Passage aux 30 km/h à Paris : faut-il craindre une hausse des prix des taxis ?

information fournie par Boursorama avec Media Services •31/08/2021 à 13:21

D'après les premiers calculs de l'Union nationale des taxis Paris, si la circulation dans la capitale se fluidifie, "il n'y aura pas d'augmentation du tarif de la course".

( AFP / THOMAS SAMSON )

Alors que depuis lundi 30 août la quasi-totalité des rues de Paris est limitée à 30km/h , la mesure, censée fluidifier le trafic routier et diminuer la place de la voiture dans la capitale, aura-t-elle une conséquence sur le prix des courses de taxis ? "C’est vrai que si jamais le taxi roule longtemps, lentement, automatiquement la course va augmenter", a déclaré lundi sur RTL Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, chargé des Petites et Moyennes Entreprises, lui même ancien chauffeur taxi.

Les taxis parisiens utilisent en effet un compteur horokilométrique : ce compteur bascule automatiquement sur le tarif horaire au lieu du tarif kilométrique, lorsque le taxi est à l'arrêt ou en marche lente. "C'est à dire qu’il y a un prix au kilomètre et un prix à l'attente", pour prendre en compte le trafic, a expliqué Alain Griset. Ces tarifs sont fixés chaque année par arrêté ministériel.

Vers une modification des modes de calcul des courses ?

"On a eu des inquiétudes, des questions, des collègues qui nous appellent", a indiqué à l' AFP Mouhssine Berrada, président de l'Union nationale des taxis Paris. D'après les premiers calculs de son organisation, si la circulation dans la capitale se fluidifie effectivement, "il n'y aura pas d’augmentation du tarif de la course, le client ne payera pas plus cher", indique-t-il.

"Mais si la situation demeure difficile et qu’on met plus de temps à prendre en charge la clientèle, on va demander à l'intersyndicale d’entrer en contact avec la Mairie de Paris", a-t-il ajouté, estimant qu'il ne "peut pas s'avancer maintenant" sur une éventuelle future hausse de prix. Il cite également le cas des courses entre les aéroports d'Orly et Roissy et Paris intramuros : les tarifs sont et restent forfaitaires, même si les taxis sont plus lents.

De son côté, la mairie de Paris assure vouloir prendre en compte le problème soulevé. "Nous allons rencontrer les taxis et nous porterons auprès de l'organisme de tutelle, le ministère des Transports notamment, des propositions pour modifier les modes de calcul. Nous allons en discuter avec eux de façon à ce que tout le monde puisse s'y retrouver", a assuré sur franceinfo David Belliard, adjoint EELV à la mairie de Paris chargé des Transports.

"Améliorer la sécurité" et "diminuer" les nuisances sonores

Stress, trajets rallongés, plaintes de clients : selon les chauffeurs de taxis, les premiers effets de la limitation de vitesse se faisaient déjà ressentir lundi. "Un client était un peu furieux car il faut prendre 5-10 minutes de plus par rapport à d'habitude", raconte Smail Chekimi, chauffeur de taxi depuis 28 ans. Il fustige une décision "incompréhensible", et regrette qu'elle s'applique aux voies bus où la circulation est souvent fluide et où il peut rouler sans problème à 50 km/h, "des fois même à 55".

Selon la mairie de Paris, cette mesure, prise en concertation avec la préfecture de police, vise d'abord à "améliorer la sécurité des piétons et des cyclistes" et "diminuer" les nuisances sonores, comme l'a rappelé David Belliard lundi, assurant qu'il ne s'agissait pas "d'une mesure anti-voiture". Elle a aussi pour but d'"adapter" la ville au changement climatique.

Malgré la généralisation de cette nouvelle limitation de vitesse, les boulevards des Maréchaux, deux portions des quais de Seine, certaines voies des bois de Boulogne et Vincennes, quelques grands axes (l'avenue des Champs-Elysées, l'avenue Foch, l'avenue de la Grande-Armée...) resteront limités à 50 km/h. Pas de changement non plus pour le boulevard périphérique : la vitesse maximale autorisée sera toujours de 70 km/h.

Selon une consultation menée fin 2020 par la Ville, "59% des Parisiens sont favorables à la réduction de la vitesse à 30 km/h dans les rues de la capitale à la condition que certains axes restent à 50 km/h". Les Franciliens favorables sont en revanche minoritaires (36%).