Les pêcheurs estiment que la France reconnaît implicitement sa défaite quand elle propose d'indemniser ceux qui n'obtiennent pas de licence pour pêcher dans les eaux britanniques.
Boris Johnson à Londres, au Royaume-Uni, le 16 novembre 2021. ( AFP / DANIEL LEAL )
"Il ne faut jamais faire confiance à Boris Johnson", a estimé vendredi le président du groupe Renew (LREM) au Parlement européen Stéphane Séjourné, alors que les pêcheurs français et l'opposition s'insurgent contre le projet gouvernemental de plan d'indemnisation des pêcheurs qui perdraient leurs licences pour les eaux britanniques.
"Il ne faut jamais faire confiance à Boris Johnson, c'est la leçon que je retiens", a lancé l'eurodéputé LREM, ex-conseiller politique d'Emmanuel Macron, sur franceinfo . "Sur tous les thèmes de négociations (...), il faut absolument que les accords soient tenus par les Britanniques", a-t-il ajouté, "parce que sinon on va créer des jurisprudences dans tous les autres secteurs", a-t-il mis en garde.
Alors que Paris peine à obtenir des droits de pêche, notamment auprès des autorités de l'île anglo-normande de Jersey, la ministre de la Mer Annick Girardin a évoqué jeudi un plan d'indemnisation pour les pêcheurs qui ne pourraient plus travailler à cause du Brexit. Des propos qui provoquent la colère des professionnels, qui y voient la reconnaissance implicite par la France de sa "défaite".
"Renoncement"
Plusieurs responsables politiques ont aussi exprimé leur courroux. Les propos d'Annick Girardin sont "une honte, parce qu'il n'y a rien de pire que de dire à un ouvrier, un pêcheur, de brûler, de casser, son outil de travail", a réagi le candidat PCF à la présidentielle Fabien Roussel vendredi sur BFMTV . Il a ainsi appelé à "mettre la pression sur le gouvernement britannique de Jersey" , en proposant une action qui aurait selon lui "un effet immédiat" : "le rapatriement", par les Français "qui ont délocalisé leur entreprise sur l'île de Jersey, qui est un paradis fiscal", et qui "planquent leur pognon là-bas", de "tous leurs comptes vers la France". "Ils (Les Britanniques, NDLR) nous empêchent de pêcher, empêchons-les de détourner de l'argent en mettant à mal ce paradis fiscal", a-t-il résumé.
À droite, Valérie Pécresse, candidate à l'investiture LR, a dénoncé dans un tweet le "scandaleux renoncement de la France face aux Britanniques". "L'engagement d'Emmanuel Macron à défendre nos pêcheurs restera lettre morte !", a-t-elle déploré. Annick Girardin a, elle, répété que la "priorité du gouvernement (était) d'obtenir des licences". Mais "cela n'empêche pas de prévoir l'avenir de la filière", y compris en indemnisant ceux qui resteraient à quai, a-t-elle justifié.
Selon Stéphane Séjourné, "cette indemnisation était déjà prévue au moment de la négociation avec les Britanniques pour le Brexit" dans le cadre du "Fonds de compensation Brexit". Et "ça ne veut pas dire que les négociations ne continuent pas avec la Grande-Bretagne", a-t-il insisté, affirmant qu'il en reste encore une "sur 200 licences qui doivent être octroyées" par Londres.
Pour l'eurodéputé, "le Brexit c'est perdant-perdant pour tout le monde (...): les pêcheurs britanniques ne sont pas satisfaits, les pêcheurs français ne sont pas satisfaits", a-t-il aussi fait valoir.
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