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Allemagne-Un second tour prévu au Bundestag après le revers de Merz
information fournie par Reuters 06/05/2025 à 15:30

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Pas de majorité lors du 1er tour, une première historique

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Le second tour attendu à 13h15 GMT

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Le Parlement dispose de 14 jours pour élire un nouveau chancelier

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Ce "gros revers" accentue la crise politique en Allemagne dans un contexte délicat

(Actualisé avec annonce du second tour organisé mardi)

par Sarah Marsh et Andreas Rinke

Le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, est invité à se prononcer mardi lors d'un second tour sur la candidature de Friedrich Merz à la chancellerie après que le dirigeant conservateur a échoué à la surprise générale à obtenir le soutien d'une majorité de députés lors du premier tour de scrutin.

Le second tour de scrutin, lors duquel la majorité absolue sera à nouveau requise, va être organisé mardi à 15h15 heure locale (13h15 GMT) pour réexaminer la candidature de Friedrich Merz à la chancellerie, a déclaré le député conservateur Jens Spahn (CDU).

"Toute l'Europe, et peut-être même le monde entier, suit ce second tour de scrutin", a dit Jens Spahn. "J'appelle chacun à prendre conscience de cette responsabilité particulière."

Friedrich Merz, 69 ans, n'est pas parvenu à obtenir le soutien de la majorité absolue des députés allemands pour être confirmé dès le premier tour de scrutin à la chancellerie, mardi, une première dans l'histoire du pays qui accentue la crise politique à Berlin.

Après avoir conduit le bloc conservateur CDU/CSU à la victoire lors des élections législatives du mois de février, il semblait pourtant assuré de devenir le 10e chancelier de l'Allemagne moderne au lendemain de la signature d'un contrat de coalition avec le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Olaf Scholz.

Mais alors que cette "grande coalition" s'appuie sur une majorité de 328 sièges sur 630 au Bundestag, Friedrich Merz n'a obtenu que 310 voix contre 316 nécessaires à sa nomination.

La session parlementaire a été aussitôt suspendue pour permettre aux groupes politiques de mener des consultations tandis que Friedrich Merz, qui avait prévu de se rendre mercredi en Pologne et en France en tant que nouveau chancelier, semblait sous le choc.

Le Parlement dispose de 14 jours pour élire un nouveau chancelier - Friedrich Merz ou quelqu'un d'autre.

S'il n'enterre pas les chances de Friedrich Merz d'accéder à la chancellerie, le résultat du vote traduit les doutes qui entourent le dirigeant conservateur et notamment sa volonté de mener une politique budgétaire plus souple pour relancer une économie fragilisée par les conséquences de la guerre en Ukraine et désormais de la politique commerciale du président américain Donald Trump.

"Je suis convaincu que le problème sera résolu rapidement et que (Friedrich) Merz deviendra chancelier", a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, cité par l'agence de presse AGI.

"La stabilité de l’Allemagne est également cruciale pour empêcher la montée du populisme", a-t-il ajouté.

DIVISIONS SUR L'ENDETTEMENT AU SEIN DE LA CDU

Après les législatives de février, Friedrich Merz a obtenu le vote d'une législation-cadre qui permet d'assouplir le frein à l'endettement, règle inscrite dans la Constitution depuis 2009, afin de financer par l'emprunt les dépenses de défense et en matière d'infrastructures. Un revirement pour la CDU/CSU dans le domaine budgétaire qui n'est pas du goût de tous les élus conservateurs.

"Le gouvernement doit encore convaincre ses propres élus qu'il sera capable de tenir ses promesses", souligne Carsten Brzeski, économiste en chef chez ING Allemagne. "L'échec du vote de confirmation est un signe clair que tout le monde au sein de la CDU n'est pas d'accord avec ce virage budgétaire."

Ce début de crise politique est d'autant plus mal venu que l'Allemagne est à un moment charnière, entre une économie au ralenti, des liens distendus avec les Etats-Unis et une poussée de l'extrême droite.

S'il parvient malgré tout à être élu chancelier, Friedrich Merz devra plus que jamais démontrer sa capacité à gouverner alors que la coalition tripartite sortante d'Olaf Scholz a implosé en novembre dernier, créant un vide politique au coeur de l'Europe dans un contexte délicat, alors que le continent fait face à un éventail de crises.

"Les gens demandent depuis longtemps à l'Allemagne de diriger, et il n'est désormais plus possible de ne pas écouter cet appel", pointe Sudha David-Wilp, vice-présidente du German Marshall Fund, centre de réflexion focalisé sur le renforcement des relations transatlantiques.

"Tout ce sur quoi l'Allemagne d'après-guerre a reposé au cours des huit dernières décennies n'est plus d'actualité, qu'il s'agisse des marchés ouverts et du libre-échange, ou de la présence sécuritaire des Etats-Unis en Europe", a-t-elle ajouté.

La guerre commerciale mondiale déclenchée par les multiples droits de douane décidés par le président américain Donald Trump fait planer la menace d'une troisième année consécutive de ralentissement de la plus grande économie d'Europe, déjà affaiblie par l'arrêt des importations du gaz russe peu coûteux à la suite de l'invasion de l'Ukraine en février 2022 et par une rivalité accrue avec la Chine.

Par ailleurs, Donald Trump menace de ne plus venir en aide aux alliés de Washington au sein de l'Otan, une position qui a poussé Friedrich Merz, pourtant partisan de liens transatlantiques étroits, à remettre en question la fiabilité des Etats-Unis et à exhorter l'Europe à renforcer ses capacités de défense.

INEXPÉRIENCE DE MERZ AU NIVEAU GOUVERNEMENTAL

L'accord de coalition conclu par la CDU/CSU avec le SPD prévoit des mesures destinées à relancer la croissance économique, comme un allègement de l'impôt des entreprises, et une réduction des prix de l'énergie. Friedrich Merz s'est également engagé à continuer d'apporter un soutien sans faille à l'Ukraine et à accroître les dépenses de défense.

Si Friedrich Merz est un politicien expérimenté, pour avoir débuté sa carrière dans les années 1980 comme eurodéputé, il n'a jamais occupé de poste gouvernemental et devra donc prouver sa faculté à remplir la fonction de chancelier.

Quand, en 2002, il est sorti battu d'une lutte de pouvoir chez les conservateurs face à sa rivale Angela Merkel, il s'est éloigné de la politique, passant plus d'une décennie dans le secteur privé, avec notamment quatre années à la tête de l'antenne allemande de BlackRock.

Homme fortuné, avocat de formation, pilote amateur, il est considéré par beaucoup comme l'antithèse d'Angela Merkel, qui fut au pouvoir pendant 16 ans, autant au niveau du style que de ses priorités politiques.

La pragmatique Angela Merkel a orienté les conservateurs vers une position davantage centriste; Friedrich Merz, partisan du libéralisme économique, les a ramenés à droite.

Les soutiens du chancelier désigné mettent en exergue le fait qu'il est parvenu à obtenir un plan historique d'investissement, pour renforcer les dépenses d'infrastructures et de défense, avant même d'être nommé.

Ses détracteurs disent y voir la nécessité de faire oublier sa décision erratique de faire adopter au Parlement une motion appelant à une politique d'immigration plus stricte, au côté du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), rompant le tabou de la coopération avec l'extrême droite.

Cela a servi les intérêts de l'AfD mais aussi de l'extrême gauche lors des dernières élections. Les deux partis disposeront ensemble d'assez de voix dans la nouvelle législature pour s'opposer à un assouplissement des restrictions sur l'endettement allemand.

En cas d'échec du prochain gouvernement, l'AfD, que plusieurs sondages récents place en tête des intentions de vote, sera en position de force pour accéder au pouvoir.

VOIR AUSSI:

BOURSE-Le Dax chute et entraîne les autres indices en Europe après le revers de Merz en Allemagne

(Sarah Marsh et Andreas Rinke ; version française Jean Terzian, Tangi Salaün et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)

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