
Un véhicule transportant des délégations quitte l’ambassade d’Oman, où se tient un cinquième cycle de négociations nucléaires entre l’Iran et les Etats-Unis, à Rome, le 23 mai 2025 ( AFP / Filippo MONTEFORTE )
Le cinquième cycle de pourparlers entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire, qui s'est tenu vendredi à Rome sous la médiation d'Oman, a été "constructif" selon Washington, Téhéran parlant d'un échange "professionnel" mais de discussions "compliquées".
Téhéran et Washington, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979 qui a renversé en Iran une monarchie pro-occidentale, ont entamé le 12 avril des discussions sur l'épineux dossier du programme nucléaire iranien.
Les pourparlers entre le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, et l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ont duré environ trois heures à Rome, à la résidence de l'ambassadeur omanais selon les médias iraniens.
"Les discussions continuent d'être constructives - nous avons fait des progrès supplémentaires, mais il reste encore du travail à faire", a déclaré un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat, en ajoutant que "les deux parties sont convenues de se rencontrer à nouveau dans un avenir proche".
De son côté, M. Araghchi a parlé de négociations "tellement compliquées qu'elles ne peuvent se régler en deux ou trois réunions". Il a cependant qualifié les échanges vendredi avec Washington de très "professionnels".
- "Quelques progrès" -
Le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al-Boussaïdi, a lui parlé de "quelques progrès".
"Nous espérons clarifier les questions en suspens dans les prochains jours, afin de progresser vers l'objectif commun de parvenir à un accord durable", a-t-il écrit sur X.
Ces pourparlers représentent le plus haut niveau d'engagement entre les deux pays depuis le retrait unilatéral en 2018 par les Etats-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt à Vienne.
Le président américain Donald Trump, à l'origine de cette décision durant son premier mandat (2017-2021), a rétabli de lourdes sanctions américaines contre l'Iran dans le cadre d'une politique dite de "pression maximale".
Il cherche dorénavant à négocier un nouveau pacte avec Téhéran, qui espère une levée des sanctions qui asphyxient son économie.
Mais Washington et Téhéran affichent publiquement leur désaccord sur la question sensible de l'enrichissement d'uranium.
M. Witkoff avait estimé dimanche que les Etats-Unis "ne pouvaient autoriser ne serait-ce qu'un pour cent de capacité d'enrichissement" à l'Iran.
"L'Iran ne peut pas avoir une capacité d'enrichissement, car cela en ferait une puissance nucléaire potentielle", a argué mercredi le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio.

L'enrichissement de l'uranium ( AFP / Tupac POINTU )
Des "désaccords fondamentaux" demeurent avec les Etats-Unis, avait lancé jeudi M. Araghchi.
Si les Etats-Unis empêchent l'Iran d'enrichir de l'uranium "il n'y aura pas d'accord", a-t-il mis en garde.
Téhéran, qui défend un droit au nucléaire civil, considère cette exigence comme contraire aux dispositions du Traité de non-prolifération (TNP), dont l'Iran est signataire.
Pour Sina Toossi du Center for International Policy, ce dernier cycle de négociation a été "particulièrement sensible, marqué par l’affrontement de lignes rouges (...) apparemment irréconciliables concernant l’enrichissement d’uranium".
- "Bonne direction" -
Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de l'Iran, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran nie avoir de telles visées.

Image satellite diffusée par la société Maxar Technologies montrant l'installation d'enrichissement d'uranium de Fordo, en Iran, le 11 décembre 2020 ( Satellite image ©2021 Maxar Technologies / - )
Le nucléaire emploie en Iran plus de 17.000 personnes, notamment dans l'énergie et le secteur médical, selon le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi.
"Les Pays-Bas, la Belgique, la Corée du Sud, le Brésil et le Japon enrichissent (l'uranium) sans posséder d'armes nucléaires", avait-il souligné début mai.
Jeudi, Donald Trump a parlé de l'Iran avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, selon la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.
M. Trump estime que les négociations avec Téhéran, vues d'un mauvais oeil par le dirigeant israélien, "vont dans la bonne direction", a-t-elle ajouté.

Les installations nucléaires en Iran ( AFP / Sylvie HUSSON )
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% autorisée par l'accord de 2015, mais en deçà du taux de 90% nécessaire pour un usage militaire.
Téhéran a pris ses distances avec ses engagements de 2015 en représailles au retrait américain de l'accord.
L'accord sur le nucléaire de 2015, qui expire en octobre, soit dix ans après l'entrée en vigueur du texte, prévoit la possibilité de réimposer des sanctions onusiennes si l'Iran ne se conforme pas à ses engagements.
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