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Turquie: Vers un second tour de la présidentielle, Erdogan en tête
information fournie par Reuters 15/05/2023 à 10:24

Le président turc Tayyip Erdogan à Ankara, en Turquie

Le président turc Tayyip Erdogan à Ankara, en Turquie

par Orhan Coskun, Ece Toksabay et Ali Kucukgocmen

ANKARA (Reuters) - Un second tour de l'élection présidentielle devrait avoir lieu le 28 mai en Turquie alors que le président sortant Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis deux décennies, était crédité d'un score au premier tour plus important qu'anticipé mais insuffisant pour l'emporter dès dimanche soir face à son rival.

Après dépouillement de 99% des bulletins, Recep Tayyip Erdogan était crédité de 49,4% des suffrages, contre 44,96% pour Kemal Kiliçdaroglu, le candidat unique de six mouvements d'opposition, selon le président du Conseil électoral supérieur, Ahmet Yener.

Aucun des deux candidats ne dépasserait donc le seuil de 50% des suffrages nécessaires pour remporter dès le premier tour un scrutin considéré comme un verdict pour le règne de plus en plus autoritaire de Recep Tayyip Erdogan, âgé de 69 ans.

Cette élection est déterminante pour savoir non seulement qui dirigera la Turquie, membre de l'Otan, mais aussi quelle sera l'orientation politique et économique de cette puissance régionale de 85 millions d'habitants, notamment dans ses relations avec la Russie, le Moyen-Orient et l'Occident.

Le scrutin présidentiel se tient parallèlement à des élections législatives dans un contexte de grave crise économique et après le traumatisme causé par le double séisme de février, qui a frappé le sud de la Turquie et fait plus de 50.000 morts, selon les chiffres officiels.

Ce scrutin plus serré qu'attendu provoquait lundi de forts mouvements sur les actifs turcs, avec un recul de plus de 4% de l'indice BIST 100 de la Bourse d'Istanbul.

Le coût d'une garantie contre un risque de défaut de paiement de la Turquie sur sa dette a par ailleurs augmenté à son plus haut niveau depuis six mois tandis que la livre a atteint un creux de deux mois.

LES LÉGISLATIVES, COUP DE POUCE POUR ERDOGAN ?

Alors que Recep Tayyip Erdogan a déclaré devant des partisans en liesse, réunis au siège de son parti, qu'il était largement en tête du premier tour, Kemal Kiliçdaroglu a exprimé sa confiance sur une victoire au second tour et appelé ses partisans à la patience.

Le candidat du Parti républicain du peuple (CHP), ancien haut fonctionnaire âgé de 74 ans, a accusé le Parti de la Justice et du développement (AKP) du président sortant d'interférer dans le dépouillement et le compte-rendu des résultats.

Recep Tayyip Erdogan, qui a obtenu un score supérieur à celui anticipé par les sondages, est apparu confiant et combatif devant ses partisans, disant s'attendre à ce que son avance sur son rival s'allonge avec les résultats officiels.

"Le vainqueur est sans aucun doute notre pays", a déclaré Recep Tayyip Erdogan devant ses partisans en liesse au siège de l'AKP, à Ankara.

Les médias pro-gouvernementaux ont salué le résultat de l'élection, le quotidien conservateur Yeni Safak proclamant "Le peuple a gagné", alors que les résultats préliminaires des élections législatives dessinaient une majorité parlementaire pour l'alliance au pouvoir, ce qui pourrait donner à Erdogan un avantage décisif au second tour de la présidentielle.

Le président turc va aborder le second tour "avec des avantages numériques et psychologiques", a estimé Galip Dalay, membre associé du centre d'analyse de politique étrangère Chatham House.

"Au cours de la campagne précédant le second tour, le président Erdogan devrait mettre l'accent sur la stabilité, puisqu'il conserve déjà la majorité au parlement", a-t-il observé.

UN IMPACT BIEN AU-DELÀ DES FRONTIÈRES

Les derniers sondages réalisés avant l'élection donnaient une légère avance à Kemal Kiliçdaroglu, et deux sondages lui accordaient même vendredi plus de 50% des intentions de vote.

Un troisième candidat à la présidentielle, le nationaliste Sinan Ogan, était crédité de 5,2% des voix. Selon des analystes, il pourrait avoir un rôle décisif au second tour en fonction du candidat qu'il décidera de soutenir ou non.

Quelle qu'en soit l'issue, ce scrutin aura un impact politique presque sans précédent dans l'histoire centenaire de la Turquie, avec des répercussions bien au-delà des frontières nationales.

Une victoire de Recep Tayyip Erdogan, allié du président russe Vladimir Poutine, serait à même de réjouir le Kremlin mais de contrarier l'administration du président américain Joe Biden ainsi que de nombreux dirigeants européens et arabes, dont les relations avec le président sortant turc sont compliquées.

A la tête d'une coalition hétéroclite de six partis, et soutenu également par le Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde, Kemal Kiliçdaroglu a promis de revenir, en cas de victoire, à des politiques économiques plus orthodoxes et de ramener le pays vers son passé démocratique et laïque.

Les détracteurs de Recep Tayyip Erdogan l'accusent de concentrer les pouvoirs, de museler et d'emprisonner les opposants et d'avoir placé sous sa coupe les secteurs des médias, de la justice et de l'économie, encore plus depuis une tentative de coup d'Etat en 2016.

Le président sortant a également fait le ménage dans l'armée avec des procès à répétition après cette tentative de putsch, imputée par Ankara aux partisans du prédicateur Fethullah Gülen, ancien allié d'Erdogan et désormais exilé aux Etats-Unis. Recep Tayyip Erdogan assure respecter la démocratie.

(Reportage Mehmet Emin Caliskan, Bulent Usta, Ezgi Erkoyun, Can Sezer, Deniz Uyar, Huseyin Hayatsever et Jonathan Spicer; version française Camille Raynaud, Tangi Salaün, Bertrand Boucey, Jean Terzian et Blandine Hénault)

2 commentaires

  • 15 mai 10:32

    Si les turcs réélisent ce dictateur, la Turquie se russifiera et la situation du peuple sera pire!!!


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