Les salles de cinéma se réinventent

information fournie par Le Particulier pour Conso •06/11/2020 à 14:00

Les salles de cinéma se réinventent (Crédits photo : Shutterstock)

Le reconfinement contraint de nouveau les salles de cinéma à fermer leurs portes pour au moins un mois. Si les effets de la crise sanitaire sont désastreux pour les exploitants, beaucoup de grands réseaux tentent d’innover en réinventant l’expérience cinématographique pour ne pas se laisser distancer par les plateformes SVOD.

La lumière à l’écran : un nouveau combat

Il n’y a pas que les smartphones et les télévisions qui innovent en matière de résolution. Les salles de cinéma cherchent toutes à proposer une image d’une qualité inégalable à leurs spectateurs, seul moyen pour faire la différence avec les écrans à la maison. Pour preuve, l’essor de la projection à haut contraste qui équipe actuellement une quarantaine d’écrans ou encore la solution ICE (Immersive Cinéma Experience), installée dans 14 salles du groupe CGR depuis 2017.

Cette technologie consiste à disposer des écrans sur les côtés de la salle afin de plonger le spectateur en immersion. Associée à une projection Laser 4K et au recours au Dolby Atmos et ses 52 sources sonores différentes, le spectateur est comme aspiré dans le film. Les techniciens des salles obscures planchent également sur une nouvelle génération d’écrans équipés de la technologie Samsung Onyx. Finie la toile et le projecteur, place à une énorme dalle noire de 10 mètres de long, parsemée de diodes LED en relief.

A ce jour, seules 2 salles de cinéma en France sont équipées, (la salle 8 du Pathé Beaugrenelle de Paris et le Pathé Onyx de Lyon) pour un résultat impressionnant. L’image gagne en luminosité sans rien sacrifier aux contrastes qui se retrouvent renforcés par des teintes noires encore plus profondes. Les couleurs gagnent en vivacité sans pour autant donner cette impression désagréable de plastique ou de peau en cire que l’on observe sur certains téléviseurs HD. L’image gagne en netteté ce qui donne plus de force à la profondeur de champ. Cette petite révolution a amenée à se développer dans les salles du monde entier et particulièrement adaptée aux films en 3D.

Des salles de cinéma 100% écolos

Miser sur les dernières technologies pour se différencier de la concurrence ne suffit pas. Le réseau de cinéma Utopia l’a bien compris et s’attelle à développer une nouvelle génération de salles de cinéma durables.

L’Utopia Pont-Saint-Marie, près de Troyes, devrait être le premier cinéma à énergie positive, bas carbone, zéro déchets et doté exclusivement de toilettes sèches. C’est un cinéma garanti « sans pop corn ni 3D », assure le réseau Utopia. Le complexe de 4 salles de 298 places est ouvert sur un parc avec au nord 138 m² de noue végétalisée pouvant recueillir les eaux pluviales des toitures.

Coté écrans, l’Utopia joue la carte de la modestie : « Nos salles permettent d’opter pour des projecteurs 2K, laser, 8SLP, nettement moins énergivores, tout en conservant une qualité de projection optimale. Ni 3D, ni son Atmos ne sont nécessaires pour notre type de programmation et la taille de nos salles, ce qui engendre des économies significatives », indique le réseau.

Ainsi, le bilan carbone de 12 ans d’exploitation du complexe correspondrait à un aller-retour en avion pour 5 personnes à Nouméa. Si le financement n’est pas encore tout à fait bouclé, Utopia espère, malgré la crise sanitaire, que sa salle sortira de terre en décembre 2021.

Les salons, nouvelles salles de cinéma

Ces innovations sont nécessaires pour les exploitants. Le confinement stimule l’imagination de certains startuppers. Outre la concurrence déjà féroce des plateformes de SVOD comme Netflix ou Amazon, de nouveaux acteurs font leur entrée sur le marché.

C’est le cas de la start-up française Cinémur, leader sur le marché de la réalité virtuelle , qui a lancé cet été 2020 le CINEVR, une salle de cinéma 100% virtuelle et immersive pour voir des films 2D, 3D et 360° seul ou entre amis depuis chez soi. La plateforme propose un catalogue d’une centaine de films disponibles en réalité virtuelle.

Pour se faire, le particulier doit posséder au préalable un casque de réalité virtuelle (Oculus Go, Oculus Rift S, Samsung Gear VR, HTC Vive…). Non seulement il peut louer un film durant 48 h mais il est également possible de participer à une séance collective à distance. Avant que le film ne démarre, chacun est invité à se connecter dans une sorte de hall virtuel afin d’échanger. Cette sorte de réseau social du cinéma pourrait bien séduire les amateurs de réalité virtuelle.

2020, l’annus horribilis du cinéma mondial

Elle avait très mal commencé cette année pour les salles de cinéma. Si avant la crise de la Covid-19, les mois de janvier et février 2020 affichaient une baisse de la fréquentation de 20 %, selon le CNC (du jamais vu en 10 ans !), le reste de l’année 2020 est une lente descente aux enfers pour l’industrie.

Les blockbusters fuient les salles obscures pour les plateformes de SVOD comme le Mulan de Disney ou retardent leur sortie au printemps voire à l’été 2021. Pendant ce temps-là, la fréquentation s’effondre avec au moins de juin et juillet 2020 des baisses respectives de 91 % et 74 % par rapport à 2019, selon le CNC. Le reconfinement en France pourrait d’ailleurs définitivement signer la mort de certaines petites salles de cinéma.