
Le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, à Moscou, le 14 mai 2025 ( POOL / Alexander NEMENOV )
Le président américain Donald Trump a évoqué mercredi "la possibilité" d'aller en Turquie cette semaine si son homologue russe Vladimir Poutine en faisait de même pour discuter avec le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky, dont l'offre de pourparlers directs n'a jusque-là pas reçu de réponse du Kremlin.
Comme depuis trois jours, la présidence russe a à nouveau mercredi refusé de révéler la composition de la délégation russe qui se rendra en Turquie pour échanger directement jeudi avec des représentants ukrainiens sur l'issue du conflit, ce qui serait une première depuis le printemps 2022.
M. Zelensky a dans le même temps assuré que l'Ukraine était "prête à toutes les formes de négociations" en vue de mettre fin au conflit déclenché en 2022 par la Russie et qu'il déciderait des "mesures à prendre" dès qu'il saurait qui représentera Moscou aux pourparlers prévus pour jeudi à Istanbul.
Une source au sein de la diplomatie ukrainienne a affirmé dans l'après-midi à l'AFP que Kiev n'avait "toujours pas reçu de réponse" quant à une présence de Vladimir Poutine en Turquie.
Ces derniers jours, Volodymyr Zelensky a appelé Vladimir Poutine à se rendre "en personne" à ces discussions, annoncées initialement par le maître du Kremlin et censées ouvrir un processus diplomatique pour trouver une issue à plus de trois ans d'offensive russe meurtrière en Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky tient une conférence de presse à Kiev, le 13 mai 2025 ( AFP / Genya SAVILOV )
Le président russe, apparu publiquement à plusieurs reprises depuis l'offre de M. Zelensky, a gardé le silence sur le sujet mais Donald Trump, qui pousse pour une fin rapide des combats entre la Russie et l'Ukraine, a dit mercredi qu'il y avait "une possibilité" qu'il aille en Turquie si son homologue russe y était aussi.
"Je ne sais pas s'il y va. Je sais qu'il voudrait que j'y sois. C'est une possibilité", a déclaré M. Trump, tout en précisant plus tard que son "programme demain (jeudi) est complet".
- Questions "politiques" et "techniques" -
Au cours de son briefing quotidien, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n'a pas souhaité révéler l'identité des représentants russes envoyés pour s'entretenir avec les Ukrainiens : "Rien n'a changé à ce sujet", a-t-il martelé, répondant à une question de l'AFP.
"La délégation russe attendra la délégation ukrainienne à Istanbul (Turquie) le jeudi 15 mai, c'est-à-dire demain", a-t-il toutefois répété, comme la veille.
Le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, a précisé à la télévision russe s'attendre à ce que la réunion ait lieu "dans la matinée" et que des questions "politiques" et "techniques" seraient au menu.

Combinaison de photos faite le 12 mai 2025 du président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche, le 11 juin 2024 à Berlin) et de son homlogue russe Vladimir Poutine (le 18 mars 2025 à Moscou) ( AFP / Odd ANDERSEN )
Côté ukrainien, Volodymyr Zelensky doit, quelle que soit la réponse de Vladimir Poutine à sa proposition, rencontrer à Ankara mercredi ou jeudi le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan.
Autre chose sûre pour le moment, le secrétaire d'État américain Marco Rubio sera en Turquie pour ces discussions russo-ukrainiennes, comme l'avait annoncé mardi Donald Trump.
Mais M. Rubio est attendu vendredi à Istanbul, d'après un haut responsable américain, ajoutant à l'incertitude quant à la date même à laquelle les négociations russo-ukrainiennes se dérouleront.
Il s'agirait des premiers pourparlers de paix directs entre Ukrainiens et Russes sur l'issue du conflit depuis l'échec des discussions initiales qui s'étaient tenues dans la foulée du déclenchement de l'offensive russe à grande échelle en février 2022.
- Pas de "paix dictée" par Moscou -
Depuis, la Russie et l'Ukraine campent sur des positions opposées.
Vladimir Poutine réclame toujours que l'Ukraine renonce à rejoindre l'Otan et l'assurance de garder les régions ukrainiennes annexées par Moscou. Des conditions inacceptables pour Kiev et ses alliés.
L'Ukraine veut, de son côté, des "garanties de sécurité" solides pour éviter toute nouvelle attaque de la Russie et que l'armée russe, qui contrôle environ 20% de son territoire, s'en retire, malgré les appels de Moscou à accepter "les nouvelles réalités" du terrain.
Les Européens, alliés de l'Ukraine mais qui peinent à se faire entendre, ont menacé la Russie de sanctions "massives" si celle-ci n'acceptait pas un cessez-le-feu dans les prochains jours. En attendant, l'UE a approuvé mercredi un 17e paquet de mesures à son encontre.
Dans ce contexte mouvant, le chancelier allemand Friedrich Merz a exhorté les autres Etats européens et les Américains à maintenir "la plus grande unité possible" et refuser une "paix dictée" par Moscou.
Parmi les pays proches de la Russie, la Turquie, qui avait accueilli une partie des premiers pourparlers en 2022, a salué ces derniers jours un "tournant historique" après l'annonce de la reprise des discussions directes, tandis que la Chine, partenaire fidèle de Moscou, a dit espérer un accord de paix "durable et contraignant".
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a assuré mercredi qu'il allait "essayer de parler à Poutine" pour le convaincre d'aller négocier à Istanbul avec M. Zelensky.
Dans cette effervescence diplomatique, une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'Otan, prévue de longue date, a lieu mercredi et jeudi à Antalya, en Turquie, pour évoquer la hausse des dépenses militaires des pays de l'Alliance atlantique.
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