par Simon Lewis, Daphne Psaledakis et Humeyra Pamuk
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a présenté mardi un projet pour la gestion post-guerre de la bande de Gaza et fait savoir que l'administration sortante du président démocrate Joe Biden transmettrait cette feuille de route à l'équipe du président élu républicain Donald Trump en espérant que soit scellé un accord de cessez-le-feu.
S'exprimant au Conseil de l'Atlantique, à Washington, au cours de son ultime semaine en tant que chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken a déclaré que les Etats-Unis envisageaient confier à une Autorité palestinienne réformée la gestion de la bande de Gaza et inviter des partenaires internationaux à contribuer à mettre en place une administration intérimaire pour l'enclave palestinienne.
Une force locale de sécurité inclurait des troupes fournies par des nations partenaires et des membres palestiniens qui auront été approuvés, a-t-il ajouté au cours d'un discours, qui a été interrompu à plusieurs reprises par des manifestants accusant Antony Blinken de soutenir un génocide perpétré par Israël contre les Palestiniens de Gaza - des accusations rejetées par l'Etat hébreu et par Washington.
Il a effectué ces commentaires alors que les délégations des parties prenantes au conflit et des médiateurs se réunissaient à nouveau au Qatar pour tenter de boucler un accord destiné à mettre fin au conflit ayant enflammé le Proche-Orient.
"Pendant des mois, nous avons travaillé intensément avec nos partenaires pour développer un plan d'après-guerre détaillé qui permettrait à Israël de se retirer complètement de la bande de Gaza, empêcherait le Hamas de s'y réinstaller, et fournirait à Gaza gouvernance, sécurité et reconstruction", a déclaré le secrétaire d'Etat américain sortant.
Donald Trump, qui sera investi le lundi 20 janvier pour un second mandat à la Maison blanche, et sa future administration n'ont pas indiqué s'ils entendaient reprendre et mettre en oeuvre ce plan.
Antony Blinken a jugé que ce plan et un "horizon politique crédible pour les Palestiniens" étaient nécessaires pour éviter une résurgence du Hamas, ajoutant que Washington a régulièrement prévenu Israël qu'une campagne militaire ne suffirait pas, à elle seule, à vaincre le Hamas.
LE RISQUE D'UNE "GUERRE PERPÉTUELLE"
"Nous avons établi que le Hamas a recruté presque autant de nouveaux combattants qu'il en a perdus", a-t-il dit. Il y a les ingrédients pour "une insurrection persistante et une guerre perpétuelle", a-t-il ajouté.
Des contestataires ont interrompu le discours d'Antony Blinken à trois reprises, reprenant les accusations selon lesquelles l'administration Biden est complice de crimes de guerre commis par Israël.
Antony Blinken a régulièrement rejeté l'idée que les agissements d'Israël relevaient du génocide, répétant avoir exhorté l'Etat hébreu à protéger davantage les civils et à faciliter les livraisons d'aides humanitaires à Gaza.
La Cour pénale internationale (CPI) a émis en novembre dernier des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés dans la bande de Gaza. Par ailleurs, l'Afrique du Sud a porté plainte devant la Cour internationale de justice (CIJ), accusant Israël d'actes génocidaires.
Plus de 46.000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, depuis le début du siège total de l'enclave mené par Israël en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, lors de laquelle 1.200 personnes ont été tuées et 250 autres enlevées, d'après les autorités israéliennes.
La quasi-totalité des 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par les combats, tandis que l'enclave palestinienne a été dévastée par les bombardements.
L'Onu n'a cessé de prévenir des risques d'une catastrophe humanitaire, entre flux restreints d'aides et destruction du système gazaoui de santé.
"Vous serez à jamais connu sous le nom de Blinken le sanguinaire, le secrétaire du génocide", a crié l'un des contestataires avant d'être emmené à l'écart par les équipes de sécurité.
Antony Blinken a conservé son calme, déclarant "respecter votre opinion". "Permettez-moi d'exprimer la mienne", a-t-il ajouté, avant de reprendre son discours.
(Rédigé par Simon Lewis, Daphne Psaledakis, Humeyra Pamuk et Doina Chiacu; version française Jean Terzian, édité par Kate Entringer)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer