
Des partisans du chef du parti AUR George Simion saluent sa victoire au premier tour de la présidentielle, le 4 mai 2025 à Bucarest ( AFP / Daniel MIHAILESCU )
Le candidat a changé mais l'extrême droite reste en tête: cinq mois après l'annulation choc du premier tour de la présidentielle, la Roumanie a confirmé dans un nouveau vote dimanche son virage nationaliste.
George Simion, un eurosceptique fan de Donald Trump qui se rêve en "président MAGA" (Make America Great Again), a recueilli 40,5% des suffrages, selon des résultats quasi finaux.
Il affrontera au second tour prévu le 18 mai le maire centriste de Bucarest Nicusor Dan (20,9%), qui a dépassé de peu le candidat unique des partis au pouvoir, Crin Antonescu (20,3%).
"Ensemble, nous avons écrit une page d'histoire aujourd'hui", a réagi M. Simion dans un message vidéo diffusé au siège de son parti devant des partisans ravis, chantant "Dehors les voleurs, vive les patriotes".

Ecran géant diffusant un message vidéo du candidat d'extrême droite George Simion, le 4 mai 2025 à Bucarest ( AFP / Daniel MIHAILESCU )
Il lui reste à transformer l'essai lors du second tour le 18 mai, une tâche compliquée car il dispose sur le papier de moins de réserves de voix que son rival, commente pour l'AFP le professeur de sciences politiques Sergiu Miscoiu, prédisant une course serrée.
Mais d'autres experts pointent les fractures du pôle pro-européen après une campagne marquée par de virulentes accusations et des coups bas.
Onze prétendants au total briguaient un poste essentiellement protocolaire mais influent en politique étrangère, dans ce pays membre de l'UE de 19 millions d'habitants devenu un pilier essentiel de l'Otan depuis l'invasion russe de l'Ukraine voisine.
- "Président MAGA" -

Le chef du parti nationaliste AUR et candidat à la présidentielle roumaine George Simion vote aux côtés de Calin Georgescu, exclu de la course, le 4 mai 2025 à Bucarest ( AFP / Daniel MIHAILESCU )
L'arrivée en tête surprise, en novembre, de Calin Georgescu, un ancien haut fonctionnaire accusé par ses détracteurs d'être favorable au Kremlin, avait inquiété dans l'ouest du continent et plongé la Roumanie dans la tourmente.
La Cour constitutionnelle a invalidé le scrutin et exclu le sexagénaire de cette nouvelle élection, après une campagne massive sur TikTok entachée de suspicions d'ingérence russe.
Il a été remplacé par M. Simion, 38 ans et quatrième à l'automne, et les deux hommes se sont affichés ensemble dimanche dans un bureau de vote de Mogosoaia, près de Bucarest.
Nombreux espèrent, comme Robert Teodoroiu, chauffeur de 37 ans, que leur bulletin, infructueux en novembre, aboutisse cette fois. "Je retente ma chance", explique-t-il à l'AFP dans les rues de la capitale.
Pendant la campagne, George Simion a brandi sa jeunesse, sa rhétorique souverainiste et sa maîtrise de la plateforme TikTok pour séduire les électeurs de Calin Georgescu.
Si le chef du parti AUR nie toute inclination pour la Russie, il partage la même aversion pour "les bureaucrates bruxellois" et s'oppose à tout soutien militaire à Kiev.

Une femme vote avec sa fille pour la présidentielle roumaine, le 4 mai 2025 à Ciocanesti ( AFP / Mihai Barbu )
Tout au long de la journée, les électeurs ont confié leur désir de "changement" et leur rejet des partis politiques traditionnels, au pouvoir depuis la fin du communisme.
L'inflation, très élevée en Roumanie, est aussi sur toutes les lèvres, Silvia Tomescu, infirmière de 52 ans, disant par exemple aspirer à "une vie meilleure et à des salaires plus élevés".
- Un scrutin sous surveillance -

Le maire de Bucarest et candidat à la présidentielle, Nicusor Dan, après l'annonce des premières estimations, le 4 mai 2025 à Bucarest ( AFP / Mihai Barbu )
Face à cette grogne généralisée, M. Dan a réussi à convaincre par son profil atypique de militant contre la corruption, avec pour slogan "Une Roumanie honnête".
Plus loin derrière (13,2%), l'ancien Premier ministre social-démocrate Victor Ponta, malgré un discours aux accents trumpistes, a manqué son pari.
Si George Simion accède au poste suprême, il a promis de "porter Calin Georgescu au pouvoir", évoquant trois options: "un référendum, des élections législatives anticipées ou la formation d'une coalition au Parlement qui le nommerait Premier ministre".
Après l'annulation du scrutin de novembre, décision rarissime au sein de l'UE, le scrutin était sous haute surveillance.

Des manifestants portent un cercueil flanqué de l'inscription "Démocratie" pour dénoncer l'annulation de la présidentielle, le 10 janvier 2025 à Bucarest ( AFP / Daniel MIHAILESCU )
Des milliers de personnes ont manifesté ces derniers mois pour dénoncer "un coup d'Etat". Les Etats-Unis sont également intervenus, le vice-président JD Vance appelant à écouter la voix d'un peuple qu'on a fait taire "sur la base des faibles soupçons d'une agence de renseignement".
Les autorités, qui ont renforcé les mesures de prévention, assurent avoir "tiré les leçons" du fiasco.
Alors que l'extrême droite évoque "de multiples signes de fraude", le gouvernement a pointé des campagnes de désinformation, y voyant de "nouvelles tentatives de manipulation et d'ingérence menée par des acteurs étatiques". Sans citer nommément la Russie.
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