Rupture avec l'Allemagne, "rapprochement stratégique" avec la Russie : les grandes lignes du programme diplomatique de Marine Le Pen

information fournie par Boursorama avec Media Services •14/04/2022 à 09:14

"Rapprochement stratégique" entre l'Otan et la Russie, climat, rupture de la coopération militaro-industrielle avec l'Allemagne: voici les principaux points de la politique diplomatique de la candidate à l'élection présidentielle Marine Le Pen.

Marine Le Pen, le 13 avril 2022, à Paris ( AFP / Emmanuel DUNAND )

LA "METHODE" LE PEN

La candidate d'extrême droite a promis de mettre au "coeur de son action diplomatique" trois principes : "indépendance, équidistance et constance".

"A la diplomatie bavarde et ouverte d'Emmanuel Macron, je substituerai la diplomatie du silence et de l'action confidentielle", a-t-elle ajouté.

UKRAINE: PAS DE LIVRAISON D'ARMES LOURDES

Marine Le Pen s'est dite prête à livrer des "éléments de défense" à l'Ukraine - sous-entendu des armes non létales - mais pas des armes lourdes qui feraient selon elle de la France un "cobelligérant" au côté des Ukrainiens face à la Russie.

RUSSIE

La candidate RN a plaidé pour un "rapprochement stratégique entre l'Otan et la Russie", une fois la guerre russo-ukrainienne "réglée par un traité de paix".

"C'est l'intérêt de la France et de l'Europe, mais aussi je crois des États-Unis qui n'ont (...) aucun intérêt à voir émerger une étroite union sino-russe".

CHINE

Mme Le Pen souhaite en finir avec la "soumission" à l'égard de Pékin. "Nous contribuerons à faire respecter le droit international, le droit maritime, y compris par la Chine populaire, dans les régions du globe où la puissance française est présente", a-t-elle exposé.

Elle précise en outre que l'Agence française de développement (AFD) n'a pas vocation à financer la concurrence chinoise, le développement économique de la Chine "sous couvert de développement durable ou vert".

FRANCE ET OTAN

Marine Le Pen a redit son souhait de voir la France quitter le commandement intégré de l'Otan. "Je ne placerai simplement jamais nos forces armées sous un commandement qui ne relève pas de la souveraineté nationale française, ni sous un commandement intégré de l'Otan ni sous un futur commandement européen".

Infographie sur le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui seront opposés au second tour de l'élection présidentielle française le 24 avril ( AFP / )

ALLEMAGNE: FIN DE LA COOPERATION MILITARO-INDUSTRIELLE

La candidate d'extrême droite a accusé le président sortant de ne pas "défendre les intérêts de la France" face à l'Allemagne et réitéré sa volonté de rompre tous les accords de coopération militaro-industriels conclus depuis 2017.

Dans le domaine militaire, "nous arrêterons l'ensemble des coopérations avec Berlin : avion de combat comme char du futur, pour poursuivre nos propres programmes de remplacement du char Leclerc et du Rafale", a-t-elle dit, en faisant état de "divergences stratégiques irréconciliales".

Mme Le Pen a assuré toutefois ne "nourrir aucune hostilité à l'endroit de la Nation allemande" et appelé de ses voeux le "renforcement des relations" bilatérales dans le domaine éducatif et culturel.

EUROPE: "REFORMER l'UE DE L'INTERIEUR"

Marine Le Pen a réitéré sa volonté de rester dans l'Union européenne mais pour la "réformer de l'intérieur", en affirmant la supériorité du droit national, ce qui pour ses détracteurs reviendrait à un "Frexit" (sortie de la France de l'UE).

Elle veut agir en lien avec ses alliés hongrois et polonais, qualifiant en revanche le "moteur franco-allemand de l'UE de quasi-fiction".

ACCORD DE PARIS

Mme Le Pen ne souhaite pas sortir de l'accord de Paris, soulignant cependant que la crise climatique "ne constitue pas la priorité" de sa politique étrangère. Elle plaide davantage pour des coopérations bilatérales ou transfrontalières en matière environnementale.

PROCHE-ORIENT

Elle a promis de faire du Liban une de ses priorités, afin de l'aider à se redresser économiquement, en lien avec "Israël, les Etats-Unis, la Russie et l'Iran", ou encore l'Arabie saoudite.

Dans le conflit israélo-palestinien, Marine Le Pen a défendu la "solution à deux Etats", en ligne avec la diplomatie française actuelle, se félicitant aussi du rapprochement entre Israël et un certain nombre de pays arabes.

"Les Emirats arabes unis comme Oman sont des pays sur lesquels la France peut s'appuyer pour faire reculer l'idéologie islamiste", a-t-elle ajouté, sans citer l'Arabie saoudite.

Mme Le Pen a plaidé également pour le rétablissement des relations diplomatiques avec la Syrie, à l'encontre du chef de l'Etat sortant.

UNION FRANCOPHONE

Mme Le Pen veut promouvoir une "union francophone" aux dimensions culturelle, politique et économique. "La francophonie institutionnelle doit être un instrument de réussite pour le développement du continent africain", a-t-elle mis en avant. Elle envisage "la création d'une Agence francophone de promotion de l'industrialisation en Afrique".