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Violences contre Michel Zecler: un procès ordonné pour quatre policiers, le caractère raciste écarté
information fournie par AFP 27/06/2025 à 15:49

Capture d'une vidéosurveillance partagée sur les réseaux sociaux montrant le producteur Michel Zecler violenté par des policiers à l'entrée d'un studio de musique à Paris le 21 novembre 2020 ( Michel Zecler / - )

Capture d'une vidéosurveillance partagée sur les réseaux sociaux montrant le producteur Michel Zecler violenté par des policiers à l'entrée d'un studio de musique à Paris le 21 novembre 2020 ( Michel Zecler / - )

Près de cinq ans après des violences qui avaient choqué jusqu'à l’Élysée, des juges d'instruction ont ordonné vendredi le procès de quatre policiers pour l'agression à Paris du producteur de musique noir Michel Zecler, mais écarté, faute de preuves, l'éventuel caractère raciste.

Trois des quatre policiers, Aurélien L., 28 ans, Philippe T., 48 ans, et Pierre P., 36 ans, seront jugés devant la cour criminelle départementale de Paris, car est retenu contre eux un faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP), a appris l'AFP de source proche du dossier vendredi.

Dans leur ordonnance dont l'AFP a eu connaissance, les magistrats instructeurs notent que "les violences commises par les policiers sont dans une très large mesure passées sous silence" dans leur procès-verbal d'interpellation dans "un souci de travestir la réalité".

Les policiers seront en outre jugés pour violences volontaires sur M. Zecler avec incapacité totale de travail supérieure de 45 jours, par PDAP, en réunion et avec arme. Le tendon du biceps gauche du producteur a été rompu.

Ces coups qui ont duré quatre minutes "n'étaient pas nécessaires et s'inscrivaient dans le cadre d'une action illégitime".

"Michel Zecler n'a fait preuve que de résistance passive, laquelle ne saurait justifier l'avalanche de coups qu'il a subie", tranchent-ils.

- "Standards" -

Un quatrième fonctionnaire, Hugues R., 40 ans, sera jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour des violences avec arme, une grenade lacrymogène lancée contre Michel Zecler et plusieurs jeunes hommes.

Les juges d'instruction ont en revanche écarté la dimension raciste des faits, alors que M. Zecler soutenait depuis le début de l'affaire qu'Aurélien L. lui avait lancé "sale nègre" et que Philippe T. avait tenu des propos racistes à son encontre.

"Cette décision ne postule ni n'affirme que les déclarations de M. Zecler sur ce point seraient insincères. Elle se borne à constater que les éléments de preuve en ce sens ne sont pas à la hauteur des standards applicables à la matière pénale", soutiennent les juges.

Le ministère public avait, lui, demandé que cette circonstance soit retenue.

Michel Zecler sur une capture vidéo à sa sortie de l'IGPN, à Paris le 26 novembre 2020 ( AFP / Aurore MESENGE )

Michel Zecler sur une capture vidéo à sa sortie de l'IGPN, à Paris le 26 novembre 2020 ( AFP / Aurore MESENGE )

L'enquête avait révélé l'existence de messages antérieurs au drame sur le téléphone d'Aurélien L., par exemple : "Les bâtards qui foutent la merde, ce sont tous les mêmes (...), je suis dégoûté qu'(ils) soient acceptés en France".

Pour les juges, ces "propos et plaisanteries d'un mauvais goût consommé témoignent d'un certain nombre de biais fondés sur l'origine ethnique", mais ne suffisent pas à qualifier de racistes les violences elles-mêmes.

- "Inacceptable" -

Le 21 novembre 2020, en début de soirée, Michel Zecler est passé à tabac dans son studio de musique parisien après un contrôle déclenché notamment à cause d'une supposée "forte odeur de cannabis" mais aussi d'une "absence du port du masque", au moment d'un regain d'épidémie de Covid.

L'enquête pour les "violences" et la "rébellion" dont les policiers l'accusent initialement est rapidement classée et le journaliste David Perrotin révèle cinq jours plus tard les images de vidéosurveillance contredisant la version policière initiale.

C'est une "agression inacceptable" et des "images qui nous font honte", commente alors Emmanuel Macron.

Placés en garde à vue, les policiers reconnaissent des coups injustifiés, et deux d'entre eux sont incarcérés pour un mois après leur mise en examen, une décision rarissime.

Dix jours après l'agression, le chef de l’État avait reconnu l'existence de contrôles au faciès et de violences de la part de policiers, provoquant leur ire.

Ni Michel Zecler, ni ses avocats n'ont commenté l'ordonnance dans l'immédiat.

Contactée, Me Anne-Laure Compoint, avocate des deux autres policiers, n'a pas souhaité commenter à ce stade.

Cette ordonnance "est conforme à la réalité de ce dossier, à savoir qu'à aucun moment, il n'a été établi que des propos racistes ont pu être tenus par les policiers", a indiqué à l'AFP Me Jean-Christophe Ramadier, avocat d'Aurélien L. "Pour le reste, il s'expliquera devant la juridiction".

Me Seydi Ba, avocat d'un jeune homme blessé dans le studio, s'est étonné de son côté "tant de la décision de disjoindre les procédures que de l'absence de certaines circonstances aggravantes : la réunion pour mon client, le racisme pour d'autres".

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