
La présidente de la BCE Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse à Francfort, le 5 juin 2025 ( AFP / Kirill KUDRYAVTSEV )
La Banque centrale européenne a averti que de nouveaux défis, allant des tensions commerciales et géopolitiques à l'intelligence artificielle et au changement climatique, pourraient rendre l'inflation plus volatile, justifiant une stratégie de politique monétaire plus souple dévoilée lundi.
Ces changements structurels laissent présager des "écarts plus importants par rapport à l'objectif" de 2% d'inflation que s'est fixé l'institution de la zone euro, la poussant à se servir de sa panoplie d'outils "de manière souple (face) aux nouveaux chocs", selon un communiqué.
La stratégie monétaire initiale de la BCE, adoptée en 1998 et revue en 2003, a été révisée la dernière fois en 2021 avec l'introduction d'un objectif d'inflation de 2% à moyen terme.
Face à un contexte mondial en pleine mutation, la BCE n'a pas voulu de nouveau attendre aussi longtemps pour réajuster sa stratégie.
Le nouvel environnement mondial "donne de nombreuses raisons de s'inquiéter", mais "une chose dont on n'a pas à s'inquiéter, c'est de notre engagement en faveur de la stabilité des prix", a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE en présentant cet audit à Sintra, au Portugal, en amont d'un séminaire annuel démarrant lundi soir.
Face aux nouveaux défis, l'ensemble des instruments de politique monétaire dont dispose les gardiens de l'euro — taux directeurs, interventions sur les marchés obligataires, de manière indifférenciée ou en ciblant des États, prêts géants et conditionnés accordés aux banques,... — "demeureront dans la panoplie", indiquent les conclusions.
Mais "le choix, l'élaboration et la mise en œuvre de ces instruments seront suffisamment flexibles pour pouvoir répondre de manière souple aux évolutions de l’environnement de l'inflation".
- Leçons tirées -
Lancé à l'été 2024, l'exercice de revue stratégique de la BCE a visé à tirer les leçons de la crise ayant poussé l'inflation à des niveaux record en 2021 et 2022, notamment via les prix d'énergie et les ruptures de chaînes d'approvisionnement, les banquiers centraux s'attirant des critiques pour avoir trop tardé à réagir.
"Il est important de tirer des leçons" des épisodes passés, et avec cette nouvelle stratégie, "nous nous engageons, en quelque sorte, à l'avance", a expliqué le chef économiste de la BCE, Philip Lane.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE, qui décide de la politique monétaire, tiendra compte "non seulement de la trajectoire la plus probable de l'inflation et de l'économie, mais également des risques et incertitudes qui l'entourent", selon le communiqué.
La BCE s'engage aussi à tenir compte des "effets du changement climatique" et de "la dégradation de la nature" pour conduire la politique monétaire.
Il manque des "mesures concrètes pour décarboner ses opérations (sur les marchés) ou verdir ses garanties (apportées par les banques contre l'octroi de prêts), un dossier bloqué depuis quatre ans", regrette Clarisse Murphy, Chargée de campagne banques centrales au sein de l'ONG Reclaim Finance.
Les annonces du jour ont laissé les observateurs sur leur faim, Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, évoquant un communiqué "très prudent".
"Sans surprise, l'évaluation par la BCE de sa révision de la stratégie de politique monétaire est clairement positive et empreinte d'autosatisfaction", ironise Carsten Brzeski, chez ING.
La prochaine revue de la stratégie de la BCE est prévue pour 2030.
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