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Au Kenya, les manifestations commémorant le mouvement de 2024 tournent à la violence
information fournie par AFP 25/06/2025 à 14:13

Des manifestants défilent lors de la journée de protestation du 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Luis TATO )

Des manifestants défilent lors de la journée de protestation du 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Luis TATO )

Les manifestations organisées au Kenya en mémoire du mouvement citoyen inédit et violemment réprimé d'il y a un an ont tourné mercredi à la violence, la police, déployée en grand nombre, affrontant des jeunes et tirant des gaz lacrymogènes.

La prise du Parlement le 25 juin 2024 par des manifestants, réclamant le retrait de la loi de finances et la démission du président William Ruto, avait marqué l'apogée de protestations qui ont perduré jusqu'en juillet. Plus de 60 personnes avaient été tuées au total, selon les groupes de défense des droits humains.

Mercredi, des milliers de manifestants, majoritairement de jeunes hommes, sont à nouveau descendus dans la rue à Nairobi - où par crainte de violences de nombreuses écoles et commerces étaient fermés, et le trafic fortement réduit - mais aussi dans la grande ville côtière de Mombasa et d'autres comtés du pays.

Les familles des victimes et les militants ont appelé à des rassemblements pacifiques. D'autres ont enjoint à "occuper le palais présidentiel".

La matinée avait débuté dans le calme mais des signes de violences ont ensuite émergé, certains manifestants jetant des pierres et la police lançant des gaz lacrymogènes et déployant au moins trois canons à eau dans le centre de Nairobi.

Les journalistes de l'AFP ont compté au moins une policière et plusieurs manifestants blessés, et ont vu plusieurs ambulances entrer et sortir de la zone, toutes sirènes hurlantes.

Au début de l'après-midi, l'autorité de la communication a dans une lettre interdit aux radios et télévisions de diffuser en direct les images des manifestations.

L'annonce ne semblait pas respectée dans l'immédiat, la plupart des grands médias continuant cette diffusion. "Nous consultons nos avocats pour établir la légalité de cette ordonnance qui vise à plonger le pays dans un black-out médiatique", a réagi sur X le groupe The Standard.

"Faire taire la presse n’est pas la solution", a également réagi la branche locale d'Amnesty International sur X.

Des manifestants défilent dans les rues le 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Tony Karumba )

Des manifestants défilent dans les rues le 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Tony Karumba )

Dans la capitale, les routes menant au Parlement étaient toujours bloquées en début d'après-midi par les forces de l'ordre.

De nombreux manifestants ont scandé "Ruto doit partir" - un cri de ralliement depuis un an -, brandi des drapeaux et des portraits de victimes. Certains ont également déposé des fleurs devant l'hémicycle.

- Suicide déguisé -

La colère contre les violences policières s'est accentuée après le décès début juin d'Albert Ojwang, un enseignant de 31 ans qui avait critiqué un haut responsable de la police et été arrêté. Les forces de l'ordre ont initialement tenté de camoufler sa mort en suicide.

Son décès a déjà suscité ces dernières semaines des manifestations de quelques centaines de personnes, qui ont engendré de nouvelles brutalités.

Florence Achala, étudiante, a affirmé que la "jeune génération" était déterminée. "Le système est pourri, il est voyou et nous voulons une refonte complète", a-t-elle ajouté auprès de l'AFP.

Mercredi, Anthony, 25 ans, vendait des drapeaux tout en marchant, contre "les violences policières, l'oppression, les taxes élevées et tout ce qui ne va pas dans ce pays."

"La marche est toujours pacifique, mais c'est quand la police (commence à envoyer) des gaz lacrymogènes que ça tourne au chaos", ajoute-t-il.

Une manifestante devant une barricade en feu le 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Luis TATO )

Une manifestante devant une barricade en feu le 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Luis TATO )

Un homme suspecté d'être un policier en civil a été malmené par des manifestants. L'année dernière des forces de sécurité non identifiables ont été vues tirant sur la foule.

Lors d'un rassemblement le 17 juin à Nairobi, des "voyous" armés s'en sont pris aux protestataires, travaillant en tandem avec la police, ont constaté des journalistes de l'AFP. Un policier a également tiré à bout portant sur un vendeur non violent, une scène filmée devenue virale, qui a accentué la colère.

- Président impopulaire -

William Ruto a promis aux policiers que son gouvernement les "soutiendrait".

Impopulaire, le président, arrivé au pouvoir en 2022, s'est efforcé d'éviter toute hausse directe d'impôts dans le budget de cette année afin de limiter les troubles.

En 2024, plus de 80 personnes ont été enlevées - certaines des mois après les manifestations - et des dizaines d'entre elles sont toujours portées disparues.

Un homme agite un drapeau kényan lors de la manifestation du 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Luis TATO )

Un homme agite un drapeau kényan lors de la manifestation du 25 juin 2025 dans le centre-ville de Nairobi ( AFP / Luis TATO )

En plus des violences, de la corruption et des difficultés économiques, la jeunesse réclame les emplois que le président leur avait promis pendant sa campagne.

"Un mandat", réclamaient mercredi certaines affiches des manifestants, en référence à une possible nouvelle candidature de Ruto aux prochaines élections de 2027.

"Les gens qui courent ici (...) ils ont des diplômes. Mais ils n'ont pas de travail. On ne peut pas compter sur ce gouvernement", a dit à Nairobi Samson Watenge Nyongesa, un étudiant de 31 ans.

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