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Argentine: le procès Maradona tient à un fil, après la récusation d'une juge
information fournie par AFP 28/05/2025 à 07:25

Julieta Makintach, l'une des trois juges présidant l'affaire de la mort de Diego Armando Maradona,  à son arrivée au tribunal pour une audience à San Isidro, en périphérie de Buenos Aires, le 27 mai 2025 ( AFP / TOMAS CUESTA )

Julieta Makintach, l'une des trois juges présidant l'affaire de la mort de Diego Armando Maradona, à son arrivée au tribunal pour une audience à San Isidro, en périphérie de Buenos Aires, le 27 mai 2025 ( AFP / TOMAS CUESTA )

Deux mois et demi d'audience pour rien ? Le procès sur la mort de Maradona en Argentine est plus que jamais en suspens, après le scandale qui a vu mardi la récusation d'une des trois juges pour avoir collaboré, à l'insu de tous, à la préparation d'un documentaire.

Jeudi à 12H00 (15H00 GMT), une audience au tribunal de San Isidro (nord de Buenos Aires) devra décider si le procès peut reprendre, avec un nouveau juge remplaçant celle récusée, ou s'il doit redémarrer de zéro avec un nouveau trio de magistrats, comme l'ont demandé une majorité des parties.

Quelques heures plus tôt, au cours d'une audience hors du commun, le juge-président Maximiliano Savarino avait ordonné la mise à l'écart de sa collègue Julieta Makintach, considérant qu'"ont été prouvées des circonstances affectant (son) impartialité". "Ce qui s'est passé et a été vérifié est extrêmement grave".

L'un après l'autre, avocats de la défense, de la famille, procureur, ont réclamé mardi le dessaisissement de la magistrate de 47 ans, à la suite de la saisie, lors de perquisitions récentes, de vidéos montrant qu'elle a activement collaboré à la préparation d'une mini-série documentaire, dont elle était une protagoniste-clef.

- "Justice divine" -

"Une mort. Une idole. Une juge. Un procès", promettait de conter la production en préparation de six épisodes de 30 minutes, intitulée "Justice divine" (référence au "Dieu" Maradona), selon une bande-annonce stylisée qui a été diffusée mardi dans une salle d'audience incrédule.

Dans la foulée de la récusation, la plupart des parties ont demandé la nullité, "pour que puisse être désigné un nouveau tribunal, et qu'on puisse recommencer", a plaidé Nicolas D'albora, avocat de l'infirmière Nancy Forlini, une des accusées.

Fresque géante de Diego Maradona, le 10 mars 2025 à Buenos Aires ( AFP / LUIS ROBAYO )

Fresque géante de Diego Maradona, le 10 mars 2025 à Buenos Aires ( AFP / LUIS ROBAYO )

"Tout le monde a désormais la sensation que ceci est vicié (...) un nouveau tribunal serait le plus sain", a appuyé Mario Baudry, avocat de Veronica Ojeda, ex-compagne de Maradona, dénonçant un "désastre judiciaire (...) scandaleux".

"Imaginez si cela peut arriver à (un procès de) Diego Maradona, ce qui peut arriver à un citoyen ordinaire", a-t-il lancé à l'issue de l'audience, déplorant que l'Argentine donne l'image "d'une justice bananière".

- Délais incertains -

Le procureur Patricio Ferrari a lui aussi demandé de nouveaux juges, mais estimé que le procès "pourrait recommencer dans un mois". Me Baudry spéculait pour sa part sur un redémarrage vers janvier.

Deux avocats de la défense ont pour leur part plaidé pour une reprise rapide, avec la seule désignation d'un nouveau magistrat pour remplacer la juge Makintach.

Après sept jours de suspension, le procès, au parfum désormais de débâcle judiciaire, avait repris mardi pour les sept professionnels de santé - médecins, psychiatre, psychologue, infirmiers. Depuis le 11 mars, is sont jugés pour négligences ayant potentiellement entraîné la mort de l'astre du football, en novembre 2020 sur un lit de convalescence à domicile à Tigre (nord de Buenos Aires), en post-neurochirurgie.

Mais loin de se concentrer sur Diego, ses soins, ou leurs manquements, l'audience entière a été consacrée à la juge Makintach - déjà surnommée par la presse "la juge de Dieu" -, au documentaire et au devenir du procès le plus attendu depuis des années en Argentine, cinq ans après la mort de Maradona.

Le scandale avait démarré avec la révélation que des personnes avaient, début mars, filmé en secret une partie des débats, malgré des caméras strictement interdites.

Il s'est amplifié avec la fuite dans la presse d'images de vidéosurveillance montrant la juge parcourant, le dimanche juste avant le procès, les locaux du tribunal, filmée par une équipe, donnant des bouts d'interview sur son métier, sur le procès aussi.

Mardi, elle a tenté de se défendre, niant un "délit" ou "quoi que ce soit d'irrégulier" sinon avoir "donné une interview à une amie d'enfance, parlant de la justice", dans le but de "rapprocher la justice de la société".

Puis elle a pris acte de sa récusation, et dit espérer "que le procès puisse continuer sans moi".

Difficile de percevoir à qui bénéficierait le long report d'un procès qui déjà avançait péniblement, à raison de deux audiences par semaine - 20 à ce jour.

Et où la majorité des témoignages, une quarantaine jusqu'ici, ont surtout convergé vers le piètre niveau de soins, d'équipement médical, sur le lieu de convalescence fatal de Maradona. Sans pour autant dessiner, à ce stade, un clair niveau de responsabilité, ou d'intentionnalité.

Les accusés, qui déclinent toute responsabilité dans le décès, encourent 8 à 25 ans de prison. Seule une d'entre eux a été, brièvement, entendue à ce jour.

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