Lecornu s'entretient avec Choïgou, appelle la Russie à cesser toute "instrumentalisation"

information fournie par Reuters •03/04/2024 à 23:44

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, préside une réunion à Moscou

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, s'est entretenu mercredi avec son homologue russe, Sergueï Choïgou, auprès duquel il a rappelé la "ferme condamnation" par la France de l'attaque survenue le mois dernier à Moscou mais aussi condamné "sans réserve" la guerre d'agression russe en Ukraine.

La Russie a déclaré pour sa part que cet entretien téléphonique montrait que Paris et Moscou étaient disposés à dialoguer à propos de l'Ukraine, ce qu'a démenti par la suite une source gouvernementale française.

Cet échange téléphonique est intervenu dans un contexte de relations tendues entre Paris et Moscou, alors que le président français Emmanuel Macron a dit en février ne pas exclure l'envoi de troupes au sol en Ukraine pour aider celle-ci face à l'invasion russe, provoquant des critiques de son homologue Vladimir Poutine, qui a été réélu sans surprise le mois dernier à la présidence russe.

Paris, qui a dit prendre acte de la réélection de Vladimir Poutine en dénonçant les conditions du scrutin, a accusé récemment Moscou de mener une campagne de désinformation et de cyberattaques contre la France.

Les échanges directs à haut niveau entre la France et la Russie sont rares depuis qu'Emmanuel Macron s'est déplacé à Moscou pour y rencontrer Vladimir Poutine dans l'espoir de calmer les tensions avec l'Ukraine, en février 2022, moins de trois semaines avant que le Kremlin lance ce qu'il a présenté comme une "opération militaire spéciale". Kyiv et ses alliés occidentaux dénoncent une invasion.

Sébastien Lecornu, qui s'était entretenu pour la dernière fois avec Sergueï Choïgou en octobre 2022, a souligné que la France "continuera de soutenir l'Ukraine aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire dans sa lutte pour la liberté et la souveraineté, afin de ramener la paix et la sécurité sur le continent européen", a rapporté le ministère des Armées.

Il a "condamné sans réserve" auprès de son homologue russe la "guerre d'agression" menée par Moscou, ont ajouté ses services dans un communiqué.

PARIS PROPOSE DES "ÉCHANGES ACCRUS" POUR LUTTER CONTRE LE TERRORISME

Le ministère russe de la Défense a déclaré pour sa part qu'il y avait une "volonté de dialogue" commune à propos de l'Ukraine, estimant aussi dans un communiqué qu'une conférence pour la paix devant être organisée en Suisse serait "inutile" sans la présence de la Russie.

"A aucun moment, nous n'avons dit qu'il y avait une volonté de reprendre le dialogue sur l'Ukraine", a réagi une source gouvernementale française.

Sergueï Choïgou a noté auprès de Sébastien Lecornu que toute "mise en oeuvre concrète" de la suggestion d'Emmanuel Macron d'envoyer des troupes en Ukraine "créerait des problèmes pour la France", a indiqué le ministère russe de la Défense.

Par ailleurs, au cours de l'entretien, a fait savoir le ministère français des Armées, Sébastien Lecornu a "rappelé notre ferme condamnation et la solidarité de la France avec les victimes" de l'attaque à Moscou le 22 mars.

Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l'attaque ayant fait plus de 140 morts dans une salle de concert en périphérie de Moscou.

Les autorités russes, qui ont arrêté 11 personnes dont les quatre assaillants présumés dans les vingt-quatre heures ayant suivi l'attaque, ont dit avoir la preuve d'un lien avec des "nationalistes ukrainiens".

Au cours de son entretien téléphonique avec Sergueï Choïgou, Sébastien Lecornu a "confirmé que la France ne disposait d'aucune information permettant d'établir un lien entre cet attentat et l'Ukraine", appelant la Russie à "cesser toute instrumentalisation", a déclaré le ministère des Armées.

Il a "rappelé la disponibilité de la France, comme nous l'avons toujours fait face au terrorisme, d'échanges accrus dans le but de lutter le plus efficacement possible contre cette menace".

(Rédigé par Jean Terzian, avec la contribution de John Irish et Ron Popeski)