
Explosion dans le centre de Téhéran, le 15 juin 2025 ( AFP / Atta KENARE )
Israël a multiplié dimanche les frappes à travers l'Iran, visant la capitale Téhéran, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations de missiles dans l'ouest, au troisième jour de son offensive aérienne.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles depuis vendredi sur Israël, qui ont touché des zones habitées et détruit des immeubles.
En Iran, une frappe israélienne a visé dimanche un immeuble d'habitation dans le centre de Téhéran, faisant au moins cinq morts selon la télévision.
Un journaliste de l'AFP sur les lieux a fait état de "deux explosions" à quelques minutes d'intervalle, à proximité du ministère iranien des Communications.
Pour protéger la population, le gouvernement iranien a décidé que les mosquées, les stations de métro et les écoles allaient servir d'abris dès dimanche soir.
En Israël, les sirènes ont retenti dans l'après-midi puis dans la soirée et la population a été appelée à descendre dans les abris, à l'approche de nouvelles attaques de missiles iraniens.
Ces attaques ont fait dix morts et plus de 200 blessés dans le pays depuis samedi soir, selon les secours et la police, 13 morts au total et 380 blessés depuis vendredi.
En Iran, au moins 128 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées et environ 900 blessées vendredi et samedi dans les frappes israéliennes, selon un média local.

Des secouristes fouillent les décombres après une frappe de missile iranienne à Bat Yam, dans le centre d'Israël, le 15 juin 2025 ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
Israël a lancé vendredi cette attaque d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire.
Après des décennies de guerre par procuration et d'opérations ponctuelles, c'est la première fois que les deux pays ennemis s'affrontent militairement avec une telle intensité.
- A 2.300 kilomètres d'Israël -
Dimanche, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé l'aéroport de Machhad, la troisième ville d'Iran, située à l'extrémité nord-est du pays à environ 2.300 kilomètres d'Israël.

Un incendie s'est déclaré dans un dépôt de carburant à Téhéran, le 15 juin 2025 ( AFP / ATTA KENARE )
Il s'agit, selon l'armée, de la frappe la plus lointaine en territoire iranien menée depuis vendredi.
Des médias iraniens ont signalé "des explosions et des incendies" en deux endroits de la ville et des détonations près de l'aéroport.
L'armée israélienne a également annoncé avoir commencé à frapper "des dizaines" d'installations de missiles sol-sol dans l'ouest de l'Iran.
M. Netanyahu a par ailleurs déclaré sur la chaîne américaine Fox News qu'Israël avait "détruit la principale installation" du site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait indiqué vendredi que la partie en surface de cette usine avait été détruite par les frappes israéliennes.
Le Premier ministre a également indiqué que le chef du renseignement iranien et son adjoint avaient été tués dimanche dans une frappe à Téhéran.
Des dizaines de cibles ont été visées dans la capitale, notamment des sites liés au nucléaire et deux dépôts de carburant.

Files de voiture attendant de quitter Téhéran, le 15 juin 2025 ( AFP / Atta KENARE )
Dimanche après-midi, un champignon de fumée s'élevait au-dessus du centre de la ville.
Cafés, magasins et boutiques avaient néanmoins rouvert et la circulation a repris.
Mais le chef de la police routière, Ahmad Karami, a signalé un "trafic intense" aux sorties de la capitale.
L'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones "à proximité d'installations militaires".
- "Plus rien" -

Des Israéliens réfugiés dans un abri à Bat Yam, au sud de Tel-Aviv, le 14 juin 2025 ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
A plus de 1.500 kilomètres de là, les sirènes d'alerte avaient retenti dans la nuit dans plusieurs villes d'Israël, après des salves de missiles iraniens qui ont provoqué des destructions à Bat Yam, au sud de Tel-Aviv, et à Tamra, dans le nord.
"Il ne reste plus rien, plus de maison, c'est fini!", a confié Evguenia Doudka, une habitante de Bat Yam. "L'alerte a retenti et nous sommes allés dans l'abri. Soudain, tout l'abri s'est rempli de poussière, et c'est là que nous avons réalisé qu'une catastrophe venait de se produire".
"Je suis sous le choc. J'ai traversé des périodes difficiles dans ma vie, mais je n'ai jamais été dans une situation comme celle-ci", a aussi témoigné Julia Zilbergoltz, une femme dont la maison a été touchée par un missile.
"L'Iran paiera un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils, femmes et enfants", a déclaré M. Netanyahu en visite à Bat Yam.
Une grande partie des missiles et des drones iraniens a été interceptée, selon l'armée israélienne. Les Etats-Unis ont aidé Israël à les abattre, avait indiqué vendredi un responsable américain.
- "Trouver un accord" -
Le président américain Donald Trump, allié d'Israël, a appelé dimanche les deux pays à "trouver un accord". Il a ajouté qu'il est "possible" que les Etats-Unis s'impliquent dans le conflit mais qu'ils ne sont "à cet instant pas impliqués".

Carte de l'Iran montrant les sites nucléaires, réacteurs et mines d'uranium ( AFP / Sylvie HUSSON )
Affirmant que l'Iran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique, Israël a lancé vendredi une campagne aérienne massive contre la République islamique en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires.
Il a aussi tué les plus hauts gradés d'Iran dont le chef des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, le chef d'état-major de l'armée, Mohammad Bagheri, et neuf scientifiques du programme nucléaire.
L'Iran est soupçonné par les Occidentaux et par Israël de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.
"Si l'agression cesse, notre riposte cessera", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. Il a accusé Israël de chercher à "faire dérailler" les négociations indirectes sur le nucléaire entre son pays et les Etats-Unis.
"Cela fait plus de 15 ans qu'Israël suit le programme nucléaire" iranien, a souligné Michael Horowitz, géopoliticien israélien. Ces frappes, selon lui, constituent "l'aboutissement d'années de collecte de renseignements et de pénétration de la République islamique".
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