
Photo du ministère turc des affaires étrangères, lors des pourparlers de paix Ukraine/Russie, à Istanbul le 16 mai ( TURKISH FOREIGN MINISTRY / Handout )
Réunis vendredi à Istanbul pour leurs premiers pourparlers de paix depuis le printemps 2022, Russes et Ukrainiens ont discuté d'une rencontre Zelensky-Poutine et se sont mis d'accord sur un échange important de prisonniers mais pas sur un cessez-le-feu, pourtant "priorité" de Kiev, ne faisant ainsi que peu de progrès vers une résolution du conflit.
Si le négociateur en chef russe Vladimir Medinski s'est dit "satisfait" et prêt "à poursuivre les contacts" avec l'Ukraine après ces discussions très attendues, la partie ukrainienne a, elle, accusé Moscou d'avoir formulé des demandes territoriales "inacceptables".
En l'absence du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de son homologue russe Vladimir Poutine, qui a ordonné à son armée d'envahir l'Ukraine le 24 février 2022 et qui n'a pas fait le déplacement en Turquie, les espoirs de progrès substantiels étaient minces.
Les deux délégations, menées par le ministre de la Défense côté ukrainien et par un conseiller présidentiel de second plan côté russe, ont échangé pendant environ 1H40, entourées des médiateurs turcs, au palais de Dolmabahçe.
La rencontre s'est soldée sans annonce de cessez-le-feu, pourtant "la priorité" affichée par Kiev et ses alliés.
Les deux camps doivent désormais "détailler" leur vision d'une telle trêve, a affirmé le négociateur russe Vladimir Medinski lors d'une brève allocution à la presse.
- Échange "massif" de prisonniers -
Ukrainiens et Russes ont toutefois annoncé s'être mis d'accord pour un échange "massif" de prisonniers, comme l'a expliqué M. Medinski, "à raison de 1.000 contre 1.000", et ce "dans les prochains jours". "Un grand résultat", s'est félicité Gueorgiï Tykhy, le porte-parole de la diplomatie ukrainienne.
Le chef de la délégation ukrainienne, Roustem Oumerov, et M. Medinski ont précisé que la partie ukrainienne avait également évoqué une éventuelle rencontre entre les présidents Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine - ce qui serait une première depuis le début de l'invasion russe -, le négociateur russe indiquant simplement que Moscou avait "pris note de cette demande".
Cela doit être "la prochaine étape", a martelé de son côté le négociateur ukrainien face aux journalistes.
Vladimir Poutine a pourtant de facto refusé cette semaine de rencontrer en Turquie son homologue ukrainien, qui le lui avait proposé.
Une source diplomatique ukrainienne interrogée par l'AFP a affirmé que les négociateurs russes avaient "présenté des demandes inacceptables qui vont au-delà de ce qui a été discuté avant la réunion", dont le retrait des forces de Kiev de "vastes parties du territoire" ukrainien, avant toute instauration d'un cessez-le-feu.
Avant la réunion, le négociateur russe Vladimir Medinski, un historien nationaliste et conseiller du Kremlin, avait répété que Moscou voulait discuter des "causes profondes" du conflit et considérait ces pourparlers comme "la suite" de ceux de 2022 aux cours desquels Moscou avait campé sur des positions maximalistes.
- Sommet Trump-Poutine "nécessaire" -
En déplacement en Albanie pour un sommet européen, Volodymyr Zelensky a appelé ses alliés à "une réaction forte" et des "sanctions" contre Moscou en cas d'échec des discussions.
Le chef de l'État français Emmanuel Macron a jugé "inacceptable" que la Russie n'ait pas répondu favorablement à l'appel de trêve.
"Ce qui reste d'actualité, c'est (...) la seule proposition concrète qui a été faite, c'est celle d'un cessez-le-feu inconditionnel", a par la suite expliqué M. Macron.
"Nous continuons (...) de préparer des nouvelles sanctions en coordination avec les Etats-Unis d'Amérique", au cas ou les pourparlers ne déboucheraient sur rien, a-t-il ajouté.
Les dirigeants ukrainien, allemand, français, britannique et polonais ont échangé au téléphone avec le président américain Donald Trump, qui avait assuré la veille être prêt à rencontrer M. Poutine "dès qu'il sera possible", sans quoi "rien ne se produira" concernant le règlement du conflit.
Un tel sommet est "certainement nécessaire", a acquiescé vendredi le Kremlin.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio arrive à Istanbul, le 16 mai 2025 ( POOL / Francisco Seco )
Le week-end dernier, Vladimir Poutine avait surpris en proposant des négociations "directes" avec Kiev. Mais, mis au défi par Volodymyr Zelensky de se rendre à Istanbul pour négocier avec lui, le président russe n'a pas fait le déplacement.
Kiev, ses partenaires européens, et Washington, avaient posé le weekend dernier un ultimatum à Vladimir Poutine : accepter un cessez-le-feu préalable à des discussions, ou bien subir des sanctions "massives".
Une demande rejetée par M. Poutine, au motif qu'une trêve prolongée permettrait à l'armée ukrainienne de se renforcer en recevant des armes occidentales, alors que les soldats russes ont l'avantage sur le front et occupent près de 20% du territoire ukrainien.
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