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Au Royaume-Uni, le long déclin de la sidérurgie, et l'espoir d'un renouveau
information fournie par Boursorama avec AFP 28/02/2024 à 08:44

( AFP / OLI SCARFF )

( AFP / OLI SCARFF )

"Le moral est très bas", "les gens sont bouleversés", raconte d'un air sombre Jason Wyatt, ingénieur dans la fonderie de Tata Steel à Port Talbot, où la fermeture annoncée des deux derniers hauts fourneaux a créé choc et consternation.

Quelque 2.000 emplois doivent être supprimés sur les 4.000 que compte le gigantesque site au sud du Pays de Galles, créé il y a plus d'un siècle et qui employait quatre fois plus de monde pendant les années 1960.

"Je ne sais pas si j'ai encore mon travail. Et je ne suis qu'un parmi 4.000, ajoute Jason Wyatt, qui, accoudé au comptoir du pub Twelve Knights avec quelques collègues, n'arrive pas à imaginer une autre vie.

Tata Steel affirme perdre un million de livres par jour à Port Talbot et vouloir se conformer aux objectifs britanniques de neutralité carbone.

Comme d'autres sidérurgistes en Europe, le conglomérat indien prévoit de passer de hauts fourneaux gourmands en charbon à un four à arc électrique moins polluant car utilisant de la ferraille recyclée, et nécessitant moins de main d'oeuvre.

Si les syndicats, employés et élus locaux admettent devoir passer à une production plus verte - Port Talbot est l'une des villes les plus polluées du pays - ils s'opposent à la fermeture des infrastructures existantes d'ici 18 mois sans attendre que le fourneau électrique soit opérationnel.

Avec à la clé une interruption de production et des pertes d'emploi brutales.

"Il n'y a aucun travail similaire dans la région", souligne Jason Wyatt, qui arbore fièrement ses badges de syndicaliste sur sa parka, à côté du logo Tata Steel.

"J'ai la quarantaine, un emprunt immobilier, des enfants à nourrir", explique-t-il, déterminé, comme ses collègues, à "se battre".

- Les boutiques ferment -

Le temps des négociations réglementaires avec la direction de Tata, employés et syndicats battent le pavé pour rallier opinion et parlementaires à leur cause, en pleine année électorale.

Dans ce berceau de la Révolution industrielle, les Gallois n'ont pas oublié la fermeture il y a 20 ans de la fonderie voisine d'Ebbw Vale, ville jadis prospère et désormais rongée par la pauvreté.

Luke Davies, propriétaire du salon de coiffure HeadQuarters, a passé toute sa vie à Port Talbot, et où il n'y a pas si longtemps, "il y avait tout. Une belle plage, des montagnes, des magasins".

Il sent déjà l'effet de la fermeture attendue des hauts fourneaux: "les gens espacent les rendez-vous. Il y a des boutiques qui ferment", affirme-t-il, en appliquant un balayage sur les cheveux d'une cliente.

David Rees, élu travailliste au Parlement gallois, se désole que Downing Street n'ait pas lié les 500 millions de livres (585 millions d'euros) de financements apportés à Tata - qui revendique un investissement total de 1,25 milliard de livres - à la protection des emplois.

"D'autre pays font mieux. L'Allemagne, la France, les Etats-Unis, passent aux fours à arc électrique sans fermer leurs hauts fourneaux", souligne-t-il, devant l'entrée de la tentaculaire usine aux colonnes fumantes.

Aux Etats-Unis, la transition vers l'acier "vert" est largement effectuée, et l'emploi s'est stabilisé.

En France, les syndicats demandent des garanties pour l'emploi à ArcelorMittal contre les aides publiques pour décarboner ses sites.

- "Long déclin" -

Au nord-est de l'Angleterre, à Scunthorpe (nord-est), British Steel, filiale du chinois Jingye, a également prévu de fermer ses hauts fourneaux et de passer aux fours à arc électrique, avec un investissement de 1,25 milliard de livres. Londres doit injecter 300 millions.

Charlotte Brumpton-Childs, porte-parole du syndicat GMB, craint jusqu'à 2.000 suppressions d'emplois, la moitié de la main d'oeuvre de l'aciérie locale: "dévastateur" pour la communauté.

Elle fustige un "long déclin, entre dumping de l'acier chinois", dorénavant numéro un mondial avec l'Inde, "et des coûts d'énergie plus élevés que chez nos voisins européens".

Dans la grande rue de Scunthorpe, autre bastion sidérurgique, un poster enjoint dans la vitrine du magasin de bonbons Lucky Tuppence de "soutenir les travailleurs de l'acier".

Le copropriétaire Steve Davies se souvient d'une ville autrefois "bouillonnante". Dorénavant, les grandes enseignes ont déserté, et "les jeunes qui ont étudié à l'université ne reviennent jamais".

Gareth Davies, professeur à l'université de Swansea, estime que le Brexit a "clairement joué" dans les difficultés du secteur, en compliquant les exportations et contribuant à une inflation élevée. Port Talbot a voté pour sortir de l'Union européenne, tout comme la région de Scunthorpe.

Industriels comme syndicats veulent pourtant croire en un avenir pour l'acier britannique. Frank Arkov, de l'association UK Steel, salue le "plus gros investissement dans le secteur des 20 dernières années". Signe pour lui que l'acier est pour longtemps au Royaume-Uni".

1 commentaire

  • 28 février 08:59

    D’un côté la disparition de la sidérurgie, et de l’autre des bruits de bottes..


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