Macron attend le verdict des "faits" pour le "Qatargate", "assume" sa venue à Doha

information fournie par Reuters •15/12/2022 à 12:57

Les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles

PARIS (Reuters) -Emmanuel Macron a souhaité jeudi que la justice et le Parlement européen fassent leur travail pour comprendre les faits et les personnes impliquées dans le "Qatargate" avant de prendre des mesures adaptées.

Le président français, qui a assisté mercredi soir à Doha à la victoire de la France face au Maroc en demi-finale de la Coupe du Monde, a souligné en outre "assumer" d'avoir fait le déplacement alors que l'événement sportif continue de faire débat quant à son impact environnemental, aux conditions de travail des immigrés et à la place des personnes LGBT dans l'émirat.

S'agissant du "Qatargate", "les institutions compétentes prendront les décisions adaptées sur la base de faits", a-t-il déclaré à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen.

"Il faut que la justice fasse son travail. Il faut se baser sur des faits qui sont identifiés. Le Parlement européen mène aussi son travail. C'est une très bonne chose qu'il y ait de la transparence et de l'exemplarité", a-t-il ajouté.

La vice-présidente grecque déchue du Parlement européen Eva Kaili et trois autres personnes, dont son compagnon italien Francesco Giorgi, qui est assistant parlementaire, sont soupçonnées par les procureurs belges d'avoir accepté des pots-de-vin du Qatar pour "influencer les décisions économiques et politiques" de l'Union européenne concernant l'émirat.

Doha et Eva Kaili nient toute malversation.

"IL Y A UN TEMPS POUR TOUT"

Emmanuel Macron, qui devait assister dimanche à la finale du Mondial entre la France et l'Argentine, a salué mercredi soir l'organisation qatarie.

"Le Qatar organise très bien cette Coupe du monde. Ne mégotons pas sur notre plaisir. Sachons avoir des joies simples et être fiers. Il y a plein de pays où il faut régler les choses", a-t-il temporisé auprès de journalistes.

Des propos dénoncés jeudi par Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale.

"Les compliments faits au Qatar alors que vient d'exploser une affaire gravissime de corruption m'apparaissent déplacés", a-t-elle déclaré au sortir de Matignon, où la Première ministre Elisabeth Borne mène des consultations sur la réforme des retraites.

Interrogé jeudi matin à Bruxelles sur sa présence controversée au match de Doha, Emmanuel Macron a été sans détour: "J'assume totalement. J'ai été il y a quatre ans derrière l'équipe de France quand c'était en Russie et je suis derrière eux au Qatar."

En novembre dernier, Emmanuel Macron avait appelé à ne pas "politiser le sport".

"Il y a un temps pour tout, pour l'action diplomatique, résolue, sur le plan bilatéral (...). Maintenant, l'important est de préserver l'équipe de France des polémiques, de se concentrer sur le sportif", a justifié jeudi sur BFM TV la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.

"L'équipe est en train de réaliser quelque chose d'historique, Didier Deschamps est à quelques mètres de vraiment rentrer au Panthéon du football. (...) Et cela n'empêche pas une action diplomatique exigeante, dans le dialogue et la volonté de faire progresser ce partenaire de la France qu'est le Qatar", a-t-elle ajouté.

(Rédigé par Jean-Stéphane Brosse et Sophie Louet, avec la contribution de Matthieu Protard et Tassilo Hummel, édité par Blandine Hénault)