par Mathieu Rosemain
PARIS, 27 novembre (Reuters) - Les services de
renseignements français s'apprêtent à renouveler leur contrat
avec la société américaine Palantir, qui lui fournit des
technologies l'aidant à traiter d'énormes masses de données dans
la lutte contre le terrorisme, en attendant de mettre au point
un système français à 100% et entièrement indépendant, a-t-on
appris auprès du patron de la DGSI.
Ce partenariat a commencé dans la foulée des attentats qui
ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015.
En l'absence d'autre solution à court terme, la France va
prolonger son contrat, signé à l'origine pour trois ans, avec la
firme américaine qui met également sa technologie au service de
la CIA ou de banques d'envergure mondiale, a déclaré à Reuters
Nicolas Lerner, à la tête de la Direction générale Direction
générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis l'an dernier.
"Palantir nous aide, c'est-à-dire qu'on ne dépend pas de
Palantir", a-t-il dit mardi soir, en marge d'une conférence, à
Paris, confirmant des informations de L'Express.
"La ligne rouge qu'on s'est fixée depuis le début, c'est que
toutes les données qui sont traitées par ce système-là sont sur
notre réseau interne, qui est un réseau confidentiel-défense,
qui est fermé", a-t-il ajouté, une manière de balayer les
soupçons de récupération des données recueillies par la France
au profit de puissances étrangères.
Sollicité par Reuters, Palantir n'a souhaité faire aucun
commentaire sur le contenu du contrat le liant à la DGSI.
Selon Nicolas Lerner, ce contrat n'est qu'une solution
transitoire, en attendant une technologie développée main dans
la main avec de grands groupes français.
"Il faut aussi permettre à nos industriels de monter en
gamme sur ces sujets", a-t-il dit, citant Thales TCFP.PA ,
Sopra Steria SOPR.PA et Dassault Systèmes DAST.PA .
Ces trois groupes n'ont pas souhaité faire de commentaires
ou n'étaient pas disponible dans l'immédiat.
Les propos de patron de la DGSI font écho à ceux d'Emmanuel
Macron qui a appelé, au début du mois, l'Europe à mieux s'armer
dans ce domaine face aux Etats-Unis et à la Chine.
Les technologies de la société Palantir, cofondée en 2004
par le milliardaire américain Peter Thiel, ont contribué à la
localisation, au Pakistan, d'Oussama ben Laden, tué par un
commando américain en 2001 après des années de traque.
(Version française Simon Carraud, édité par Jean-Michel Bélot)