Union: La France menace d'un blocage sur l'élargissement aux Balkans

information fournie par Reuters •15/10/2019 à 13:14

UNION: LA FRANCE MENACE D'UN BLOCAGE SUR L'ÉLARGISSEMENT AUX BALKANS

LUXEMBOURG (Reuters) - La France reste inflexible dans son refus d'ouvrir des négociations avec l'Albanie et la Macédoine du Nord en vue de leur adhésion à l'Union européenne, menaçant de faire usage de son veto dans ce "feuilleton sans fin" de l'élargissement.

Les ministres des Affaires européennes de l'UE sont réunis mardi à Luxembourg afin de tenter pour la troisième fois depuis juin 2018 d'ouvrir la voie à Skopje et Tirana, une perspective qu'approuvent les Vingt-Huit dans leur immense majorité avec l'appui des Etats-Unis.

La France, isolée, estime que ni l'UE ni les pays candidats ne sont prêts.

"Il nous semble qu’aujourd’hui (...) il est trop tôt pour se lancer juridiquement dans ce processus d’élargissement", souligne-t-on à la présidence française.

La France cherche l'"équilibre" afin d'envoyer "un signal favorable à ces pays" sur le fait qu'ils "feront partie de l’Union européenne un jour", ajoute-t-on.

Pour Emmanuel Macron, l'ancrage des Balkans occidentaux auprès de l'Union européenne "ne se peut se faire aux dépens de l'unité et de la cohérence". Il a estimé plusieurs fois par le passé qu'"ouvrir un nouveau processus d'élargissement sans condition aucune ne serait pas sérieux".

Présente à Luxembourg, la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes a réitéré la demande française d'une "réforme profonde" des procédures européennes d'élargissement alors que l'Albanie, la Bosnie, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie caressent l'espoir d'une intégration.

L'élargissement est "un feuilleton sans fin", a jugé Amélie de Montchalin. "Le processus est-il efficace? De notre point de vue, non."

L'Allemagne a proposé un compromis aux termes duquel l'Union européenne lancerait les discussions sur les 35 chapitres de négociation avec la Macédoine du Nord d'ici la fin de l'année et donnerait un accord de principe à l'Albanie pour ouvrir des négociations, sans fixer toutefois de date.

"Ça devient de plus en plus difficile de fournir une explication légitime" aux deux pays candidats, estime le commissaire européen à l'Elargissement, l'Autrichien Johannes Hahn.

"Nous nous sommes mis d'accord (avec ces pays) sur les mesures à prendre et ils ont agi en conséquence, c'est maintenant à nous d'agir en conséquence", a-t-il dit à Reuters.

Le commissaire faisait notamment référence aux réformes engagées par l'Albanie pour assainir son système judiciaire et à l'accord entre la Grèce et l'ancienne république yougoslave de Macédoine consacrant son nom officiel de République de Macédoine du Nord.

(Robin Emmott, Gabriela Baczynska à Luxembourg, Marine Pennetier et Michel Rose à Paris, Sophie Louet pour la version française)