
Conséquences d'une frappe israélienne sur une maison, à Khan Younis
par Nidal al-Mughrabi
L'armée israélienne a mené jeudi de nouvelles frappes meurtrières sur la bande de Gaza, faisant au moins 85 morts selon les secours sur place, alors que des efforts de médiation se poursuivaient à Doha en marge de la tournée de Donald Trump dans le Golfe.
La plupart des victimes, dont des femmes et des enfants, ont été recensées à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, où les bombardements ont visé des maisons et des tentes, d'après la même source.
Hassan Samour, journaliste travaillant pour la chaîne de radio Aqsa contrôlée par le Hamas, a péri à son domicile avec 11 membres de sa famille, ont ajouté les secours.
A Djabalia, dans le nord du territoire, le ministère de la Santé de Gaza a déclaré qu'au moins 15 personnes avaient été tuées dans le bombardement d'une clinique.
L'armée israélienne a par la suite annoncé que l'armée de l'air avait visé ces deux derniers jours 130 cibles liées selon elle à des groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza.
Le Hamas a accusé Israël "de tenter désespérément de négocier sous couvert de tirs", allusion aux négociations indirectes entre les deux belligérants que tentent d'organiser à Doha émissaires qataris, américains et égyptiens, et qui n'ont pour l'heure débouché sur aucun résultat concret.
Au moins 80 personnes avaient déjà été tuées mercredi dans une série de raids aériens visant notamment Djabalia.
Cette intensification des frappes israéliennes intervient alors que les Palestiniens espéraient que la tournée de Donald Trump au Moyen-Orient se traduirait par une pression favorable à une désescalade.
Elle coïncide également avec la commémoration par les Palestiniens de la "Nakba" (catastrophe), l'exode de centaines de milliers d'entre eux après le déclenchement de la première guerre israélo-arabe lors de la création de l'Etat d'Israël et de l'expiration du mandat britannique le 15 mai 1948.
TRUMP VEUT TRANSFORMER GAZA EN "ZONE DE LIBERTÉ"
Israël a lancé sa campagne militaire à Gaza en représailles à l'attaque du Hamas contre le sud du pays, le 7 octobre 2023, qui a fait environ 1.200 morts, selon les décomptes israéliens, et donné lieu à la capture de 251 otages.
L'offensive israélienne a depuis coûté la vie à près de 53.000 Palestiniens, selon les autorités sanitaires de Gaza. Les quelque 2,3 millions d'habitants de l'enclave côtière, totalement privée d'aide humanitaire depuis un blocus total de son approvisionnement imposé le 2 mars par Israël, sont au bord de la famine, selon les agences internationales.
"Au moment où les médiateurs s'efforcent de remettre les négociations sur les rails, [Israël] répond par une pression militaire sur des civils innocents", a estimé le Hamas.
"Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu veut une guerre totale et ne se préoccupe pas du sort de ses otages", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Dans un autre communiqué publié plus tard dans la journée de jeudi, le Hamas a déclaré qu'il s'attendait à ce que l'aide reprenne à Gaza et que les pourparlers de cessez-le-feu soient relancés.
"Si ces mesures ne sont pas prises, et en particulier si l'aide humanitaire à notre peuple n'est pas autorisée, cela jettera une ombre sur les efforts visant à conclure les négociations sur l'échange de prisonniers", souligne le mouvement palestinien.
Le groupe islamiste, qui a libéré lundi Edan Alexander, le dernier otage américain vivant connu, avant la visite du président américain dans le Golfe, se dit prêt à libérer tous les derniers otages du 7-Octobre en échange d'un arrêt des hostilités, tandis qu'Israël, qui s'est fixé pour but d'éradiquer le Hamas de la bande de Gaza, évoque la perspective de trêves temporaires.
Lors de sa tournée au Moyen-Orient, le président américain Donald Trump a réaffirmé vouloir que les Etats-Unis prennent le contrôle de l'enclave, réduite à l'état de ruines, pour en faire une "zone de liberté", plus de trois mois après avoir choqué l'ensemble du monde arabe avec son projet de transformer le territoire en "Riviera du Proche-Orient".
"Il n'y a pratiquement plus un bâtiment debout. Ce n'est pas comme si on essayait de sauver quelque chose", a déclaré le président américain lors d'une rencontre avec des hommes d'affaires au Qatar. "Les gens vivent sous les ruines d'immeubles effondrés, ce qui n'est pas acceptable."
"Je veux voir Gaza devenir une zone de liberté. Et si nécessaire, je pense que je serais fier que les Etats-Unis l'aient, la prennent et en fassent une zone de liberté",
La bande de Gaza n'est pas "un bien immobilier à vendre", a réagi Bassem Naïm, un responsable du Hamas.
(Jean-Stéphane Brosse et Mara Vîlcu pour la version française, édité par Sophie Louet)
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