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USA-Trump promet de "sauver l'Amérique", signe une série de décrets
information fournie par Reuters 21/01/2025 à 05:07

par David Morgan, Gabriella Borter, Bo Erickson et Joseph Ax

Donald Trump a prêté serment lundi pour un second mandat à la Maison blanche et signé dans la foulée une série de décrets, se présentant en sauveur de l'Amérique choisi par Dieu et érigeant en priorité la lutte contre l'immigration illégale.

Placée sous haute sécurité, organisée sous la rotonde du Capitole en raison du froid polaire à Washington, la cérémonie d'investiture a consacré le retour triomphal de l'ancien magnat de l'immobilier, qui a réchappé à deux procédures de destitution ("impeachment") lors de son premier mandat, à des poursuites en justice pour ses tentatives de faire annuler sa défaite électorale de 2020 et, l'an dernier durant la campagne, à deux tentatives d'assassinat.

"L'âge d'or de l'Amérique commence aujourd'hui", a clamé Donald Trump, 78 ans, à l'entame de son discours inaugural. "Pour les Américains, le 20 janvier 2025 est le Jour de la libération."

"Nous allons lancer la révolution du Sens commun", a-t-il poursuivi, empruntant une expression de Thomas Paine, considéré comme un des Pères fondateurs des Etats-Unis. "J'ai été sauvé par le Seigneur (lors des tentatives d'assassinat) pour rendre à nouveau sa grandeur à l'Amérique."

Égrenant ses priorités, le 47e président a décrété l'état d'urgence nationale à la frontière avec le Mexique, promettant d'arrêter sans délai l'"horrible invasion" de clandestins, qu'il a décrits comme des "criminels", et de renvoyer "des millions" d'entre eux dans leurs pays d'origine.

Donald Trump a promis de déployer l'armée à la frontière et ajouté que les cartels de la drogue mexicains seraient désormais considérés comme des organisations terroristes internationales, et traités comme tels.

Joignant l'acte à la parole, il a signé un peu plus tard ses premiers décrets en la matière devant ses partisans déchaînés réunis à la Capital One Arena, la grande salle omnisports de Washington.

"FAISEUR DE PAIX"

Décrétant également un état d'urgence énergétique, Donald Trump a promis pendant son discours de pomper sans limite les énormes réserves de pétrole et de gaz des Etats-Unis pour faire baisser les prix de l'énergie pour les Américains et leur permettre d'acheter "les voitures qu'ils veulent".

Il a par ailleurs confirmé qu'il sortait les Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le climat, comme il l'avait déjà fait lors de son premier mandat (janvier 2017-janvier 2021).

Donald Trump a réitéré son intention d'imposer des droits de douane supplémentaires aux importations, promettant "d'enrichir les Américains" en ciblant comme il l'avait fait lors de son premier mandat les pays qui "profitent" des Etats-Unis, sans toutefois entrer dans les détails. Aucun décret en ce sens n'a pour l'heure été signé.

Sur le plan sociétal, le président républicain a signé un décret disposant que le gouvernement américain ne reconnaîtra plus désormais que deux genres biologiques - homme et femme - qui ne pourront pas être modifiés. Un autre décret vise à mettre fin à toutes les initiatives du gouvernement fédéral en faveur de la diversité, de l'égalité et de l'inclusion, au profit, a-t-il dit, de la seule "méritocratie".

Se présentant en combattant de la liberté, il a par ailleurs promis de mettre fin à toute "censure" dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Donald Trump a évoqué plus rapidement à la fin d'un discours d'une trentaine de minutes sa politique internationale. Il a dit vouloir plus que tout laisser l'héritage d'un "faiseur de paix", tout en promettant dans le même temps de reprendre le contrôle du canal de Panama, creusé à l'initiative des Etats-Unis.

GRÂCES PRÉSIDENTIELLES

Pour la première fois en quatre décennies, la cérémonie s'est déroulée à l'intérieur du Capitole, le symbole de la démocratie américaine qu'une foule de partisans de Donald Trump avait envahi le 6 janvier 2021 pour tenter d'empêcher les élus du Congrès de certifier la victoire électorale du démocrate Joe Biden deux mois plus tôt.

Le président élu et la prochaine première dame, Melania Trump, ont entamé ce marathon à l'église épiscopale St. John's de Washington. Ils ont été rejoints par plusieurs patrons du secteur technologique - dont Elon Musk (Tesla et SpaceX), Jeff Bezos (Amazon) et Mark Zuckerberg (Meta). Tim Cook (Apple) et Sundar Pichai (Alphabet) ont aussi assisté à la cérémonie d'investiture, comme le Français Bernard Arnault (LVMH).

En clin d'oeil à Elon Musk, qui a dépensé plus de 250 millions de dollars pour sa campagne, Donald Trump a promis pendant son discours qu'il enverrait des astronautes planter le drapeau des Etats-Unis sur la planète Mars.

"Imaginez à quel point ce serait inspirant !", a lancé le patron de SpaceX, euphorique, aux quelque 20.000 partisans de Donald Trump rassemblés dans la Capital One Arena. "L'avenir de la civilisation est sauvé !"

Anticipant le retour d'un Donald Trump revanchard à la Maison blanche, le président sortant Joe Biden a accordé à quelques heures de la cérémonie d'investiture des grâces préventives à des membres de sa famille, à d'anciens membres de son administration et à des élus ayant siégé au sein de la commission d'enquête sur l'assaut du Capitole, ainsi qu'à des policiers qui ont témoigné devant cette instance.

Dans un second discours, beaucoup plus décousu, prononcé un peu plus tard devant ses partisans au Capitole après la cérémonie d'investiture, Donald Trump a démontré que Joe Biden avait des raisons d'être inquiet.

Il a présenté une nouvelle fois l'élection de 2020 comme "la plus truquée" de l'histoire des Etats-Unis, qualifié d'"otages" ses partisans arrêtés pour l'assaut contre le Capitole ou encore affirmé sans preuve que les démocrates avaient tenté de voler également celle de novembre dernier, avant de renoncer devant l'ampleur "sans précédent" de sa victoire.

"Je crois que ce discours était meilleur que celui que j'ai prononcé là-haut", a-t-il conclu.

"MOMENT EXISTENTIEL"

Premier président des Etats-Unis depuis le XIXe siècle à revenir à la Maison blanche après avoir perdu une campagne de réélection, Donald Trump a annoncé qu'il allait gracier la grande majorité des quelque 1.500 personnes inculpées pour leur participation à l'insurrection au Capitole.

Selon la chaîne ABC News, les émeutiers qui s'en sont pris physiquement à des policiers le 6 janvier 2021 verront leur peine commuée, ce qui devrait permettre à la plupart d'entre eux de sortir de prison.

Donald Trump est d'autant plus galvanisé qu'il a remporté le vote populaire lors du scrutin de novembre dernier, ayant devancé Kamala Harris de plus de 2 millions de voix en surfant sur le mécontentement des électeurs à propos de l'inflation.

L'époque actuelle est comparable à la fin du XIXe siècle, selon Jeremi Suri, historien à l'université du Texas à Austin, quand Grover Cleveland est devenu le seul autre président à remporter des mandats non-consécutifs à la Maison blanche.

A l'époque, comme maintenant, a-t-il déclaré, ce fut une ère de bouleversements, dans un contexte de progrès industriels, d'explosion des inégalités sociales et avec une proportion d'immigrés américains à un pic historique.

"Ce dont il s'agit, c'est d'une économie fondamentalement différente, d'un pays fondamentalement différent sur les questions raciales et de genre et de composition sociale", a-t-il poursuivi. "En tant que pays, nous peinons à comprendre ce que cela signifie. C'est un moment existentiel."

(Joseph Ax, avec la contribution de Steve Holland et Tim Reid; version française Jean Terzian et Tangi Salaün, édité Sophie Louet et Nicolas Delame)

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