
Le président américain Donald Trump annonce des droits de douane réciproques à la Maison Blanche, à Washington, aux Etats-Unis, le 2 avril 2025 ( AFP / Brendan SMIALOWSKI )
Engagé dans une bataille juridique autour de ses droits de douane, le président américain, Donald Trump, a ravivé vendredi les tensions commerciales avec la Chine en accusant Pékin de ne pas respecter les termes de l'accord de détente négocié il y a deux semaines entre les deux pays à Genève.
"Sans grande surprise, la Chine a totalement violé son accord avec nous", a dénoncé M. Trump dans un message sur son réseau Truth Social, sans préciser quelles actions menées par Pékin il visait. "Cela m'apprendra à vouloir être gentil", a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis et la Chine étaient parvenus à un accord le 12 mai à Genève afin de suspendre temporairement l'escalade commerciale qui avait porté les droits de douane sur les produits américains à 125% et ceux appliqués aux produits chinois à 145%.
Après deux jours de rencontre, Washington et Pékin avaient accepté de réduire temporairement leurs droits de douane pour les abaisser à respectivement 30% et 10%, s'engageant à poursuivre les discussions en vue d'un accord commercial.
Mais le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a reconnu jeudi que ces discussions étaient "un peu au point mort", ajoutant espérer que Donald Trump rencontrerait prochainement son homologue Xi Jinping pour débloquer les négociations.
Interrogé vendredi sur les propos de M. Bessent, Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a répondu lors d'un point de presse que la Chine avait "déjà clairement exprimé sa position sur les droits de douane à de nombreuses reprises".
Les marchés financiers ont réagi de manière mitigée à ces nouveaux soubresauts. Wall Street a reculé à l'ouverture, comme les bourses asiatiques, ces querelles judiciaires sur les droits de douane ayant à nouveau attisé les incertitudes.
En Europe, Paris était aussi en baisse, mais Londres, Milan et Francfort étaient dans le vert, alors que l'UE s'est dite "pleinement investie" pour parvenir à un accord avec les États-Unis.
Le nouveau coup de sang du président Trump survient deux jours après que le tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) a estimé que le président américain avait outrepassé ses pouvoirs en imposant des surtaxes non ciblées, alors qu'il s'agit d'une prérogative du Congrès.
Cette décision bloquait dès lors tant les droits de douane imposés au Canada, au Mexique et à la Chine que ceux dits "réciproques" infligés début avril à plusieurs pays.
- Discussions avec l'Europe -
D'autres surtaxes n'étaient en revanche pas concernées: celles visant des secteurs d'activité particuliers, comme l'acier et l'aluminium ou l'automobile.
Mais moins de 24 heures plus tard, une cour d'appel a suspendu la décision de première instance, le temps de se prononcer sur le fond.
En parallèle, un autre tribunal, à Washington, a estimé que les surtaxes visant le Canada, le Mexique et la Chine étaient "illégales" et ne pouvaient être collectées, assortissant sa décision d'un sursis le temps d'un éventuel appel.
Saluant sa victoire en appel, le président américain a attaqué jeudi l'ITC, le qualifiant d'"horrible" et réclamant que sa décision soit "rapidement et résolument" inversée.
Conscient que son répit n'est que temporaire, il a estimé que si la décision de l'ITC était maintenue, cela "détruirait complètement le pouvoir présidentiel - la présidence ne serait plus jamais la même!"
Il s'est aussi agacé de voir la décision de première instance accueillie avec soulagement en dehors des Etats-Unis.

Des cargos et conteneurs au port de Ningbo-Zhoushan à Ningbo, dans la province du Zhejiang, en Chine, le 28 mai 2025 ( AFP / Hector RETAMAL )
Après la décision de l'ITC, la Chine avait pressé Washington d'"annuler totalement les droits de douane unilatéraux injustifiés", par la voix d'une porte-parole du ministère du Commerce.
Le Premier ministre canadien, Mark Carney, avait lui salué la suspension de ce qu'il considère être des droits de douane "illégaux et injustifiés".
Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, après avoir échangé avec le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, avait assuré sur X que trouver une solution restait "une priorité absolue de l'UE".
Selon une source européenne, de nouvelles discussions pourraient avoir lieu mardi ou mercredi, en marge d'une réunion ministérielle à Paris de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, qui regroupe essentiellement des pays occidentaux).
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