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GRAPHES-Cinq questions pour la BCE avant la réunion de jeudi
information fournie par Reuters 04/03/2024 à 12:47

par Dhara Ranasinghe et Stefano Rebaudo

LONDRES, 4 mars - La Banque centrale européenne (BCE) rendra jeudi sa décision de politique monétaire alors que les investisseurs continuent de s'interroger sur le calendrier d'une première baisse des taux d'intérêt.

L'institut de Francfort, qui devrait maintenir le taux de dépôt au niveau record de 4%, est confronté à un exercice d'équilibre délicat entre une baisse trop rapide du coût d'emprunt susceptible de relancer l'inflation et une réduction trop tardive qui nuirait à l'économie.

"Les intervenants de la BCE, même s'ils ont des points de vue différents sur le calendrier, ont reconnu que des réductions de taux sont à venir", observe Jens Eisenschmidt, analyste chez Morgan Stanley. "La réunion de mars sera l'occasion de modifier la formulation du communiqué pour le signaler."

1/ La BCE peut-elle modifier sa communication ?

La BCE a signalé qu'elle ferait preuve de patience en matière de réduction des taux d'intérêt, mais un assouplissement est toujours attendu par les marchés, qui cherchent des indications sur le calendrier des premières mesures.

Selon Peter Kazimir, membre du conseil des gouverneurs, la BCE devrait reconnaître que les perspectives d'inflation se sont améliorées lors de sa réunion, mais elle doit éviter de s'engager à réduire ses taux d'intérêt et attendre le mois de juin pour prendre une telle mesure.

Les marchés attendent désormais 90 points de base de baisse des taux cumulée en 2024, contre 150 points en début d'année.

2/ Y a-t-il un risque que la BCE réduise ses taux trop tardivement ?

C'est certain. Un retard dans les baisses de taux augmenterait le risque d'une intervention plus agressive dans le cas d'un recul plus important que prévu de l'inflation.

Selon François Villeroy de Galhau, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, "il ne s'agit pas de se précipiter; mais agir avec gradualisme et pragmatisme peut être préférable à décider trop tardivement et devoir ensuite surajuster".

Même Yannis Stournaras, membre du conseil des gouverneurs de l'institution, estime que la fin du premier semestre pourrait être le "moment optimal".

"Si c'est le message d'un banquier central grec, c'est probablement un bon indicateur que c'est en juin que nous verrons une action, et non plus tôt", a déclaré Gareth Hill, analyste chez Royal London Asset Management.

3/ Qu'en est-il des salaires ?

La BCE a identifié les salaires comme étant le facteur le plus important pour déterminer si et quand elle entreprendra une réduction des taux.

La croissance des salaires dans la zone euro a ralenti à 4,46% au quatrième trimestre, contre 4,69% au trimestre précédent, soit le taux le plus élevé jamais enregistré depuis 2005.

L'indice des salaires Indeed, plus prospectif, a atteint un sommet à la fin de l'année 2022, mais se situait encore à 3,9% en janvier, au-dessus des 3% que la BCE considère comme compatibles avec l'objectif d'inflation de 2%.

Les données sur les salaires du premier trimestre, cruciales pour la BCE, ne seront publiées qu'en mai.

4/ Que révèleront les dernières prévisions de la BCE ?

Les économistes s'attendent à des révisions à la baisse des prévisions de croissance et d'inflation pour 2024.

La croissance de la zone euro a oscillé autour de zéro pendant six trimestres consécutifs et la Commission européenne prévoit que le PIB des 20 pays partageant l'euro n'augmentera que de 0,8% en 2024, contre 1,2% attendu en novembre.

Les données préliminaires publiées vendredi par Eurostat ont montré un ralentissement de l'inflation, l'indice des prix à la consommation calculé aux normes européenne (IPCH) ayant augmenté de 2,6% en février, contre 2,8% le mois précédent.

"Les prévisions de la BCE pour l'inflation globale devraient être revues à la baisse car les prix de l'énergie sont environ 20% plus faibles qu'au moment des projections macroéconomiques de décembre", souligne Andrzej Szczepaniak, analyste chez Nomura.

5/ La BCE peut-elle réduire ses taux avant la Réserve fédérale ?

Oui, même si cela a été peu le cas par le passé. L'économie de la zone euro est plus faible que celle des États-Unis, ce qui signifie que les arguments en faveur d'un assouplissement monétaire dans le bloc sont plus solides qu'outre-Atlantique.

Selon les données de LSEG, les traders estiment qu'il y a de fortes chances que la BCE et la Réserve fédérale (Fed) commencent à réduire leurs taux en juin, avec une probabilité légèrement plus élevée pour la BCE.

"Je ne pense pas qu'il y ait d'argument économique solide pour dire que la BCE ne peut pas agir avant que la Fed ne le fasse", estime Rohan Khanna, analyste chez Barclays.

Toutefois, la BCE a toujours historiquement enclenché ses mesures après la Fed. Et une réduction des taux avant la banque centrale américaine mettrait l'euro sous pression.

(Reportage Dhara Ranasinghe à Londres et Stefano Rebaudo à Milan ; avec la contribution de Yoruk Bahceli ; version française Augustin Turpin, édité par Blandine Hénault)

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