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L'impact des hausses de taux se fait attendre, les entreprises perplexes
information fournie par Reuters 09/07/2023 à 17:19

Le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort

Le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort

par Leigh Thomas et Mathieu Rosemain

AIX-EN-PROVENCE (Reuters) - Un temps inhabituellement long pour que les hausses de taux se diffusent à travers l'économie laisse les chefs d'entreprises perplexes, incapables de savoir s'ils doivent se préparer à un atterrissage brutal ou en douceur.

Bien que les banquiers centraux aux Etats-Unis et en Europe aient relevé les taux au rythme le plus soutenu depuis plusieurs décennies pour tenter d'endiguer la flambée d'inflation, la plupart des économies ont échappé jusqu'ici aux récessions douloureuses que les précédents cycles de resserrement monétaire ont provoquées.

Face à cet effet-retard, les dirigeants croisés aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, ce week-end, s'interrogeaient pour savoir quand, et dans quelle mesure, la hausse du loyer de l'argent les affecterait, surtout si d'autres tours de vis suivent.

"Il n'existe pour le moment pas de réel consensus sur l'augmentation des taux chez l'ensemble des acteurs économiques", a dit à Reuters Jérémie Delecourt, directeur général délégué de la société de private equity Ardian.

"Que chacun se pose la question rend la situation intéressante. Il y a ceux qui restent optimistes, et d'autres plus pessimistes."

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a déclaré lors d'une intervention à Aix que le point haut pour les taux de la zone euro était proche après une augmentation cumulée de quatre points de pourcentage sur l'année écoulée.

Mais il a également indiqué que les taux d'intérêt seraient maintenus à un niveau élevé aussi longtemps qu'il le faudra pour garantir que l'inflation revienne vers l'objectif de 2% de la Banque centrale européenne d'ici 2025.

La BCE a porté ses taux le mois dernier à leur plus haut niveau en 22 mois et promis une haute hausse ce mois-ci, avec la possibilité d'un tour de vis supplémentaire en septembre.

Jean-Louis Girodolle, qui dirige la banque Lazard en France, a estimé de son côté devant un panel que les banques centrales risquaient de lutter contre l'inflation avec le même zèle que face à la déflation, et d'aller trop loin.

"L'autre scénario, que moi je redoute, c'est celui de l'atterrissage manqué, c'est celui du 'quoi qu'il en compte' à l'envers", a-t-il dit, faisant référence à la promesse de l'ancien président de la BCE Mario Draghi en 2012 pour surmonter la crise de la dette de la zone euro.

"CA VA MORDRE"

L'impact des hausses de taux se fait sentir moins vite que d'habitude parce que de nombreux ménages et de nombreuses entreprises ont abordé cette période de renchérissement de l'argent avec des niveaux de cash solide, fruit d'importantes économies réalisées pendant l'épidémie de coronavirus.

"La transmission (de la politique monétaire) se fait attendre, mais ça va mordre, je dirais vers la fin de cette année", a indiqué Aylin Somersan Coqui, responsable de l'assureur crédit à l'export allemand Allianz Trade.

"Je vois une bonne dose d'optimisme sur le court terme, mais je vois beaucoup de risques baissiers s'il y a une erreur de politique, en particulier de la part des banques centrales", a-t-elle ajouté.

Selon elle, les hausses de taux commenceraient en effet à mordre à un moment où les bénéfices des sociétés et la croissance globale de l'économie commenceraient à se tasser, tandis que les élections qui approchent dans de nombreux pays l'an prochain pourraient entraver les efforts des gouvernements à aider les entreprises en difficulté.

Bien que les défauts de sociétés soient à la hausse dans beaucoup de pays, ils demeurent inférieurs à leurs niveau d'avant la pandémie car de nombreuses entreprises ont une dette à taux fixe contractée quand les taux étaient ultra-bas.

La question se poser les mois à venir lors des opérations de refinancement.

"Nous pouvons nous attendre à ce que les niveaux de dette soient ajustés au cas par cas sans provoquer de crise systémique", a dit Daniel Barneix, à la tête de l'AFTE, l'association française des trésoriers d'entreprises et également directeur financier adjoint du géant français des matériaux de construction Saint-Gobain.

Malgré l'ensemble de ces risques et incertitudes, les tenants d'une politique monétaire stricte estiment qu'il reste préférable de resserrer un peu trop les taux que de voir le combat contre l'inflation élevée faire long feu.

"Il faut vraiment éviter d'être accommodant sur les taux parce qu'alors, il y a un gros risque que l'inflation fasse son retour, et alors ce sera dur et de longue durée", a prévenu à Reuters Veronika Grimm, une des cheffes économistes du gouvernement allemand.

(Gilles Guillaume pour la version française)

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