
L'ex-députée LFI Raquel Garrido (2e à d), le député Alexis Corbière (c) et leur avocat Xavier Sauvignet (g) au palais de justice de Paris, le 14 mars 2025 ( AFP / Thomas SAMSON )
Un ancien journaliste du Point a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir accusé à tort les ex-LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière, d'avoir employé une femme de ménage sans papiers, dans un article publié par l'hebdomadaire en 2022.
La 17e chambre a estimé que le journaliste Aziz Zemouri et le directeur de la publication du Point, Etienne Gernelle, ne pouvaient "bénéficier de l'exception de bonne foi", au regard de la "base factuelle lacunaire" de l'enquête.
Le journaliste, qui a depuis cette affaire quitté la rédaction de l'hebdomadaire, a été condamné à une amende de 4.000 euros pour complicité de diffamation et Etienne Gernelle à la même somme pour diffamation publique. Le journaliste et le magazine devront par ailleurs verser conjointement la somme de 6.000 euros à Raquel Garrido et Alexis Corbière au titre des dommages et intérêts.
"Il n'est pas acceptable de publier des articles faux sans aucune vérification", a déclaré Alexis Corbière à l'issue du délibéré. Selon le député de Seine-Saint-Denis, il s'agit d'un "débat d'intérêt général, parce que tout le monde a droit a une information de qualité".
L'affaire remonte à un article publié en ligne le 21 juin 2022 avec la mention "Exclusif" et qui s'intitulait: "L'employée sans papiers de Raquel Garrido et Alexis Corbière".
Le journaliste Aziz Zemouri y mettait en cause les deux membres du couple alors députés LFI de Seine-Saint-Denis, les accusant d'exploiter une femme de ménage sans papiers qu'ils auraient par ailleurs "soumise à des cadences infernales". L'article affirmait également que les députés, résidant à Bagnolet, scolarisaient leurs enfants à Paris.
Dès le lendemain, l'hebdomadaire avait retiré l'article de son site et admis publiquement son caractère "faux" et "mensonger".
Aziz Zemouri avait de son côté présenté ses "excuses les plus sincères", estimant avoir été "victime d'une manipulation".
"Nous avons démontré que son enquête était une farce menée complètement à charge, qu'il n'avait pas pris soin de vérifier ses sources et de les recroiser, qu'il n'avait fait quasiment pas de contradictoire", a souligné Xavier Sauvignet, l'avocat du couple après l'annonce de la condamnation.
- "Probité professionnelle" -
Pendant le procès, la défense d'Aziz Zemouri avait argué du professionnalisme du journaliste "qui est connu de tous pour sa probité professionnelle".
"Même les meilleurs se font avoir", avait affirmé Me David-Olivier Kaminski.

L'avocat français David-Olivier Kaminski au palais de justice de Metz, le 8 septembre 2021 ( AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN )
L'ex-journaliste du Point a toujours affirmé devant les enquêteurs avoir été dupé par une de ses sources, un policier qui lui a donné le tuyau de la femme de ménage sans papiers.
Les investigations ont permis de remonter jusqu'à Rudy Succar, un ex-chauffeur de Jean-Christophe Lagarde, député sortant et candidat UDI opposé à Raquel Garrido.
Après plusieurs interrogatoires, l'ex-chauffeur avait reconnu s'être fait passer pour la femme de ménage auprès du journaliste sur demande pressante voire "obsessionnelle" de Jean-Christophe Lagarde, car celui-ci aurait voulu obtenir un élément compromettant contre sa concurrente. L'ex-député UDI a dénoncé les mensonges "les plus absolus et les plus absurdes".
Jean-Christophe Lagarde, Rudy Succar et Noam Anouar, le contact policier d'Aziz Zemouri, sont tous les trois mis en examen, notamment pour escroquerie en bande organisée, dans cet autre volet de l'affaire dans lequel l'ex-journaliste du Point est partie civile aux côtés du couple Garrido-Corbière.
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