
Un militaire garde un bureau de vote lors des élections régionales à Caracas, le 25 mai 2025 ( AFP / Federico PARRA )
Le parti du président vénézuélien Nicolas Maduro s'achemine vers une large victoire aux législatives et régionales de dimanche, marquées par l'arrestation de 70 personnes et un boycott par la majorité de l'opposition, dix mois après une présidentielle entachée de fraudes selon elle.
Les bureaux de vote ont fermé en soirée et les Vénézuéliens attendent désormais les résultats qui devraient donner une majorité absolue au parti de Nicolas Maduro à l'Assemblée nationale et presque tous les postes de gouverneurs.
Parmi les 70 personnes arrêtées avant le scrutin figure Juan Pablo Guanipa, dirigeant de l'opposition proche de la leader Maria Corina Machado, interpellé vendredi et accusé d'appartenir à un "réseau terroriste" qui cherchait à "saboter" les élections de dimanche.
Le pouvoir, qui dénonce régulièrement des complots, réels ou imaginaires, a aussi suspendu lundi les vols en provenance de Colombie, dénonçant l'infiltration de "mercenaires".

Des électeurs regardent les listes électorales devant un bureau de vote à Caracas, lors des élections pour élire députés et gouverneurs, le 25 mai 2025 au Venezuela ( AFP / Federico PARRA )
Plus de 400.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés pendant la journée. Les troubles post-électoraux de la présidentielle du 28 juillet s'étaient soldés par 28 morts et 2.400 arrestations. Seuls 1.900 personnes ont été libérées depuis.
"Nous avons réussi à organiser les élections sans incident et nous avons réussi à vaincre la violence", s'est félicité M. Maduro.
Contrairement à la présidentielle du 28 juillet, les bureaux de vote étaient peu fréquentés, ont constaté des journalistes de l'AFP à Caracas et en province.
Selon un sondage Delphos, la participation devrait avoisiner les 16% des 21 millions d'électeurs. L'essentiel d'entre eux devrait être des militants du pouvoir.
- "Déclaration silencieuse" -
"Nous allons avoir une carte très rouge", prévoit Jesus Castillo, directeur du cabinet Polianalitica, en référence à la couleur du chavisme.
Selon plusieurs analystes, l'opposition n'est en mesure de remporter que deux des 24 Etats: Zulia, l'Etat pétrolier, et Nueva Sparta, l'île de Margarita.

Cette photo fournie par la présidence vénézuélienne montre le président vénézuélien Nicolas Maduro s'adressant à la presse devant un bureau de vote lors des élections régionales, à Caracas, le 25 mai 2025 ( Venezuelan Presidency / Handout )
"Quand l'adversaire se retire du champ, on avance et on occupe le terrain", s'est félicité le président Maduro après avoir voté, en référence au boycott par une grande partie de l'opposition.
"C'est un processus de participation citoyenne important", estime Samadi Romero, universitaire de 32 ans qui a voté pour Nicolas Maduro Guerra, le fils du président, tête de liste à Caracas.
"Je ne vais pas voter parce que j'ai voté le 28 juillet et ils ont volé les élections. C'est vraiment une farce", affirme à San Cristobal Candelaria Rojas Sierra, fonctionnaire retraitée de 78 ans, en allant à la messe "prier pour le Venezuela".
"Ce que le monde a vu aujourd'hui, c'est (...) une déclaration silencieuse, mais percutante, que le désir de changement, de dignité et d'avenir reste intact", a écrit sur les réseaux sociaux depuis son exil Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle de juillet.
Pendant la soirée, Mme Machado a estimé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux que l'opposition avait "démasqué cette grande farce" et a, comme par le passé, lancé un appel à l'armée, clé de voûte du pouvoir de M. Maduro: "Le pays exige (des militaires) qu'ils remplissent leur devoir constitutionnel et soient garants de la souveraineté populaire, c'est le moment d'agir".
L'opposant Henrique Capriles a lui défendu sa participation à l'élection: "Qu'est-ce qui est mieux? Avoir une voix et lutter au sein du l'Assemblée nationale ou, comme nous l'avons fait à d'autres occasions, se retirer du processus électoral et laisser entièrement l'Assemblée au gouvernement?".
- Représentants pour l'Essequibo -
Le pouvoir a revu le découpage électoral pour faire élire un gouverneur et huit députés pour l'Essequibo, région riche en pétrole que Caracas dispute au Guyana dans le cadre d'un différend datant de l'époque coloniale.

Des membres de la garde d'honneur vérifient les listes électorales avant de voter lors des élections régionales dans un bureau de vote à Caracas le 25 mai 2025 ( AFP / Federico PARRA )
Le vote a eu lieu dans un micro-circonscription de 21.000 votants à la frontière guyanienne. Il n'y a pas de bureaux de vote sur le territoire de 160.000 km2 administré par Georgetown.
Le président du Guyana Irfaan Ali a affirmé mercredi à l'AFP qu'il s'agissait "d'une menace" alors que le ministère de la défense guyanien a indiqué renforcer sa présence à la frontière.
"Irfaan Ali, président du Guyana (...) plus tôt que tard devra s'asseoir avec moi pour discuter et accepter la souveraineté vénézuélienne", a déclaré dimanche M. Maduro, promettant de "récupérer" l'Essequibo "pour le peuple".
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