4 septembre (4).

À l'origine de cette décision, une modification du mode de calcul qui est venue interférer avec les vertus desdits produits : les yaourts à boire ont en effet quitté l'univers des produits laitiers (yaourts liquides pour nomades) pour rejoindre soudainement la famille des boissons sucrées. Pour éviter toute contradiction face à cette reclassification associée à une baisse de la note de B à D, le groupe a décidé de gommer les notations qu'ils jugeaient injustes ou peu cohérentes par rapport à son appréciation de la qualité du produit.

  • Bjorg avec ses boissons et biscuits végétaux

La marque a opté pour un autre barème, celui de Planet-Score en mettant de côté le Nutri-Score.

  • Nestlé et certaines céréales

Le recalcul de la valeur nutritionnelle de certains aliments vient pénaliser par exemple les céréales Chocapic pour lesquelles le groupe avait réalisé des efforts sur le taux de sucres.

  • Fleury Michon

Le groupe se défend avec des ,emballages réduits et une volonté de mieux expliquer la valeur nutritionnelle par un flashcode qui revoit vers le Nutri-Score associé à des informations complémentaires.

  • Des marques de biscuits à forte notoriété ayant refusé le Nutri-Score dès le départ

83% des marques de produits sucrés n'affichent pas le logo sur les emballages. On retrouve entre autres Mondelez (Milka, Oreo, Pepito…), Ferrero (Kinder, Nutella…).

Pourquoi les autorités de santé publique s'inquiètent-elles face à de telles réactions ? Parce qu'un nivellement par le bas pourrait être contagieux. Une forme de concurrence déloyale pourrait apparaître entre produits équivalents puisque le consommateur ne disposerait pas de la même information pour faire son choix, en fonction de l'affichage à sa disposition. À la clé : des moins bons produits ayant des impacts sur la santé seraient proposés et souvent moins chers. Une association réclame d'ailleurs plus d'équilibre dans les sélections de promotions pour les catalogues car ce sont souvent les produits des catégories D et E qui affichent les réductions les plus attractives (5).

À ce propos, le coût social et environnemental des incohérences du système alimentaire français se chiffrerait, selon une étude réalisée par quatre associations, à 19 milliards d'euros, comprenant les dépenses de santé, les réparations dues aux dégradations de la nature en lien avec nos choix alimentaires et les aides sociales du fait de revenus trop bas des agriculteurs (6).

Que risque un fabricant qui contrevient à son engagement de transparence nutritionnelle ?

Ne s'agissant pas d'une obligation réglementaire, la non-application de cette mesure ne donne pas lieu à des sanctions commerciales. Les impacts possibles sont néanmoins de plusieurs ordres :

  • Une dégradation de la réputation, entamant la confiance de l'écosystème dans la marque. Une association indépendante comme Foodwatch peut venir pointer du doigt des incohérences relevées dans la stratégie de marques.
  • Une baisse des ventes due à un report d'achats de consommateurs avertis vers des produits pour lesquels le score nutritionnel est inscrit.

L'entreprise qui ne souhaite pas subir les conséquences négatives d'une politique sans Nutri-Score (ou avec un recours moindre à cette notation) a intérêt à fournir des informations alternatives pour ne pas décevoir sa cible et faire valoir autrement les efforts déjà parcourus.

A savoir

Connaissez-vous Yuka, l'appli qui en dit long sur les aliments ?

Source d'inspiration neutre pour aider les consommateurs à mieux connaître la qualité des produits et à se décider sans se faire influencer par la publicité, les promotions ou encore l'esthétique de l'emballage, Yuka couvre 3 millions de produits alimentaires toutes marques et catégories confondues. En outre, elle scanne 1 200 nouvelles références par jour. Son système de notation propre se base sur la qualité des produits selon les critères Nutri-Score (60% de la note finale), la présence d'additifs (30%) et la part d'ingrédients biologiques (10%). Des fonctionnalités sont disponibles gratuitement : pour devenir membre et accéder à des options supplémentaires (mode hors connexion, recherche par le nom sans nécessité de scanner, conservation de l'histoire…), il faut s'acquitter d'un abonnement de 15 euros par an.

L'affichage du Nutri-Score reste optionnelle. Les consommateurs pourraient effectuer eux-mêmes des arbitrages dans leurs achats, en sanctionnant les fabricants qui ne souhaitent pas ou plus afficher clairement cette mention. Un boycott inciterait les industriels à revenir sur leurs pas afin de (re)mettre la santé publique au 1er rang de leurs priorités.

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(1) https://presse.inserm.fr/la-consommation-daliments-moins-bien-classes-au-nutri-score-est-associee-a-un-risque-accru-de-maladies-cardiovasculaires/69020/
(2) https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/le-nutri-score-change-sa-notation-et-devient-plus-exigeant-ca-va-etre-plus-veridique-7122952
(3) https://www.ouest-france.fr/societe/alimentatio/nutri-score-ces-nouveaux-criteres-qui-penalisent-les-grandes-marques-de-lalimentaire-f6e80218-9e7c-11ee-9839-768f8ee105c7

(4) https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/danone-arrete-d-afficher-le-nutri-score-sur-ses-yaourts-a-boire-dont-les-notes-ont-ete-degradees_6763162.html
(5) Grande distribution : 41% des articles en promotion ont un nutriscore D ou E, dénonce une association (francetvinfo.fr)
(6) Santé : une étude chiffre à au moins 19 milliards d'euros le coût social et environnemental de l'alimentation des Français (francetvinfo.fr)

Ségolène  Marquier
Ségolène  Marquier

Ségolène Marquier

Boursorama

rédactrice web

https://www.boursobank.com