
Dans le ciel de Netanya, sur la côte israélienne, pendant une attaque de missiles iraniens, le 21 juin 2025 ( AFP / JACK GUEZ )
Le président iranien, Masoud Pezeshkian, a menacé samedi Israël d'une riposte "plus dévastatrice" à son attaque, et exclu tout arrêt du programme nucléaire de Téhéran, au neuvième jour de la guerre meurtrière entre les deux pays ennemis.
Le président américain Donald Trump a lui donné vendredi au "maximum" deux semaines à l'Iran pour éviter d'éventuelles frappes américaines. Selon des sites de suivi de vols et le New York Times, des avions bombardiers B-2 ont décollé des Etats-Unis et se dirigeaient vers l'ouest.
"Notre riposte à la poursuite de l'agression (...) sera encore plus dévastatrice", a averti samedi M. Pezeshkian lors d'un appel à son homologue français, Emmanuel Macron, selon l'agence officielle IRNA.
Les forces armées iraniennes ont ensuite menacé de frapper toute livraison d'aide militaire vers Israël "par bateau ou avion, en provenance de n'importe quel pays".
Israël a de son côté prévenu d'une "longue" opération militaire, le chef de la diplomatie, Gideon Saar, affirmant que le risque que Téhéran se dote de "la bombe atomique" avait déjà été "retardé d'au moins deux ou trois ans".
Assurant que son ennemi juré était sur le point de l'acquérir, Israël a lancé le 13 juin une attaque massive contre des centaines de sites militaires et nucléaires, tuant les plus hauts gradés du pays et des scientifiques de l'atome.
L'Iran dément vouloir se doter de l'arme atomique, mais défend son droit à un programme nucléaire civil.
L'Iran et Israël ont échangé de nouvelles frappes samedi, et dans la soirée, Israël a annoncé mener des raids dans la région de Bandar Abbas, grand port du sud de l'Iran, dans le détroit d'Ormuz, tandis que des médias iraniens ont rapporté qu'une base militaire dans le sud de Téhéran avait été touchée et fait état de frappes sur Chiraz (sud).
- Trois gradés des Gardiens tués -
L'armée israélienne a annoncé avoir tué trois commandants des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, dont Saïd Izadi, en charge selon elle de la coordination avec le Hamas palestinien.

Carte localisant des frappes et explosions suite aux attaques menées depuis le 13 juin par Israël en Iran, selon des données non exhaustives rapportées par l'ISW ( AFP / Valentina BRESCHI )
Les autres sont Aminpour Joudaki, accusé d'avoir dirigé des attaques de drones sur Israël, et Behnam Chahriyari, rendu "responsable" des irantransferts d'armes de Téhéran à ses alliés régionaux.
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), des frappes israéliennes ont touché un atelier de production de centrifugeuses - utilisées pour enrichir l'uranium - sur le site nucléaire d'Ispahan (centre), sans conséquence "en termes de radiation".
Les bombardiers stratégiques furtifs B-2, partis de la base de l'armée de l'air Whiteman dans le Missouri (centre des Etats-Unis) selon plusieurs sources, sont les seuls capables de transporter des puissantes bombes en mesure de détruire les installations nucléaires iraniennes profondément enfouies, dont à Fordo, au sud de Téhéran.
Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Mohammad Eslami, a lui affirmé samedi que le réacteur d'Arak (centre) visé jeudi par Israël était dédié aux domaines de la santé et de la médecine.
Côté iranien, la guerre a fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, a indiqué samedi le ministère de la Santé. L'ONG américaine Human Rights Activists News Agency (HRANA) a fait état d'au moins 657 morts.
Les tirs iraniens en riposte sur Israël ont fait 25 morts, selon les autorités.

Une Iranienne blessée par une frappe israélienne soignée à l'hôpital Rasoul Akram de Téhéran, le 21 juin 2025 ( AFP / ATTA KENARE )
Les agences de presse iraniennes ont rapporté samedi la mort d'un adolescent et neuf militaires, dans le centre, le nord-ouest et l'ouest du pays dans des frappes israéliennes.
A l'hôpital Rasoul Akram de Téhéran, Shahram, coursier de 33 ans, raconte avoir été touché par une "explosion" alors qu'il faisait une livraison à moto.
A Téhéran, aux allures de ville en confinement, l'immense majorité des commerces sont restés fermés et l'accès à internet était toujours fortement limité, selon des journalistes de l'AFP sur place.
En soirée, un important dispositif de sécurité était visible aux carrefours des grands axes, et plusieurs véhicules blindés ont patrouillé sur l'avenue Vali-Asr, une des principales artères. Des hommes armés à moto circulaient dans certains quartiers.
- La "peur et une sorte de vide" -
En Israël, une habitation a été endommagée par un drone à Beit Shean (nord), où un photographe de l'AFP a vu un trou béant dans une façade noircie par une explosion au rez-de chaussée.
"J'ai peur, je ressens une sorte de vide", témoigne à Tel-Aviv, Avram, 58 ans. Malgré les nuits d'alerte, un autre habitant, Omer, soutient l'offensive, "car la prochaine étape pour l'Iran aura été la fabrication d'une bombe nucléaire".

Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi (D) s'entretient avec son homologue turc Hakan Fidan, à l'occasion d'une réunion ministérielle de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul, le 21 juin 2025 ( AFP / Yasin AKGUL )
Après une rencontre vendredi à Genève avec ses homologues allemand, français et britannique, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a clarifié que Téhéran ne reprendrait pas de négociations nucléaires avec Washington sans arrêt des attaques israéliennes.
M. Saar a par ailleurs fait état sur X d'une tentative d'attentat ourdie par l'Iran contre des Israéliens à Chypre, déjouée avec l'aide des autorités de Nicosie. La police chypriote a annoncé l'arrestation d'un homme soupçonné d'"espionnage" et "terrorisme", auquel des médias chypriotes ont prêté des liens avec l'Iran.
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