
Le président américain Donald Trump s'exprime lors d'une cérémonie de prestation de serment à la Maison Blanche, à Washington, le 7 mai 2025 ( AFP / Jim WATSON )
Donald Trump a annoncé jeudi une première trêve dans son offensive commerciale mondiale sous la forme d'un compromis "historique" avec Londres, même si les détails du texte indiquent une portée plutôt limitée.
Le président américain s'est dit "ravi" d'annoncer la nouvelle le jour anniversaire de la victoire des Alliés en 1945.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s'est joint par téléphone à une conférence de presse dans le Bureau ovale, et a lui aussi salué un "jour historique".
Concernant quelques points concrets de cet accord négocié depuis plusieurs semaines, Donald Trump a assuré que le Royaume-Uni allait s'ouvrir davantage aux produits américains, pour "plusieurs milliards de dollars", "en particulier pour le boeuf américain, l'éthanol et quasiment tous les produits que produisent nos chers agriculteurs".
Côté britannique, Keir Starmer a parlé d'un accord "extrêmement important" pour l'industrie automobile et la sidérurgie britanniques. En particulier, la taxe de 25% imposée par les Etats-Unis sur les voitures importées sera réduite à 10% pour les véhicules britanniques, selon Downing Street.
L'empressement des Etats-Unis à annoncer un compromis encore vague, et dont les détails restent à discuter, "révèle une volonté de plus en plus désespérée (du gouvernement Trump) de revenir sur les droits de douanes avant qu'ils ne touchent la croissance et l'inflation", a commenté Paul Ashworth, analyste de Capital Economics.
Le président américain a assuré qu'il n'exagérait pas la signification de l'accord, décrivant un compromis à la portée "maximale".
- 10% maintenus -
Il a toutefois précisé que la taxe plancher de 10% annoncée le 2 avril sur toutes les marchandises importées aux Etats-Unis resterait en place, jugeant qu'il s'agissant d'un taux "bas".
Le Premier ministre britannique a espéré que l'accord annoncé jeudi, qui conclut une offensive de charme diplomatique de la part de Londres, ne serait "qu'un début" dans les négociations commerciales.
Le président républicain, protectionniste convaincu, a lancé une guerre commerciale tous azimuts. En plus de droits de douane sectoriels, il avait annoncé début avril de lourdes surtaxes contre tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis, qu'il a toutefois suspendues par la suite, sauf pour la Chine, dont les produits sont frappés par un taux de 145%.
Donald Trump a assuré que la Chine - avec laquelle des discussions commerciales sont prévues en Suisse ce week-end - tout comme l'Union européenne (UE) voulaient passer des accords avec lui.
Il a prévu que les négociations avec Pékin seraient "très substantives" et demandé que le marché chinois "s'ouvre" aux entreprises américaines.
L'UE a elle menacé jeudi de taxer pour 95 milliards d'euros d'importations américaines, dont les voitures et avions, en cas d'échec des négociations.
Une source du gouvernement britannique a précisé qu'il ne s'agissait pas d'un accord de libre-échange à part entière entre les deux alliés historiques, plutôt d'un "document de conditions générales" établissant des compromis, ainsi qu'un cadre pour des discussions approfondies plus tard --en particulier sur le secteur pharmaceutique.
Les prestigieux constructeurs automobiles britanniques, comme Bentley, Aston Martin ou Jaguar, sont en toute première ligne, les Etats-Unis étant leur premier marché hors UE en 2024 (9 milliards de livres, 27,4% des exportations).
- Sommet avec l'UE -
Le Royaume-Uni, qui a regagné son autonomie commerciale depuis son départ de l'UE en 2020, a toujours pris soin d'épargner dans ses commentaires l'imprévisible président américain, tout comme il s'est gardé de menacer Washington d'une quelconque réplique à ses droits de douane.
Le pays bénéficie du fait que le commerce bilatéral de biens est resté à l'équilibre en 2024, selon des statistiques officielles, avec 57,1 milliards de livres de produits américains importés, pour 59,3 milliards d'exportations.
La balance commerciale penche cependant largement en faveur de Londres en matière de services, secteur pour l'instant en marge de la guerre commerciale.

La ministre britannique des Finances Rachel Reeves participe à une réunion avec des chefs d'entreprise dans le centre de Londres, le 28 janvier 2025 ( POOL / BENJAMIN CREMEL )
Si les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni, ils restent loin derrière l'UE.
La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a d'ailleurs récemment souligné que la relation commerciale avec Bruxelles était "sans doute encore plus importante" qu'avec les Etats-Unis.
Londres accueillera le 19 mai les présidents des institutions de l'UE, premier sommet de ce type depuis le Brexit.
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