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Thames Water en crise: comment la compagnie des eaux de Londres en est arrivée là
information fournie par Boursorama avec AFP 23/04/2024 à 13:20

( AFP / BEN STANSALL )

( AFP / BEN STANSALL )

Entre les dettes accumulées depuis sa privatisation et des décennies de sous-investissement, Thames Water, plus grande compagnie des eaux du Royaume-Uni, connaît une crise de financement qui inquiète depuis des mois le gouvernement britannique.

Pour tenter de débloquer la situation, la société a proposé d'augmenter fortement les factures, une option difficilement acceptable pour Downing Street. Comment en est-on arrivé là?

Privatisation sous Thatcher

La privatisation de Thames Water, comme l'ensemble des compagnies des eaux du Royaume-Uni, date de 1989, quand Margaret Thatcher était Première ministre.

En 2006, Kemble Water, une holding menée par le fonds d'investissement australien Macquarie, a racheté l'entreprise. "C'est à ce moment-là que les niveaux d'endettement ont augmenté", pointe auprès de l'AFP Katie Meehan co-directrice du centre de recherche sur l'eau du King's College de Londres.

Depuis "Thames Water, comme de nombreux services d'eau (privés et publics), fonctionne selon un modèle de financement des infrastructures +axé sur l'endettement+" sous forme de titres financiers, éclipsant "la production et la vente d’eau potable" des préoccupations premières, selon la chercheuse.

Aujourd'hui, Thames Water est géré à travers un empilement complexe de holdings et le distributeur d'eau accuse une dette de près de 15 milliards de livres (environ 17,5 milliards d'euros).

Généreux dividendes

Les critiques accusent les actionnaires successifs d'avoir utilisé l'endettement pour se verser de généreux dividendes.

Macquarie s'est désengagé de Thames Water en 2017. Aujourd'hui, les actionnaires les plus importants sont les fonds de pension canadien Ontario Municipal Employees Retirement System et britannique Universities Superannuation Scheme.

Si la responsabilité de Macquarie est souvent pointée du doigt, ces transformations et ce modèle de financement "ont été approuvés et réglementés" par les autorités britanniques, rappelle Mme Meehan.

Sous-investissement

Macquarie a assuré, en août, avoir "aidé l'entreprise à investir plus de 11 milliards de livres dans son réseau". Le fonds d'investissement fait aussi valoir que le gonflement de la dette a été compensé par une hausse des actifs.

Mais tout le secteur est sous le feu des critiques depuis plusieurs années pour le déversement de quantités importantes d'eaux usées dans les cours d'eau et en mer, en raison notamment d'un manque d'investissements dans le réseau d'égouts qui date de la fin XIXe siècle.

"Des recherches ont montré que les égouts (construits à l'époque) de Victoria ne sont pas responsables" des problèmes du secteur qui sont plutôt "dus à un manque d'investissement", insiste toutefois Katie Meehan du King's College.

Spirale

Les déboires de Thames Water se sont accélérés, alors que Kemble Water Finance Limited, l'une des entreprises chapeautant le groupe, a fait défaut début avril sur un paiement d'intérêts.

Thames Water, dont les besoins de financement se chiffrent en milliards de livres, avait annoncé quelques jours plus tôt ne pas avoir reçu un investissement de 500 millions de livres de ses actionnaires sur lequel il comptait.

Ewan McGaughey, professeur de droit au King's College de Londres, parle auprès de l'AFP "d'échec total de l’expérience de (Mme) Thatcher en matière de privatisation de l’eau".

Selon lui, "Thames Water est sur le point de s'effondrer, et (l'entreprise) se serait effondrée depuis longtemps si les régulateurs avaient correctement appliqué les normes environnementales".

Le gouvernement britannique a assuré fin mars que dans tous les cas les 15 millions de clients à Londres et dans la vallée de la Tamise "ne connaîtraient aucun changement ou interruption de leur approvisionnement en eau", tout en assurant que Thames Water dispose de "2,4 milliards de livres de liquidités". De quoi tenir a priori jusqu'à l'an prochain.

Augmentation des factures

Lundi, Thames Water a proposé d'investir jusqu'à 3 milliards de livres de plus que prévu jusqu'alors, soit jusqu'à 21,7 milliards, dans l'amélioration de son réseau et des pratiques environnementales. A condition de pouvoir faire grimper les factures à 627 livres par an d'ici 2030 soit une augmentation de 44% comparé à leur niveau actuel.

"Il serait totalement immoral que ce soit les clients de Thames Water qui payent la note", avait affirmé jeudi le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt, dans des propos rapportés par le Guardian.

Mais en cas de faillite, le gouvernement pourrait décider de placer Thames Water dans un régime d'"administration spéciale" ce qui pourrait coûter cher aux contribuables comme aux actionnaires.

Le régulateur sectoriel Ofwat doit donner son verdict sur le plan proposé par Thames Water le 12 juin.

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