La Banque centrale européenne (BCE) réduira ses taux d'intérêt pour la première fois en juin, estiment près des deux tiers des économistes interrogés pour un sondage Reuters. L'inflation dans la zone euro a ralenti à 2,8% en janvier, après un pic de 10,6% en octobre 2022, et devrait continuer à baisser. Cependant, les responsables de politique monétaire ont clairement indiqué qu'ils n'étaient pas encore prêts à envisager une baisse des taux, même si la croissance faiblit. La plupart des membres du conseil des gouverneurs de la BCE, dont la présidente de l'institution, Christine Lagarde, estiment qu'il faudra davantage de données avant de pouvoir baisser les taux. Christine Lagarde a expliqué que les données sur les salaires au premier trimestre attendues en mai seront cruciales, ce qui repousse une première baisse de taux à juin, un scénario partagé par les marchés monétaires et les économistes. Près des deux tiers des prévisionnistes interrogés, 46 sur 73, ont estimé que la banque centrale réduirait son taux de dépôt de 25 points de base (pb), à 3,75%, en juin. Ce consensus s'est renforcé par rapport au sondage de janvier (environ 45%). "Pourquoi juin ? Parce que d'ici là, l'inflation réelle aura baissé un peu plus, nous aurons également les données sur la croissance des salaires du premier trimestre qui ne devraient pas montrer de nouvelle accélération (...) Le moment semblera donc bien choisi pour procéder à la première baisse de taux", juge Carsten Brzeski, responsable de la macroéconomie chez ING. Seuls 17 économistes anticipent une baisse en avril et 10 pensent que la BCE attendra jusqu'au second semestre de cette année. Aucun des 73 économistes interrogés du 26 au 29 février ne s'attendait à une baisse des taux lors de la réunion du 7 mars. Toutefois, les économistes ont déclaré que la BCE n'assouplirait pas sa politique monétaire de manière importante. L'estimation médiane est celle d'une baisse de 100 points de base en 2024, en ligne avec les anticipations des marchés monétaires. Les économistes sont partagés, car 32 des 73 sondés prévoient des baisses de taux plus importantes, tandis que 23 prévisionnistes attendent un assouplissement plus faible. "L'inflation peut reprendre si l'économie se redresse même un petit peu, ce qui plaide contre des baisses de taux de grande ampleur", ajoute Carsten Brzeski. La majorité des économistes ayant répondu à une question subsidiaire, 17 sur 31 sondés, estiment que la BCE pourrait baisser ses taux plus tôt qu'attendu, le reste estimant que le risque était plutôt celui d'une baisse plus tardive. Un assouplissement précoce des taux de la BCE pourrait entraîner un affaiblissement de l'euro et augmenter les risques d'inflation importée, alors que la Réserve fédérale devrait baisser ses taux en juin, voire plus tard, selon les résultats d'un autre sondage Reuters. Contrairement à celle de la zone euro, la croissance de la première économie mondiale reste solide et les craintes de récession aux États-Unis s'estompent. "L'un des canaux de transmission (d'inflation) est l'impact sur le taux de change de l'écart de taux", explique Bas van Geffen, stratège macroéconomique principal chez Rabobank. "Cela n'empêchera pas forcément la BCE de baisser ses taux avant la Fed. Mais si la BCE est la première des deux banques centrales à baisser ses taux, nous nous attendons à ce qu'elle soit plus prudente par la suite". L'inflation atteindra en moyenne 2,3% en 2024 et 2,1% en 2025, selon le sondage. Les données officielles attendues vendredi devraient indiquer une hausse de 2,5% des prix en février. La croissance économique en zone euro est estimée par les économistes interrogés à 0,1% et 0,2% au premier et au deuxième trimestre 2024, et à 0,5% cette année et à 1,3% l'année prochaine. (Reportage Prerana Bhat ; Sondages Sujith Pai et Rahul Trivedi ; version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)
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