Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Attaque à la prison de Condé: Chiolo expulsé de la salle d'audience pour apologie du terrorisme
information fournie par AFP 27/06/2025 à 20:40

Ce croquis d'audience du 2 juin 2025 montre l'accusé Michael Chiolo lors de son procès et de celui de quatre autres accusés pour l'agression au couteau de deux gardiens de prison à la prison de Condé-sur-Sarthe en 2019, à la cour d'assises spéciale du Palais de Justice de Paris ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Ce croquis d'audience du 2 juin 2025 montre l'accusé Michael Chiolo lors de son procès et de celui de quatre autres accusés pour l'agression au couteau de deux gardiens de prison à la prison de Condé-sur-Sarthe en 2019, à la cour d'assises spéciale du Palais de Justice de Paris ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

"J'avais vraiment envie de combattre", a proclamé vendredi devant la cour d'assises spéciale de Paris, au cours d'une audience tendue, Michaël Chiolo, qui a fini expulsé de la salle d'audience pour "apologie du terrorisme" et "menaces" à l'encontre d'un avocat de parties civiles.

L'incident, rare, est intervenu vers 20H00 après deux heures d'interrogatoire de l'accusé, jugé pour tentative d'assassinats sur deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) le 5 mars 2019.

"Je voulais faire le maximum de victimes", a reconnu l'accusé, un ex-délinquant ultra-violent de droit commun, converti en prison à l'islam radical, qui n'a eu de cesse depuis l'ouverture de son procès d'insister sur son allégeance au groupe Etat islamique (EI).

Quand Me Laurent-Franck Lienard, avocat d'un des surveillants agressés et de sa famille lui reproche son "absence d'empathie pour la personne humaine", Michaël Chiolo, plus véhément que jamais, s'exclame: "si demain vous vous retrouviez en combinaison orange (la tenue des prisonniers de l'EI, ndlr) et que je tenais un couteau, vous ne me parleriez pas comme ça".

La présidente, indignée, ne le laisse pas aller plus loin et ordonne aux gendarmes d'expulser l'accusé du box.

Alors qu'on lui passe des menottes, Michaël Chiolo exulte, sourire collé au visage.

Avant ce coup d'éclat, appuyant ses déclarations de grands gestes des bras, Michaël Chiolo avait cherché à disculper les quatre co-accusés jugés à ses côtés pour complicité de tentative d'assassinats et/ou association de malfaiteurs terroriste.

- "Le seul responsable" -

"Aucun autre détenu" de Condé "n'a été impliqué dans le projet d'attentat", a-t-il dit en soutenant qu'il pensait "y aller seul" et répétant "je suis le seul responsable de cette attaque".

"Je n'ai reçu ni soutien, ni conseil, ni réconfort" des autres accusés, insiste-t-il.

En fait, Michaël Chiolo n'a pas agi seul. C'est sa compagne épousée religieusement, Hanane Aboulhana, de sept ans son aînée, qui a apporté en prison les couteaux en céramique et un flacon d'acide sulfurique. L'objectif était de prendre en otages des surveillants et le directeur du centre pénitentiaire. Le couple avait l'intention d'égorger le directeur de la prison, a rappelé l'accusé.

Mais le plan n'a pas fonctionné comme prévu. Les deux surveillants agressés au couteau, bien que gravement blessés, ont réussi à enfermer le couple dans l'unité de vie familiale (UVF) de l'établissement ultra-sécurisé.

Après plusieurs tentatives de négociations, les forces d'intervention de la police avaient lancé l'assaut, blessant Michaël Chiolo et tuant Hanane Aboulhana, 34 ans à l'époque.

"A partir de 2017, le projet (d'assassinat) était ancré en moi", a raconté l'accusé qui, à l'époque des faits, purgeait une peine, "injuste" selon lui, de 30 ans de réclusion pour des faits d'enlèvement et de séquestration suivis de mort contre un homme de 89 ans, ancien résistant.

- "Le fruit de votre mécréance" -

C'est l'attentat jihadiste sur le marché de Noël de Strasbourg, en décembre 2018, qui aurait, selon Michaël Chiolo, accéléré la mise en oeuvre de son "projet" meurtrier. Après son attaque, il a expliqué aux enquêteurs qu'il entendait "venger" Chérif Chekatt, l'auteur de l'attaque, abattu le 13 décembre 2018 par les forces de l'ordre après avoir tué cinq personnes.

"Vous les mécréants cette attaque n'est que le fruit de votre mécréance", avait-il écrit sur un "testament" justifiant son attaque. "Tant que vous combattrez l'EI, vous serez combattus", ajoutait-il.

L'administration pénitentiaire est "l'ennemie", a soutenu durant son interrogatoire l'accusé qui entend depuis le début de son procès dénoncer les conditions de détention "inhumaines" dans les prisons françaises.

"Je vous considère aussi comme des ennemis", dit-il à l'adresse des magistrats mais "ce n'était pas l'objectif".

Quand la présidente lui demande s'il serait toujours prêt "à passer à l'acte si l'occasion se présente", il refuse de répondre franchement.

"Ce sont des sujets qui touchent à l'intime", dit-il mystérieusement.

Son interrogatoire, brusquement interrompu, reprendra "à une date ultérieure", probablement lundi ou mardi, a

dit la présidente avant de suspendre l'audience.

La cour doit entendre samedi deux accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste.

Le verdict est prévu le 4 juillet. Tous les accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des Palestiniens marchent le long d'une route de retour d'un point de distribution d'aide de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF,) près du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 25 juin 2025 ( AFP / Eyad BABA )
    information fournie par AFP 28.06.2025 00:06 

    Donald Trump a assuré vendredi qu'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza était "proche" et pourrait intervenir dès "la semaine prochaine" pour mettre fin à la guerre dévastatrice qui fait rage depuis plus de vingt mois dans le territoire ... Lire la suite

  • Le président américain Donald Trump (c) lors d'une réunion avec la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner (d), le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Olivier Nduhungirehe (2eg), en présence du vice-président américain JD Vance (3e g) et du secrétaire d'État américain Marco Rubio (2e d)  dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le 27 juin 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
    information fournie par AFP 28.06.2025 00:03 

    La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé vendredi, sous les auspices des Etats-Unis, un accord de paix visant à mettre fin au conflit dans l'est de la RDC, qui a fait des milliers de morts, le président américain Donald Trump saluant "un nouveau ... Lire la suite

  • Sean Combs lors des MTV Video Music Awards au Prudential Center, à Newark, dans le New Jersey, le 12 septembre 2023 ( AFP / ANGELA WEISS )
    information fournie par AFP 27.06.2025 23:55 

    Les victimes présumées de P. Diddy sont des femmes motivées par "l'argent", ont soutenu vendredi les avocats du magnat du hip-hop lors de leur plaidoirie finale à son procès pour trafic sexuel marqué par des semaines de témoignages bouleversants. Marc Agnifilo ... Lire la suite

  • FILE PHOTO: U.S. President Donald Trump looks on as Jerome Powell, his nominee at the time to lead the Fed, moves to the podium at the White House
    information fournie par Reuters 27.06.2025 23:15 

    Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi qu'il adorerait que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, lui présente sa démission, tout en disant souhaiter que la Réserve fédérale abaisse ses taux d'intérêt à 1%. "J'adorerais qu'il démissionne, ... Lire la suite