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Les relations entre Biden et Netanyahu tendues davantage par le vote à l'Onu sur Gaza
information fournie par Reuters 26/03/2024 à 02:00

par Matt Spetalnick

Les relations entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se sont dégradées lundi à leur pire niveau depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, après que Washington a permis l'adoption à l'Onu d'une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat dans l'enclave palestinienne.

L'Onu vote en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza, le Hamas prêt à un échange de prisonniers

En réaction au vote au Conseil de sécurité de l'Onu, Benjamin Netanyahu a subitement annulé la visite prévue cette semaine à Washington d'une délégation israélienne de haut rang pour discuter de l'offensive que prévoit de mener l'Etat hébreu à Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza.

La décision du dirigeant israélien vient entraver davantage les efforts des Etats-Unis pour le convaincre d'étudier des alternatives à une opération terrestre à Rafah, alors que Washington s'inquiète d'une crise humanitaire qui ne cesse d'empirer dans la bande de Gaza, assiégée depuis près de six mois par l'armée israélienne en réponse à l'attaque du Hamas.

Israël, qui a commencé en février à bombarder Rafah, où s'est réfugiée environ la moitié des 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza déplacés par les combats, répète son intention de mener un assaut dans la ville considérée comme l'ultime refuge pour les civils palestiniens.

Cette position a nourri les tensions avec les Etats-Unis, allié de longue date d'Israël, et soulevé des questions sur de possibles restrictions par Washington des aides militaires apportées à l'Etat hébreu si Benjamin Netanyahu venait à faire fi des recommandations de Joe Biden et ordonner à son armée d'envahir Rafah.

"NET REPLI"

"Cela montre que la confiance entre l'administration Biden et Netanyahu pourrait se briser", a commenté Aaron David Miller, ancien négociateur du département d'Etat américain pour le Moyen-Orient au sein d'administrations démocrates et républicaines. "Si la crise n'est pas gérée avec soin, elle va continuer d'empirer", a-t-il ajouté.

La décision des Etats-Unis de s'abstenir lors du vote organisé lundi au Conseil de sécurité de l'Onu, permettant l'adoption d'une résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages, pour la première fois depuis le début du conflit, semble illustrer la frustration grandissante de Joe Biden à l'égard de Benjamin Netanyahu.

Jusqu'alors, les Etats-Unis, qui disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité en tant que membre permanent, s'en étaient globalement tenu à leur politique de longue date de protection d'Israël à l'Onu.

Sauf que Joe Biden, qui brigue une réélection à la présidence américaine en novembre prochain, fait face à des pressions accrues de la part des alliés de Washington, mais aussi d'un nombre croissant de ses pairs démocrates, pour convaincre Israël de faire preuve de retenue dans son offensive à Gaza, dont l'objectif annoncé est d'"éradiquer" le Hamas.

Benjamin Netanyahu doit composer lui aussi avec des défis internes: les membres de sa coalition gouvernementale issus de l'extrême droite demandent une "ligne dure" face aux Palestiniens, les familles des otages encore détenus dans la bande de Gaza doutent des efforts mis en oeuvre pour les libérer et des manifestations récurrentes appellent à sa démission.

Alors que ses services annonçaient l'annulation de la visite d'une délégation de haut rang à Washington, le Premier ministre israélien a estimé que l'absence de veto américain au texte présenté lundi au Conseil de sécurité de l'Onu marquait un "net repli" par rapport à de précédents votes et nuirait aux efforts de guerre israéliens.

PAS DE "COUP FATAL"

Des représentants américains ont indiqué que la décision israélienne a laissé perplexe l'administration Biden, qui y voit une réaction excessive. Ils ont souligné que Washington n'a pas changé sa politique.

Pendant plusieurs mois, les Etats-Unis n'ont cessé de soutenir l'offensive menée par Israël dans la bande de Gaza en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre lors de laquelle 1.200 personnes ont été tuées. Ils s'étaient globalement abstenus d'utiliser le terme de "cessez-le-feu" et avaient utilisé leur droit de veto à l'Onu pour bloquer des projets de résolution liés à Gaza.

Mais, dans un contexte de situation humanitaire catastrophique à Gaza, où la famine guette, en plein mois sacré du ramadan, et alors que les appels internationaux en faveur d'une trêve se multiplient, Washington a laissé lundi les 14 autres membres du Conseil de sécurité approuver une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans l'enclave.

Selon le dernier bilan des autorités sanitaires locales, environ 32.000 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza.

Aux yeux d'analystes, le défi pour Joe Biden et Benjamin Netanyahu, désormais, est d'empêcher leurs divergences de devenir hors de contrôle.

Il n'y a pas eu de "coup fatal" dans leurs relations, a estimé Jon Alterman, directeur du programme Moyen-Orient au Centre d'études internationales et stratégiques (CSIS), un cercle de réflexion basé à Washington. "La porte n'est pas fermée à quoi que ce soit", a-t-il dit.

"LIGNE ROUGE"

Signe que les communications étroites se poursuivent entre les gouvernements américain et israélien, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a pris part comme prévu lundi à Washington à des réunions de haut niveau, peu après que Benjamin Netanyahu a annoncé l'annulation d'une visite distincte.

Reste que l'abstention des Etats-Unis lors du vote à l'Onu vient ajouter aux tensions entre Joe Biden et Benjamin Netanyahu, qui se connaissent depuis des années mais qui, même en des périodes moins sombres, ont toujours eu des relations compliquées.

Plus tôt ce mois-ci, le locataire démocrate de la Maison blanche a déclaré dans un entretien à la chaîne de télévision MSNBC qu'il considérait une offensive à Rafah comme une "ligne rouge". Il a toutefois ajouté que la défense d'Israël était "cruciale" et a rejeté l'idée d'un arrêt des aides militaires.

De son côté, faisant fi des commentaires de Joe Biden, Benjamin Netanyahu a répété qu'Israël mènerait une opération à Rafah, seule zone de la bande de Gaza où les soldats israéliens ne sont pas encore intervenus au sol depuis octobre dernier.

Il n'y a pour l'heure aucun signe d'un assaut israélien imminent à Rafah, ont déclaré des représentants américains.

La semaine dernière, le chef de la majorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, a décrit Benjamin Netanyahu comme un obstacle pour la paix et appelé à la tenue de nouvelles élections en Israël pour le remplacer. Joe Biden a estimé qu'il s'agissait d'un "bon discours".

AUCUN SIGNE DE FLÉCHISSEMENT

Le 'speaker' de la Chambre américaine des représentants, le républicain Mike Johnson, a lui fait savoir la semaine dernière qu'il envisageait d'inviter Benjamin Netanyahu à s'exprimer devant le Congrès, après que le Premier ministre israélien a tenu une réunion par visioconférence avec des sénateurs républicains.

Une telle invitation pourrait être considérée comme une "pique" à l'adresse de Joe Biden, en offrant à Benjamin Netanyahu une plateforme de premier plan pour exprimer ses griefs à l'égard de l'administration américaine.

Le sénateur démocrate Sheldon Whitehouse a déclaré à Reuters que Benjamin Netanyahu semblait travailler avec les républicains pour se servir des relations entre les Etats-Unis et Israël comme d'une "arme en faveur de la droite".

En campagne pour un second mandat à la Maison blanche, Joe Biden dispose d'options limitées, entre la volonté de ne pas donner aux républicains matière à utiliser auprès des électeurs pro-Israël et la nécessité de répondre à la contestation des démocrates progressistes mécontents de son soutien à Israël.

De son côté, Benjamin Netanyahu, conscient du fait que les sondages le donnent largement battu si des élections venaient à avoir lieu maintenant, sait qu'une grande partie de la population israélienne, encore sous le choc de l'attaque du Hamas, veut la poursuite de l'offensive à Gaza.

Le dirigeant israélien apparaît donc disposé à tester les limites de la tolérance de Washington.

Aucun signe ne laisse envisager que l'Etat hébreu est prêt à répondre aux appels à la retenue, en dépit du risque grandissant de se retrouver isolé sur la scène internationale, alors que le gouvernement d'unité nationale mis en place au début du conflit continue de soutenir la guerre dans la bande de Gaza.

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, issu de l'extrême droite, a déclaré qu'Israël était un partenaire des Etats-Unis mais n'était pas sous leur "tutelle".

(Matt Spetalnick, avec Steve Holland, Jonathan Landay et Arshad Mohammed à Washington, James Mackenzie et Dan Williams à Jérusalem; Jean Terzian pour la version française)

2 commentaires

  • 26 mars 12:40

    Et certains viendront nous affirmer qu'Israël est un Etat démocratique...Mais comment un Etat qui depuis des dizaines d'années favorise la colonisation, manipule les lois pour justifier l'expropriation de palestiniens, se moque des décisions et des condamnations internationales dénonçant cela, peut il être "démocratique" ? En fait depuis Netanyahou, on sait que lui et quelques autres extrémistes, refusent toute solution politique.


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